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Biographie

The Doors

Parmi les groupes charismatiques des années 60 The Doors semble être LE groupe à retenir, non pas qu’il n'y ait eu que des groupes moins bons, moins influents, non tout simplement car The Doors est l’un des ces noms qui a traversé les décennies. Grâce à des compositions intemporelles, des textes engagés ou choquants (pour l’époque), une vie des plus rock’n roll et la mort de leur charismatique chanteur,  Jim Morrison, entourée de mystère.
The Doors se créé en 1965 à Los Angeles, composé de John Densmore (batterie), Robby Krieger (guitare), Ray Manzarek (clavier) et Jim Morrison (chant) suite à la rencontre de Jim et Ray tout deux étudiants en cinéma. Ce groupe sans basse débute en posant des compositions sur des poèmes de Jim Morrison, une des grands passions du frontman surdoué.
The Doors enregistre alors une démo et tente de se faire signer sans succès, il accepte alors d’animer un bar puis en 1966, The Doors signe pour 6 albums sur Elektra Records. La sortie du premier album éponyme se fait en 1967, Light My Fire devient alors le premier succès du groupe (après avoir été réenregistré pour un format single). Le groupe se fera connaître grâce à sa musique mélangeant d’innombrables styles, du rock traditionnel au folk en passant par la musique indienne, le groupe incorpore des dizaines d’influences, le tout agrémenté des textes poétiques de Morrison. Le groupe se fait aussi connaître pour ses frasques et particulièrement celles de Morrison drogué et alcoolique notoire. Par exemple sous l’emprise de LSD, il improvise de nouvelles paroles lors d’un concert sur The End « Father, I want to kill you. Mother, I want to fuck you all night long », le groupe est expulsé du club où il joue.
La presse accueille favorablement le quatuor qui enregistre déjà son second album, en une semaine à peine le groupe réalise Strange Days, album plus noir où les paroles tournent autour de sujets comme le malaise, la perte d’identité et toujours la révolte avec un Morrison hargneux. Le frontman séduisant devient très vite un sex symbol et joue de son charme et de son talent pour manipuler les foules en créant chaos ou en faisant revenir le calme dans les salles où le groupe se produit. Ainsi fin 1967 il se fera arrêter sur scène pour trouble de l’ordre public après avoir rendu le public hostile aux force de l’ordre encadrant le concert (prétextant avoir été gazé par un policier en coulisse).
Le succès grandissant du groupe pousse Morrison à encore plus d’excès, le groupe engage alors quelqu’un pour surveiller son chanteur. Dans un climat un peu tendu le 3ème album voit le jour : Waiting For The Sun en 1968, le morceau  Unknown Soldier devient alors un des hymnes anti-guerre pour le mouvement pacifiste en lutte contre la guerre du vietnam. Jim Morrison s’éloigne du rock et se consacre de plus en plus à la poésie. Il écrit d’ailleurs de moins en moins de chansons, sur The Soft Parade (1969) il n’écrira que 4 des 9 chansons de l’album. Il exigera que le nom des auteurs soit indiqué sur la pochette du disque car il est en désaccord avec les textes écrits par Krieger.
En 1969, alors que leur 4ème album n’est toujours pas sorti, Morrison ivre mort annonce qu’il va se mettre nu sur scène, les témoignages diverges sur la réalité des faits mais quoi qu’il en soit le groupe est poursuivi pour comportement indécent, nudité publique, outrage aux bonnes mœurs et ivresse publique. L’album sort alors dans l’indifférence générale. En 1970 le groupe sort un nouvel album avec Morrison Hotel (du nom d’un hôtel de Los Angeles) puis en 1971 après 10 jours seulement en studio le groupe enregistre son dernier album avec Jim Morrison : L.A. Woman, considéré par beaucoup comme l’une de leurs meilleures productions.
Jim décide alors de quitter le groupe et part vivre à Paris, quelques mois après il décède dans des conditions restées mystérieuses (certains parlant même d’un complot qui aurait aussi tué Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Martin Luther King et Malcom X), il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Le groupe ne se sépare cependant pas et sort en 1971 Other Voices puis en 1972 Full Circle, tous deux boudés par le public, provoquant le split final. En 1978 ils se reforment pour enregistrer des compositions sur des poèmes de Jim Morrison et sorte An American Prayer.
En 1991 Oliver Stone consacre un film au célèbre groupe avec Val Kilmer dans le rôle principal, et en 2002 Manzarek et Krieger  décident de redonner des concerts avec au chant  Ian Astbury (The Cult), ils seront contraints de changer de nom (et prennent Riders On The Storm) suite au procès de John Densmore et des héritiers Morrison.
En 6 albums (avec Morrison) et en seulement 5 ans le groupe marque les esprits par son coté contestataire, son histoire folle et une musique brassant énormément d’influences. Enorme influence pour beaucoup de groupe The Doors pose les prémisses d’un style qui sera approfondie par The Stooges ou encore Patti Smith (et plus tard le punk). Le jeu de scène de Morrison marquera les esprits et sera repris par de nombreux artistes dont Iggy Pop ou Ozzy Osbournes (Black Sabbath) qui influenceront à leur tour une grande lignée de chanteurs rock à scandale. Une carrière brève mais remplie et une marque dans l’histoire du rock incroyable…

