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Biographie

The Lumberjack Feedback

Lille, 2008, Sébastien Tarridec (Basse), Nicolas Tarridec (Batterie), Olivier T'Servrancx (Batterie), Boumt Hersina (Guitare) Arnaud Silvert (Guitare), fondent le groupe de Doom Metal instrumental The Lumberjack Feedback. Une première démo est lancée rapidement en 2009. Les inspirations vont chercher du côté de la scène américaine avec entre autres Pelican, Sunn O))) ou Neurosis, puis Christophe Poirier remplace, Olivier t'Servrancx et il faut attendre 2013 pour la sortie d'un ep, Hand Of Glory, via Kaotoxin Records. Les premières parties défilent : Crowbar, Gojira, Kylesa, Oxbow, Acid King, Hangman's Chair, Comity..., puis en 2014 le groupe change de line-up avec le retour d'Olivier à la batterie et Simon Herbaut qui remplace Boumt à la guitare. The Lumberjack Feedback enregistre un EP live dans une église en 2014, intitulé Noise In The Church. En janvier 2016 sort Blackened Visons, le premier album des Lumberjack. Après avoir usé les sous-sols comme il se doit le quintet se met à composer son deuxième long format, Mere Mortals, qui débarque en 2019 et toujours abrité par Deadlight Entertainment.

16.5 / 20
5 commentaires (15.5/20).
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Mere Mortals ( 2019 )

Rappel des faits : les barbus Lillois cassent nos bouches, écrasent nos certitudes depuis au moins 2013 et un EP posant les fondations d’un bulldozer sludge/metal qui s’émancipera avec le premier album, Blackened Visions, vigoureusement plombé, entraîné par deux batteries symbiotiques. Cette déferlante instrumentale couchée sur disque fut également une révélation scénique, pour le charisme irrésistible des protagonistes, mais surtout pour la puissance dégagée, souffle intense et continu qui en défrisera plus d’un.e.

L’expérience approfondie des planches a sans doute permis aux bûcherons de soigner leurs desseins, d’aiguiser leurs haches, puisque le quintet revient avec un Mere Mortals tiré au cordeau, fin et prodigieusement massif à la fois. Et ce qui saute à la gueule en premier lieu est cette production aérée, qui donne une clarté renouvelée aux guitares faisant étalage d’une richesse mélodique et profondément harmonieuse, sans pour autant négliger les grasses intentions. Tout est audible, tout est équilibre. Le bienveillant et chaloupé Kill! Kill! Kill! Die! Die! Die! illustre en beauté cet adage à travers deux frappeurs qui ne font qu’un et un riffing aussi efficace qu’inventif, tandis que le diptyque New Order (Of the Ages) prend le temps d’installer ses paysages infaillibles, immortels, d’abord éthérés, volatiles, puis monolithiques et crépusculaires. 

Alors le ciel devient rouge sang, les plaques tectoniques se mettent en mouvement, réactives au fracas rythmique environnant. Les éléments s’emballent sur Wind’s Last Blow, le magma des volcans est soulevé par le vent et les guitares sinueuses esquivent les gouttes obèses avec assurance. A White Horse (Called Death) fait ensuite naturellement planer la menace définitive sur nos inconsciences, flirtant pour l’occasion avec l’industriel, et TLF bascule aux frontières de l’au-delà, nous guide à travers les méandres de l'esprit, nous invite à sauter dans le précipice pour une chute longue et vertigineuse. L’issue n’en est que plus désespérée, les saturations s’épaississent, les frappes s’accordent pour étouffer nos restes d’humanité. Au-dessus de nos têtes la lune vénérée observe notre inexorable déchéance et se gausse de nos actes manqués.

Armé de compositions globalement moins portées sur le gras, The Lumberjack Feedback explore des horizons plus colorés (notamment Therapy? aux accents dub) mais s’échine néanmoins à nous maintenir sous la pression atmosphérique. Les Lillois ne perdent pas le ch’nord avec Mere Mortals et s’appliquent à consolider un propos aussi bien densifié que clarifié, tels des funambules sur le fil entre post-metal et sludge. Un modèle d’écriture et d’équilibre qui prend une folle dimension cathartique en direct dans ta face.

A écouter : tout entier.
16 / 20
10 commentaires (16.55/20).
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Blackened Visions ( 2016 )

Après deux EPs prometteurs en 2013 et 2014, The Lumberjack Feedback franchit le pas du premier album. Son nom ? Blackened Visions. Intéressant de voir comment le quintet instrumental lillois passe cette épreuve, entre stagnation et évolution la marge est parfois infime. 

