Explorer des contrées vierges, n'était-ce pas là l'objectif que se fixait tout artiste en considérant sa musique comme une catharsis. ATDI avait livré son avant gardiste condensé émo/hardcore déjanté puis s'en va... Pourtant à sa sortie, le concept de Tremulant avait séduit en tant que suite bien qu'assez fidéle au volume 1 qu'était ATDI. A l'arrivée de Deloused In The Comatorium, les attentes sont celles d'un bon album mais somme toute assez classique et fidéle aux habitudes des deux lurons: Bixler (chant) et Lopez (guitare).
Le commencement de l'album va dans ce sens: "Son et Lumière" suivie de "Inertiatic" présentent un ATDI édulcoré un peu plus poussé dans le chant et dans les ambiances à l'aide d'effets mais toujours péchu et agréable. Mais dès "Roulettes Dares", l'album prend une toute autre ampleur, qui était tout sauf attendue.
La rapidité péchue d'ATDI n'est pas laissée de côté, loin de là: la batterie se charge d'imposer un rythme effréné, parfois déroutant de par la diversité des sons joués si rapidement, comme sur "Drunkship Of Lanterns". L'album se révèle être un festival d'effets géniaux, de sons hallucinants et de breaks monstrueux, le tout avec un art de l'orchestration hors du commun.
Tout d'abord, le chant. Exit les dérapages incontrolés type ATDI, bienvenue à une maitrise de voix insoupçonnée, mélodique, triste et rageuse. La guitare d'Omar est au coeur de cette pièce de maitre. Elle donne un aspect psyché à l'album. Le goût pour les expérimentations se révèle enfin visible (De Facto laissait sur notre faim) avec des passages complètement hypnotiques rappellant des trips sous acides floydiens. Ainsi, la clé de voûte se situe a la septiéme plage, "Cicatriz Esp", condensé et synthèse magistrale de l'album: un rythme effréné punkisant, une ligne de basse délirante et itérative, et un long moment de laisser aller artistique, magistralement interprété: sons distordus,propres et lointains, variations d'effets entrainant une perte de repères et reprise du théme principal pour ne pas se laisser distancer dans une soupe sans balises. De surcroît, l'album explore une contrée popisante, mélodique voire émo digne d'un Texas Is The Reason pour l'aspect dépouillé sur "Televators", avec des guitares sèches et un son étouffé. Pourtant, des fois, l'album semble exploiter un filon devenant agaçant et assez répétitif : le besoin de changements de rythme rapide/lent qui se calque à l'intonation de Bixler et au rythme du clavier. On ressent une sorte d'uniformisation de la vitesse des instruments. Mais celle ci n'est que le fruit d'une homogénéité du groupe, d'un réel "feeling" commun parfois déroutant de par la sensibilité qu'il dégage.
Cet album révèle des artistes refusant l'enlisement et capables de marquer tout une époque musicale en nous pondant un cd universel et intemporel et ce grâce a leur imagination et leur art de la mise en scène filmique dans ce concept album. Qui a parlé des Pink Floyd ? Un album ne se compare pas à une discographie richissime. Et pourtant, le nom mouille nos lévres. Osons.
vu les commentaires fais je ne vais pas en rajouter, une double baffe stéréo, merci jean!