16 / 20
2 commentaires (15.75/20).
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Waiting For The Sun ( 1968 )

En un an et demi The Doors auront sorti trois albums ; les deux premiers ont propulsés le groupe au rang de superstars, particulièrement aux USA où ils deviennent plus populaire que les Beatles et les Rolling Stones. Ce succès ne permet plus au groupe de roder ses morceaux dans les clubs et les oblige à écrire ce nouvel album entièrement en studio.  Jim Morisson sombre de plus en plus dans l’alcool et la drogue, le groupe engage même une personne pour le surveiller. Les tensions sont vives au sein du groupe et Jim Morisson s’éloigne de plus en plus d’eux ; l’avortement de The Celebration Of The Lizard, un titre très long devant occuper une face entière d’un vinyl et œuvre de Morisson n’arrangera rien. C’est donc pressés par leur label (qui oblige contractuellement le groupe à sortir un album à telle date) que The Doors publient en juillet 1968 Waiting For The Sun.

Après deux albums majeurs, une propulsion dans les hautes sphères du star system et seulement 18 mois après la sortie du premier album que pouvait nous sortir un The Doors au bord de l’explosion ? Difficile de répondre simplement à cette question, ce Waiting For The Sun possède des titres superbes, engagés, psychédéliques et d’autres bien plus pop et mielleux sans grande saveur.
Le disque oscille entre pépites rock et morceaux un peu trop bateau toujours soutenus par la voix de Morisson mais ce déséquilibre semble à la vue des deux albums cultes sortis par le groupe précédemment presque un échec.
Pourtant classer trop vite cet album serait une belle erreur, Unknow Soldier, hymne anti guerre qui fera son effet en pleine guerre du Vietnam, semble être l’un des titres les plus complexes (au niveau de la structure) écrit par The Doors ; la mise en scène avec les tambours et ce coup de feu est elle aussi une idée neuve depuis reprise par bon nombre de formations.
Le titre flamenco connu de beaucoup de guitaristes, Spanish Caravan, emmène le quatuor sur des contrées encore inexplorées, séduit par son minimalisme dans la première partie tandis que la reprise au clavier sur la seconde porte l’estocade, avec en fond la voix monocorde de Jim Morisson.
Et que dire de Not To Touch The Earth, seul titre rescapé de The Celebration Of The Lizard où Morisson vit son titre, totalement possédé ? Et ce chant mélancolique sur My Wild Love ?
Au final même certaines ballades aux paroles mièvres ne se révèlent pas si fade que ça. Certes les morceaux des Doors n’auront jamais eut autant de fois le mot Love dans leur titre (Hello, I Love You, Love Street, Wintertime Love, My Wild Love) et se rapprochent donc plus des titres pop de l’époque que des pamphlets contestataires de Jim mais on y trouve de belles pièces comme Hello I Love You au rythme très entrainant.
Par contre un Wintertime Love paraît lui bien en dessous du niveau des Doors.

