L’époque n’est pas si lointaine où Fat Wreck rayonnait de son répertoire ultra talentueux devenu aujourd’hui classique : NOFX, Lagwagon, Mad Caddies, No Use For a Name, Snuff… Ces piliers tout en demeurant incontournables, connurent après cette fin de siècle dorée des fortunes diverses, et l’engouement s’essoufflant, le label de Fat Mike ressentit le besoin de lancer une nouvelle vague : The Loved Ones fut de cet arrivage, avec à ses côtés Love Equals Death, The Saintes Catherines, Dead to Me ou encore None More Black…
The Loved Ones signe ainsi son entrée dans la cour des grands par ce Keep Your Heart bien senti, à l’accroche rapide et à la maturité indéniable. Empruntant des chemins assez proche de The Lawrence Arms, TLO déploie un punk rock rapide et dynamique, délaissant tout aspect effets/surproduction au bénéfice d’une approche généreuse et bourrée d’envie. « Suture Self », « Over 50 club » illustrent ce son respirant l’appel de la scène surchauffée (TLO aime « tester » ses nouveaux morceaux en live pour connaître la réaction du public, avant de se décider ou non à les enregistrer). Si la variété n’est pas le mot d’ordre au cœur de cet enchaînement mené tambour battant, des bonnes modulations de rythmes sont à signalés (contre temps, arrêt/reprise successifs des instruments) et des titres comme « Please Be Here » ou « Sickening » arborent des colorations plus nuancées.
Formant ainsi un ensemble homogène sans fautes de casting grossières, Keep Your Heart touche en grande partie par sa musicalité catchy. Du tube « Jane » à la quasi power pop « Living Will », TLO fait danser singulièrement ses partitions, emmenés par des mélodies entraînantes (« Arsenic ») et un Hause convaincant dans un registre vocal qui lorgne parfois vers Hot Water Music. Introduisant son état d’esprit par une écriture soignée, le song writter évoque une forme d’étouffement où le mot « désespoir » revient souvent, dans un style littéraire qui n’est pas sans rappeler Joey Cape (« I’m tired of feeling tired » écho de « I’m sick of being sick » ?). Des paroles dont la noirceur, il faut le noter, contraste assez avec la tonalité de l’opus.
Premier album complet pour ce jeune groupe, et déjà une première réussite. L’expérience acquise dans ou aux contacts de grands groupes s’est révélée précieuse pour ce trio qui sans apporter une totale innovation, prend d’emblée une place de choix dans ce courant musical.
A suivre… de près…
A écouter : "Suture Self", "Jane", "Please Be Here", "Living Will", "Arsenic".