Le venin distillé par les six compositions de l’album tourne en boucle sur la platine et dans la tête : Tomas Liljedahl se fait le crooner de sa psyché tourmentée lors d’une catharsis musicale, tentative d’introspection de son auteur rappellant le Venom de Breach dans ses structures musicales et lignes de chant intenses et écorchées.
La première salve accueille l’auditeur par un sample de voix enfantine, ouvrant la séance et le début du voyage dans l’esprit de Liljedahl, supplice envoûtant et terrifiant. Dès les premières notes, on reconnait la rythmique plombée couplée à une deuxième guitare plaçant son riff mélodique supportant le chant en appellant à nos souvenirs. Toute la cérémonie emprunte le même parcours rampant avec des guitares aux riffs massifs renvoyant à Neurosis, laissant de côté le Post-Hardcore aérien pour lui préférer la forge scandinave et le feu autour duquel les angoisses dansent, infusées de sueur et sang. Vocalement notre homme se met à nu et son timbre si particulier égrenne son chapelet, harangue ses démons lors d’un exorcisme désespéré.
The Old Wind est la pièce maîtresse de l’album : Chuchotements funèbres suivi d’un riff renvoyant directement à Clot de qui vous savez sur It’s Me God. La mélodie s’accouple avec le monstre rongé par la dépression cherchant à perçer la couche de permafrost : Ici tout est glacial, lourd, et la neige se fait goudron. Les instruments, lancinant de lourdeur épurée, grondent en restant à même le sol gelé pour aboutir à un album finalement libérateur et lumineux.
Que tous les amateurs/fans/nostalgiques de l’esprit et de la musique de Breach se jettent sur ce LP pour y retrouver la magie noire et tribale des instrumentaux Diablo et Black Sabbath sur lesquels Tomas Liljedahl serait venu poser sa voix la plus sombre, sans aucune pudeur mais avec une classe folle. Moins Schizophrène que Terra Tenebrosa, The Old Wind reprend (presque) les choses là où Breach les avaient laissées avant Kollapse.
A écouter : au casque, à fond !