Après plus de dix ans, on peut aujourd’hui affirmer que The Gates of Slumber a fait son nid au sein de la scène doom metal grâce à des sorties de qualité (et des éditions vinyle rouge et noir ultra die hard, ça aide à devenir culte). Avec ce nouvel album intitulé Hymns of Blood and Thunder, le groupe continue dans la droite lignée de ses sorties précédentes, donnant ainsi dans un doom metal qui n’en est même plus vraiment. On pense davantage à du heavy metal qui aimerait se la couler douce tout en restant massif et hyper efficace… comme sur les albums précédents au fait, même si de manière générale, le tempo est beaucoup plus enlevé qu’avant.
De manière générale, les fans ne seront pas vraiment dépaysés. Si ce coup-ci tout ne tourne pas autour de Conan, encore une fois on reste dans le trve metal ultra-épique-mais-sérieux (et viril, c’est pas Dragonforce), genre le combattant avec des sentiments, tout ça. Ca se traduit par de véritables morceaux de bravoure tellement metal qu’on en aurait les fesses moites (le trio gagnant Beneath the Eyes of Mars, The Doom of Aceldama, Descent into Madness…). Globalement, ça envoie le bois de partout à grands renforts de riffs énormes, de refrains à reprendre en chœur (Chaos Calling, Blood and Thunder) et de soli qui donneraient envie de porter un futal en cuir (The Bringer of War). Histoire de rappeler toutefois que le groupe ne déconne pas, on trouve même une piste instrumentale, intitulée Age of Sorrow, sur laquelle le guitariste est tellement too much qu’on ne peut qu’adhérer. Et il reste même des traces de doom (The Bringer of War, Iron Hammer), donc tout va bien. En clair, les fans de doom comme de metal plus traditionnel (si ça veut encore dire quelque chose) peuvent y aller sans crainte (en warrior, quoi).
Dans l’idée, imaginez Grand Magus sur Iron Will en plus lent et sans second degré, mais avec le même talent pour pondre des titres qui donnent envie de mouliner de la hache. On l’a dit, le délire trve est assumé, et donc ceux qui n’aimaient pas ça au départ n’auront que peu de chances d’accrocher maintenant. Avec ce disque, on sait où on va (ce titre, quoi). Les fans du genre trouveront par exemple de l’émotion (et presque quelque chose d’ozzien) dans ce chant de guerrier harassé par ces incessants conflits. Les autres se fouteront juste de sa gueule. Toujours est-il que ce disque est maîtrisé de bout en bout sans aucune faute de goût (y en a qui rient, là), et on ne peut qu’applaudir le groupe pour ça, car peu arriveraient à rester crédible en jouant ce genre de musique tellement parodié. De fait, il faut assumer de placer une piste semi-acoustique avec une elfe au chant au milieu du fracas des épées, ce que le groupe réussit sans problème sur The Mist in the Mourning.
Au final, il est bien ce disque ? Bah ouais, idéal pour quiconque souhaiterait écouter un très bon album, qui plus est facile d’accès. Avec Hymns of Blood and Thunder, The Gates of Slumber continue de tracer sa route dans le sang de l’ennemi, entre doom metal poisseux et heavy metal acéré. Pour les fans d’étiquettes ridicules, on pourrait appeler ça Heavy Doom, c’est d’accord (par contre pas de pitié pour les hérétiques adeptes du ‘post-doom’).
A écouter : Beneath the Eyes of Mars, The Doom of Aceldama, Descent into Madness