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Biographie
En 2004, Kimo donne naissance aux premières compositions du projet The Long Escape. Après une année de recherche musicale, la forme change mais
pas le fond. Les longues compositions instrumentales cèdent la place à
des titres plus courts, plus dynamiques et où apparaît pour la première
fois la voix de Kimo. En 2008, il autoproduit et réalise lui-même le premier ep Excess Of Empathy qui récolte de nombreuses chroniques positives.Issus
d'univers musicaux différents, Mercucio, y4NN0ux et Arno se joignent au
projet initial en 2009. C'est sous la forme d'un quatuor explosif,
rageur et inspiré que The Long Escape renoue avec la scène s'attelant à
la conception d'un double album dont The Triptych est la
première étape.
Quatre ans après un premier album qui avait su séduire par son originalité, son propos et sa capacité à rebondir à la fois sur des thèmes et des constructions typiquement prog, créant à cette occasion la surprise et propulsant le groupe en bonne position sur le tableau hexagonal de ce genre très peu représenté, on attendait avec impatience la suite de The Tryptich, qui nous avait laissé sur une très bonne impression de fraicheur, malgré quelques longueurs et passages à vide.
Ce qui frappe d'entrée de jeu sur The Warning Signal, c'est la prod : bonne, oui, mais un peu en deçà de ce qu'on pourrait attendre d'un album de prog moderne, qui aurait pu mettre un peu mieux en relief certaines parties de guitares et dégager un peu plus de dynamisme ; cela dit, quand on sait que l'album a été entièrement auto-produit, on reste assez bluffé par le savoir faire maison : c'est propre, bien rendu dans la globalité, et la direction artistique participe largement à cet énorme sentiment de sincérité que l'album dégage, et que The Tryptich dégageait déjà.
Niveau composition, c'est clairement là que le groupe brille et ne décevra que très rarement. On reste sur la même impression que nous avait laissée l'écoute du précédent album, à savoir un ensemble de titres très homogènes, qui baignent tous dans un écrin prog particulièrement bien retranscrit. Si les premiers titres (Seas of wasted men, Awakened ones, qui ne sont pas les plus réussis de l'album mais c'est mon avis) montrent une facette du groupe un peu plus sauvage, plus moderne dans les sonorités et les constructions, lorgnant parfois quelque peu sur une approche djent pas dégueulasse, les Parisiens retombent ensuite sur leurs pattes et nous font montre de tout leur savoir faire sur des titres bien plus intéressants. Évoluant constamment entre prog et metal moderne, l'équilibre affiché ici est particulièrement appréciable, cet entre deux, ce compromis choisi, vraiment efficace : l'accroche est bien plus prononcée qu'auparavant, et la profondeur des compos bien plus subtile et mieux distillée.
S'il n'est plus besoin de démontrer le savoir faire des Parisiens en termes d'expression atmosphérique et de ressentis émotionnels (Million Screens, Digital Misery, Slave), toujours aussi pointu, on trouvera au niveau des (légères) nouveautés, une approche un peu plus couillue en ce début d'album, avec des guitares plus froides et plus précises, une base rythmique plus complexe et minutieuse. Puis avec assez de recul dans les oreilles, on pourra dégager ce qui fait la force de ce second opus, et se rendre compte que The Warning Signal n'est pas juste une suite sans âme, histoire de... La seconde partie de l'opus (après Digital Misery), est tout simplement magnifique, et se permet même de balayer quelques défauts du groupe présents tout au long du premier album. Plus question de tourner en rond, de s'essouffler mélodiquement sur des titres trop ambitieux ou d'essayer de proposer de nouvelles intentions de jeu pas toujours très élégantes. Carnival of Deadly Sins arrive à point nommé et prouve à qui en doutait que le groupe a su se renouveler dans son propos, ses nombreux twists rock, djent et prog mettront tout le monde d'accord, c'est tout simplement une des meilleures compo du groupe à ce jour. Viendront Crashdown puis The Search avec des refrains à tomber par terre, simples mais percutants, parfaits pour rebondir, ou encore Slave (chapeau la basse) et Homo Weirdiculus, titres soutenus très ambitieux, avant de terminer sur un World Going Down, très indus dans l'esprit.
Un programme bien rempli, riche et dense, pour une exécution presque sans failles...
Avoir su aller à l'essentiel, sans s'attarder sur de (trop) longues fioritures, réussir à captiver l'auditeur avec des passages prog plus réfléchis, mieux agencés, rehausser une musique déjà bien compacte avec un chouilla de rentre dedans bien senti, voilà ce qu'il faudra retenir de ce second album, moins redondant et bien plus abouti que The Tryptich. Et malgré un début d'album assez peu marquant (tout le contraire du précédent album), The Long Escape passe haut la main le difficile exercice du second album. Cet opus n'est bien sûr pas parfait, mais les choix artistiques, s'ils mériteraient d'être un peu plus surprenants pour vraiment se démarquer, sont si bien assumés qu'on leur pardonnera volontiers ce petit manque de fougue. Clairement un des meilleurs groupes de metal prog de l'hexagone...
A écouter : Carnival of Deadly Sins, Crashdown, Homo Weirdiculus, World Going Down
Après un premier essai auto-produit et concluant dénommé Excess of Empathy,
The Long Escape revient en 2011 avec quatre compos re-masterisées
du premier EP et 7 nouveaux titres sous les bras. Alors à Metalorgie, on est nouveaux dans leur
univers : on découvre le groupe avec cet album et pour être
honnête, cela faisait longtemps qu'un disque ne nous avait pas autant
ému. The Triptych possède une aura, une énergie,
quelque chose d'unique qu'il est difficile de retranscrire par des mots.
