Peut-on parler de collectif ou de one-man-band aux multiples renforts ? A l'écoute de Collegium, disque épuré et dépouillé, on tendrait plus vers la seconde solution, celle d'une tête pensante, Nathan Baumann, qui pousse son concept de premier disque enregistré dans une Eglise (St Imier pour être plus précis) avec quelques instruments et mains complémentaires (membres de Coilguns, The Ocean, Shelving, …) : Collegium est donc un disque personnel, d'ambiance et de délicatesse.
The Fawn me rappelle parfois ce que Les Marquises avait su faire passer avec poésie, les passages plus folk de Radiohead ou la fragilité de Sons of Noel and Adrian ("Summerbreeze"). "Queen of Rain", "Good Friends", … le tout se replie sur lui même, sans se mordre la queue en usant la même recette sur chaque titre.
A demi-mots mais sans demi-mesure, le combo allie simplicité et fragilité dans ses mots et ses notes, notamment sur son "Asylum" épuré au possible. Et s'il va sans dire que cet album peut fortement plomber le moral de part la forte mélancolie qui s'en dégage, il ne devient pour autant jamais fataliste, même lorsque "Nocturne" obscurcit le tout.
Heureusement, Collegium n'est pas que mauvaises pensées ou regards perdus, c'est également un disque possédant quelques titres plus frais, ensoleillés (même si on se rapproche plus d'un soleil printanier que de celui pesant de l'été) : "Summerbreeze" ou "Papercuts" n'usent que de cordes (vocales et de guitare) tout au long des 4 minutes de chacun mais ne laissent aucun temps mort.
Collegium est cet album globalement mélancolique que l'on écoutera lorsque le ciel gris recouvrira les derniers instants d'une journée fatiguée, lorsque la nuit se fera protectrice. The Fawn, ou plus précisément Nathan Baumann et Louis Jucker, ont l'art de toucher. Très grosse surprise délicieusement envoutante.
A écouter : Summerbreeze