Au final ce Waiting For The Sun comporte son lot de titres mémorables mais loupe la marche de l’album culte faute à certaines compositions trop communes ; étrangement ceux où Jim Morisson s’est le moins impliqué. La faute peut être aussi au fait que la setlist n’aura pas le temps d’être testée sur la durée et devant un public. C’est donc un bon album mais manquant du panache et de la puissance des deux précédents.


« I am the Lizard King
I can do anything
»

A écouter : Unknown Soldier, Spanish Caravan, Five To One
19 / 20
12 commentaires (17.79/20).
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The Doors ( 1967 )

L'éponyme de The Doors, le premier d'une série de 6, la première pierre de la légende, le premier brûlot poétiquo rock'n roll bluesy lancé par 4 américains dont la fougue créatrice les liera et les fera rentrer dans l'histoire du rock (celle avec un grand H) en 4 petites années avec album enregistré en 6 jours... Des 6 il est considéré comme un des meilleurs, peut être ex aequo avec L.A. Woman. Dissection d'un monstre sacré.

Pourquoi lui plutôt qu'un autre? Pourquoi ce groupe, cet album sont-ils devenus cultissimes? Peut-être car The Doors est l'un des premiers à mélanger blues et rock, ce relent du sud suintant de chaque note de cette guitare (et dire qu'il en joue que depuis 3 ans!), cette mélancolie mêlée à cette fougue rock'n roll porté par une voix passant du douceâtre au braillard.
Peut être mais est ce suffisant?
On pourrait aussi voir du coté fougueux de ce chanteur énigmatique qui deviendra vite une icône, une idole et un sex symbol qui fera se pâmer bon nombre de groupies. Ce mauvais garçon use et abuse des drogues et alcools, le secret de sa créativité? Mais plus qu'une simple idole Jim Morrisson est aussi un être énigmatique. Génie notoire ses textes poétiques (sa vraie passion) révèlent une personnalité complexe, des idées qu'il faut déchiffrer, une rebellion constante, un amoureux des lettres shooté au beau milieu de musiciens dans une alchimie rare.
Certes une raison supplémentaire pour rapprocher ce disque du panthéon du rock, pour en justifier complètement le statut on pourra aussi parler de ce son très particulier, encore très typé 60's il préfigure également un amorçage vers des tonalités plus brutes, un son que des formations comme The Stooges ou Black Sabbath pousseront encore plus loin dans quelques années.
The Doors joue à l'alchimiste en mettant dans son chaudron blues, rock mais aussi jazz, classique, musique orientale, ambiances faussement festives (comme la reprise de Alabama Song (Whisky Bar)).
Le long des 11 morceaux composant cet album The Doors va nous proposer une tripoté de titres désormais dans les classiques : Break On Through (To The Other Side) qui en moins de 20 secondes donnera le ton de l'ensemble de l'album (différent, blues et dur); la psychédélique Soul Kitchen : bluesy dans les moindres recoins, Light My Fire et son orgue, certes un peu kitch, reconnaissable entre 1000; et bien évidement The End, immortalisé par Apocalypse Now 12 ans plus tard, titre de plus de 11 minutes suintant les drogues accumulées par Morrisson, un morceau d'une durée atypique et un rendu qui l'est tout autant.

Ce premier album de The Doors est une pièce majeure du rock, un album charnière qui va influencer d'innombrables formations (en vrac : Led Zeppelin, Patti Smith, The Stooges, ... et tout ceux en découlant), la symbiose d'éléments disparates pour un tout incroyablement homogène. Intelligent, innovant, provocateur, énigmatique et psychédélique, bien des qualificatifs peuvent être donné à ce premier album. Rares sont les groupes à avoir autant marqué les esprits dès leur première production, et cela n'est pas fini car 5 autres albums, contenant chacun au moins une perle sont à venir pour les 4 prochaines années... Le roi lézard débute son reigne, ses appels à la remise en cause du monde nous entourant, son désir de non conformisme font écho jusqu'a nos jours, et même si le monde à bouger les idées véhiculées par cet album reste plus que jamais d'actualité.