The Long Escape fait du Rock metallisé
atypique. C'est frais, inconnu, innovant et incroyablement classe.
Dans une scène Metal Alternatif qui s'est bien essoufflée et
finalement plutôt galvaudée ces dernières années, The Long Escape
insuffle quelque chose de novateur et d'unique au style. Bien sûr il y a des
influences, des réminiscences, les A Perfect Circle, Sevendust ou
Dredg qui surviennent à l'esprit à l'écoute de certains riffs, mais en
bien différent. La palette d'émotions dégagées est
tellement large qu'il est assez impossible de dire quelle est celle
qui prédomine. Ca reste toujours lumineux, épique, énergique mais
jamais vraiment agressif, finalement beau.. Beau comme le chant de
Kimo, dont la maîtrise technique est assez impressionnante, passant
d'un chant clair remarquablement maîtrisé, aux pointes de voix
rappelant le meilleur de Maynard James Keenan... (Encore une fois, on
est tenté de faire des comparaisons mais ça n'est pas vraiment le
propos) à un growl hurlé/écorché qui fait mouche, comme sur
Collapse par exemple. Mais l'on se rend compte que ce dernier est
finalement mis de côté, et utilisé avec parcimonie comme pour
souligner les moments les plus agressifs/épiques, et non pas dans un
schéma vu et revu du couplet hurlé/refrain chanté, comme c'est
souvent le cas. Ce deuxième album est pétri de maturité,
de retenue et de maitrise, il fait penser au meilleures productions rock de cette
décennie.
The Triptych brille, - que dis-je -
rayonne aussi par sa construction dramatique et son aspect homogène.
Chaque morceau est indépendant des autres et peut s'écouter seul
comme une entité à part entière, mais le tout fonctionne
parfaitement bien sur la longueur et on prend un malin
plaisir à rejouer soit les meilleurs morceaux, soit le disque dans
son ensemble. Tout commence par New Beginning, en forme d'intro
parlée/chuchotée pour rentrer rapidement dans le vif du sujet. La
formule, à priori évidente, est magique : entre deux riffs rock
groovy mais pourtant mélodiques (soutenu par une base rythmique de
folie !!) , un break bien souvent inattendu vient vous cueillir dans
les roses et vous emmener au septième ciel. Bien sûr le tout est
assez varié pour ne pas s'ennuyer, avec des refrains magnifiques, des solos remarquablement maitrisés ou des breaks acoustiques salvateurs. Upon the Head la seconde piste, démarre
sur les chapeaux de roues, plus rock, des paroles et un phrasé qui
foutent la pêche, un riff servi par des guitares rock doucement saturées, et bien sûr cette section rythmique assez hallucinante..
(Sérieux, il vient d'où ce batteur ?) Alors qu'I am your Savior et Collapse font
intervenir le growl écorché et lorgnant vers le Hardcore de Kimo,
comme une vraie entrée en matière encore plus énergique dans
l'album.. Collapse a une structure plus
« ordinaire » et plus « pop », sans doute la
future star des concerts. Je trouve pourtant que c'est peut-être la
plus faible, et celle vers laquelle je reviens le moins. Ce qui est
drôle, c'est qu'en découvrant le groupe sur leur page facebook
j'avais trouvé le morceau déjà excellent ... Les prochaines chansons sont tout aussi belles, voir plus belles que les quatre
premières. Quelle tension, quel rythme... On ne s'ennuie pas une seconde grâce à une construction dramatique juste parfaite, un sens inné du climax, et ça en est tellement prenant qu'on ne voit pas
arriver Encelade. Cette balade
de 5 minutes composée uniquement de guitares sèches/violons
discrets et percussions tribales, est l'une des plus belles
que j'aie entendu depuis bien longtemps. Elle vient briser le rythme au moment parfait en apportant une touche dramatique, tragique au tout, et vient renforcer ce sentiment de mélancolie sous-jacente qui transpire tellement sous l'ambiance générale pourtant lumineuse et salvatrice. Difficile ,ensuite, de reprendre
le rythme après un breakdown musical comme cette chanson, qui
vous cueillit comme une fleur pour ne plus vous lâcher ; pourtant,
pas une once de relâchement des musiciens par la suite, et pas une once d'ennui
chez l'auditeur. The Road to Awe, l'avant-dernière piste, est l'aboutissement de
tout : le moment le plus épique de l'album, avec cette pièce de 6 minutes en forme de morceau-fleuve, belle à en pleurer. On sent que c'est bientôt la fin du voyage qui se termine par l'apothéose (« I
see death as a part of life. »), alors que la ballade minimaliste plutôt atypique à
la guitare sèche, Depression, est une espèce d'effondrement de
l'édifice sur lui-même. Elle conclut l'album par un sentiment
étrange et fait écho à la première piste New
Beginning, par son titre et ses paroles, comme si le tout était
extrêmement réfléchi et construit.
Enfin vous l'aurez compris, The Triptych est LE coup de coeur de cette année 2011. Et le groupe
français à découvrir. Cela fait longtemps, très longtemps qu'on
avait pas vu du Rock/metal français d'une telle qualité.. Le seul défaut ? Trop
court. Seulement 11 titres que l'on meurt d'envie de ré-écouter. Un
grand bravo à The Long Escape, et de gros encouragements pour la
suite. Chapeau l'artiste.
A écouter : Tout..
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