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Chronique

Forest Nocturne ( 2022 )

Il est intéressant de suivre Greg Anderson et de le voir développer un projet en solo échappé de son groupe de toujours Sunn O))) ainsi que du beaucoup plus riffé Goatsnake, tout comme on est curieux de voir ce que le bonhomme peut faire séparé de son ombre (parfois imposante) du nom de Stephen O’ Malley. Le musicien a choisi le patronyme de The Lord pour se lancer (somme toute assez logique vu le nom de son label - Southern Lord Recordings) et témoigne d’un premier effort du nom de Forest Nocturne.

Autant le dire d’emblée, l’album a du mal à convaincre réellement. Pourtant Forest Nocturne donnait envie sur le papier, notamment grâce à son artwork signé Dan Seagrave (Morbid Angel, Entombed, Dismember...), cultissime dans le milieu des pochettes des albums de Death Metal, mais aussi parce que Greg Anderson souhaitait expérimenter et aller sur des terrains musicaux où l’on n'a pas forcément l’habitude de le voir. On évoquera notamment cet aspect Horror Synth que n’aurait pas renié John Carpenter, tout comme certains riffs ou mélodies rampantes et angoissantes qui auraient très bien pu figurer dans des disques de Metal extrême avec par exemple Theme et Forest Wake, sauf qu’elles sont répétées de manière obnubilante façon Drone avec cette grosse dose de basse en fond. Pour le coup, des morceaux à ambiance horrifique et menaçante tels que Church Of Hermann (avec son orgue sinistre qui nous rappellera la collaboration avec Anna Von Hausswolff) ou la doublette Lefthand Lullabies avec son espèce de xylophone presque pur et céleste, mais qui n'évoquera qu’un film d’horreur avec une fillette en robe blanche, le sourire en coin, qui n’attend que de te planter des ciseaux dans le ventre, sont de belles réussites. Si tout l’album avait pu être du même ressort, il aurait été très bon.

Mais Forest Nocturne souffre d’un terrible effet de collage / patchwork qui lui fait défaut. Il est probable qu'il ai été composé seul en période de confinement ou qu’il ne devait être qu’une démo pour témoigner du savoir faire du musicien. En l’état on aurait compris, mais le sortir au format vinyl avec plusieurs couleurs, puis le voir, en définitive, comme un album construit : la pilule est difficile à avaler. Parce que le disque manque de cohérence totale. Donc on a des morceaux dans un style Horror Synth, certes très bons, des riffs Metal extrême qui ressemblent à une ébauche de titre, Deciduous qui est un morceau d’Ambient qui n’évoque absolument rien pendant quatre minutes, mais qui embraye sur Old Growth dont on dirait une chute de studio de Sunn O))) beaucoup plus Drone pour le coup, en terrain connu mais plutôt chouette. Pour finir, on assiste à un titre Drone / Doom avec des gargouillements d’Attila Csihar de Mayhem, pas trop mal, mais loin d’être convainquant malgré tout. Rien n’est mauvais ou choquant en soit, c’est simplement que l’ensemble n’a aucune cohérence et qu’on sent beaucoup trop le projet démo qui compile des idées récoltées à droite à gauche pour en faire un disque qui intéressera de toute manière les personnes qui suivent Sunn O))) et le musicien.

Avec Forest Nocturne, Greg Anderson voulait donner corps à plusieurs de ces idées (la plupart correctes ou bonnes), mais l’ensemble ne fonctionne pas, est trop disparate. Et puis on a beaucoup trop l’impression de l’entendre s’enregistrer chez lui et de voir que chaque composition et idée pourrait fonctionner pour tel ou tel projet qui serait, lui, vraiment abouti. C’est là qu’on a vraiment envie de voir Greg Anderson se lancer corps et âme dans un projet Synthwave / Horror Synth pour créer sa propre musique de film. Ou s’il n’y arrive pas, créer une meilleur cohérence au sein de son projet The Lord.