« This is the end
Beautiful friend
This is the end
My only friend, the end
 »

A écouter : Au moins pour sa culture !
19 / 20
13 commentaires (17.81/20).
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Strange Days ( 1967 )

Après la sortie de l'album éponyme en début d'année 67 The Doors va écumer les clubs, parfois jouer 3 concerts par soir dans le même bar, le groupe va gagner ses lettres de noblesses grâce à ses prestations oscillant entre magique et désastre. Durant cette période où leur premier album ne décolle pas vraiment le groupe va éprouver ses titres face au public, va les peaufiner petit à petit. Parmi ces morceaux on retrouve les 10 pépites de ce Strange Days. Lors de leur précédent enregistrement le groupe n'avait pu tout mettre sur bande. C'est donc au cours de l'été qui en fera des demi dieux (The Doors arrivant numéro un des ventes lors de ce fameux Summer Of Love) que les quatres musiciens vont enregistrer un de leur album ayant connu le moins de succès (en terme de vente), le préféré de Jim Morisson, celui qu'il considéré comme le plus incompris de tous; et au final certainement le plus sombre et intéressant de toute la discographie du groupe.

La seconde claque de l'année 1967 assenée par The Doors débute sur un petit air d'orgue; la production donne du volume à Ray Manzareck ; de son coté Jim Morrison, grâce également à des effets studios, gagne en superbe. Le titre éponyme démarre fort, en fond une basse (joué à l'orgue, quoi que sur cet album on peut trouver quelques passages joué véritablement à la basse) psychédélique, la voix du chaman planante, intrigante et envoûtante occupe tout l'espace.
Cet album de The Doors est l'album des détails, rien ne semble laissé au hasard, chaque instrument trouve sa place; et même si il semble évident que les influences reste inchangées entre les deux albums, les changements sont minimes mais font la différences. Les dérives blues, country, jazzy sont digérées par le groupe pour un résultat incroyable, une fusion unique et méticuleuse.
Là où The Doors faisait appel aux rythmes connus pour accrocher d'un coup d'oreille Stange Days demande un peu plus d'effort, plus d'attentions. Un titre comme Love Me Two Times est une mine de petites idées, chaque seconde de ce titre est un plaisir rock / bluesy / country (ce solo à 1:30!); mais pour en apprécier toute la substantifique moëlle il va falloir user de patiente.
Même les  titres les plus pop (comme Unhappy Girl) se révèle après de nombreuses écoutes des morceaux d'une richesse incroyable; tout cela certainement grâce à l'épreuve du live.
Du coté texte on retrouve Jim Morrison et son amour de la poésie; un morceau comme Horse Lattitude tiens d'ailleurs plus du spocken word que d'un véritable titre; et que dire de ces 1 minute trente apocalyptique et angoissante au possible?
Car en effet tous ces détails, ces compositions ont pour point commun une aura noire, un spleen nonchalant. Peut être le reflet du mal être de Jim; son dédain du monde l'entourant qui va le pousser dans les années à venir à sombrer dans l'alcool.
Pour clôturer magistralement cet album le groupe va proposer une nouvelle épopée musicale d'une dizaine de minutes; à l'instar de The End, When The Music's Over va boucler l'album dans un délire psychédélique, sombre et un coté subversif dont The Doors va se faire une spécialité.

The Doors signe ici une pièce maîtresse du rock; après être passé à la postérité avec leur album éponyme le groupe signe ici son chef d'oeuvre (que certains considèrent comme une simple resucée de l'éponyme, peut être un jugement trop hâtif); un disque sombre, mélancolique tranchant avec la mode hippie naissante et surtout des compositions riches et travaillées. La suite sera moins fantastique (même si parsemée de grands titres), faute peut être à des impératifs de temps imposés par la maison de disque, et donc une composition en studio auquel le groupe aura du mal à se faire. Après cela The Doors va être l'un des premiers groupes à jouer dans des salles immenses, la success story de The Doors va aller grandissante jusqu'en 1969 et le fameux concert de Miami (cf la bio). 1967 aura été une grande année pour le rock.... Un album à écouter les yeux fermés.

We Want The World and we want it,
We Want The World and we want it, now
Now? NOW!

A écouter : A votre avis?