On a failli attendre comme dirait l'autre. En s'autorisant un laps de temps de quatre années entre Endnote et Death Knows Your Name, The Hope Conspiracy nous aura fait passer par tous les sentiments, de la déception d'une éventuelle séparation que cette longue attente laissait présager, jusqu'à l'impatience d'une nouvelle production dès que l'on a su que le groupe était toujours en activité.
Endnote paru en 2002 avait permis de propulser The Hope Conspiracy au statut de groupe le plus intéressant de la scène hardcore old/new school depuis Converge, scène ultra encombrée par des formations talentueuses telles que Dead Hearts, Guns Up! ou Modern Life Is War. Talentueuses, mais pas au point de nous faire oublier les bostoniens.
De fait, les premières mesures de "They Know Dot" montrent que The Hope Conspiracy n'a rien perdu de son énergie et de sa rage, bien au contraire. S'adjoignant pour l'occasion les services de Kurt Ballou (Converge), la production de ce dernier permet de recentrer le groupe sur un son plus net, plus clair, bref, moins lourdingue, accentuant le côté abrasif qui faisait déjà sa force sur les exercices précédents. Sans pour autant accélérer la cadence, The Hope Conspiracy distille son dynamisme dans des morceaux dans l'ensemble mid tempo, foncièrement hardcore, mais auxquels les bostoniens ne peuvent s'empêcher de donner une couleur punk rock n' roll substantielle ("Suicide Design"), peut-être le fruit de l'arrivée de Tim Cossar (ex-Give Up The Ghost). D'apparence anodine, cette touche permet à The Hope Conspiracy de se démarquer nettement de ses homologues, non pas par son originalité, mais par un feeling bien personnel qu'illustrent à merveille des riffs déchirants, lâchés sans aucune retenue et agrémentés de légers soli ("Leech Bloody Leech"), contrebalancés par des tournures plus torturées dans le style de Botch ("Deadtown Nothing", "A Darkness in the Light"). Progressivement prends corps une acidité latente atteignant sa pleine puissance sur la deuxième partie de "Sadistic Sacred Whore", où Dwid Van Hellion apporte son concours à un Kevin Baker pourtant très en verve, pour un final assez effrayant entre Integrity et Converge.
Véritable concentré de colère, Death Knows Your Name ne relâche jamais la pression, expédiant un message sans concession à l'encontre de la société américaine, stigmatisée de manière assez lapidaire à l'intérieur du livret ("War, Blood, Money, God"). Sans recourir au genre pamphlétaire d'un Jourgensen, The Hope Conspiracy atteint son objectif par des chemins divers, tantôt utilisant un style plus métaphorique sur "Curse of the Oil Snakes" ou le très orwellien "Animal Farm", tantôt utilisant la grosse artillerie sur "So Many Pigs So Few Bullets" ou "Hang Your Cross", tout en restant toujours explicite sur ses motivations.
En même temps que d'effectuer un retour fracassant, The Hope Conspiracy signe ici son album le plus abouti et, très certainement, le meilleur album de l'année dans le style. Rien que çà.
A écouter : Curse of the Oil Snakes, Hang Your Cross, Suicide Design