Hand of Glory et Noise in The Church avaient conquis bon nombre d’amateurs de Doom / Sludge orienté Post-Rock avec leurs rythmes lourds et des riffs très enlevés. Blackened Visions lui, sonne résolument plus Metal, c’est le constat qui se fait très vite après une écoute complète. Les guitares sont abrasives, métalliques, les riffs ultras tranchants. Les batteries ont également pris ce virage, désormais les frappes claquent bien plus, la lourdeur est teintée d’agressivité. Tout cela se matérialise sur le titre éponyme, qui est l’une des grandes réussites de cet album. Après un début très éthéré fait de leads guitares dans l’esprit Gothique, une montée en puissance se fait crescendo, un solo sort de nul part (signé Alex Colin-Toquaine d’Agressor) puis soudain une déferlante s’abat sans crier gare. Salvation apporte également son lot de surprises tout comme Dra Till Helvete avec des changements de rythmes fréquents, ces titres ont des allures d’improvisations tant ils n’obéissent à aucun code précis. On sent une véritable liberté dans le processus de création, rien n’est interdit, tout est possible. Autre belle surprise qui prouve l’orientation Metal de The Lumberjack Feedback est Mah Song (Horses of God). Un morceau épique très influencé par le Black Metal scandinave, le tempo est très soutenu et se fond très bien dans l’album, le solo de guitare au milieu du titre renforce et confirme l’orientation stylistique des Lillois, il enfonce le clou définitivement. Musicalement c’est réussi, pas de doute. Côté ambiances et atmosphères Blackened Visions l’est tout autant. Le milieu dans lequel est plongé l’auditeur est très immersif. The Lumberjack Feedback parvient à captiver uniquement avec sa musique, l’absence de chant n’est pas préjudiciable, au contraire, il nous est donné l’occasion de laisser cours à notre esprit. 

Les 45 minutes de cette galette surprendront certainement, mais de la bonne manière, sans renier totalement leurs racines Les Lumberjack explorent de nouveaux horizons et se démarquent clairement du reste d’une scène qui parfois tourne un peu en rond.
  
The Lumberjack Feedback a clairement joué la carte de la surprise en proposant un opus qu’on n’attendait pas forcément en délaissant le côté Post-Rock au profit d’une musique plus franche et consistante. Blackened Visions est assurément l’une des claques de ce début d’année et prouve que les bûcherons lillois sont à prendre au sérieux, mais également qu’ils sont créatifs et n’ont pas peur de prendre des risques.

A écouter : Tout et très fort
4 / 5
2 commentaires (15/20).
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Noise In The Church ( 2014 )

A l’occasion du succès d’une campagne de crowdfunding leur permettant d’éditer le split Ausstellung avec We All Die (laughing), le quintet lillois aux deux batteurs met les petits plats dans les grands en proposant un EP 3 titres en téléchargement gratuit via leur label Kaotoxin Records. Et ils ont bien fait.

Histoire de planter de décor, le disque débute avec "Salvation" et "The Dreamcatcher", deux titres enregistrés live dans l’église de Sainte-Marguerite de Sains-en-Gohelle, mixés par R3myboy (Gojira, EZ3kiel) et captés en vidéo ( et ). Le premier est issu de leur futur album Blackened Vision, tandis que le second provient de leur dernier méfait Hand Of Glory datant de 2013. Au programme, un son solidement sludge aux accents doomesques, mais sans l’excès de gras zélé qui devient la norme actuelle du milieu. Et l’on y décèle déjà quelques aventures mélodiques vers un postcore rappelant parfois PelicanCult Of Luna… Car c’est surtout le monstrueux troisième titre "Mein Gebusch hat Hûnger" (ne cherchez pas de sens dans la traduction, il n’y en a pas) qui marque les esprits, avec 16 minutes au compteur, et une approche progressive superbement menée. Les 5 instruments (ai-je besoin de rappeler la présence dans le groupe de deux batteurs ?) s’enchevêtrent dans une incroyable messe noire à la fois lourde et planante, sur un thème épique, le genre de titre qui se (re)découvre et se réinvente écoute après écoute.

The Lumberjack Feedback signe donc ici une belle prestation, un très joli coup avant la sortie de leur premier LP Blackened Vision, qui sortira à la rentrée 2015, et qu’on a donc très hâte d’écouter. EP à télécharger (gratuitement je répète) chez Kaotoxin Records !

A écouter : Mein Gebusch hat Hûnger