La nouvelle est tombée il y a peu, The Dillinger Escape Plan se saborde volontairement, non sans laisser quelques surprises à ses auditeurs. Dans ce contexte, difficile de ne pas considérer Dissociation différemment puisqu'il s'agit de la conclusion (?) d'une aventure s'étalant sur bientôt vingt ans. Deux décennies que la formation parcoure le monde, ornent les platines des amateurs de musique extrême et surprend. L'attente, la tension avant de poser ses oreilles sur cette dernière offrande est poignante.
L'inquiétude s'évapore au milieu du chaos sonore que le groupe se plaît à déchaîner d'entrée de jeu, comme souvent. Dès les premières secondes, une certitude pointe le bout de son nez : la folie, la puissance et l'ingéniosité qui ont fait la renommé de The Dillinger Escape Plan sont toujours présentes. Les roulements de caisse claire, riffs épileptiques et autres hurlements sauvages n'ont pas disparu, loin s'en faut. Rassurant pour les fans, ou peut être l'inverse, puisque l'on pourrait craindre que Dissociation ne tombe dans le piège de la facilité, celui d'enchaîner les titres agressifs et épileptiques qui ont fait la réputation du groupe.
Ce serait pourtant mal connaître les patrons du Mathcore qui ont la sale manie de nous faire manger à tous les râteliers : Metal Alternatif (« Symptom Of Terminal Illness), Electro étrange rappelant certains disques d'Ulver (« Fugue » et surtout le morceau éponyme), Rock Progressif (« Low Feels Blvd ») ou Post Punk Electro (« Nothing To Forget »). Le shaker est agité énergiquement, comme toujours, les influences se bousculent pour que la formation puisse faire montre de sa maîtrise sans aucune forme de démonstration inutile : la griffe The Dillinger Escape Plan est intacte et plus affûtée que jamais.
En 50 minutes, Dissociation réussit à proposer un résumé de la carrière d'un groupe qui aura marqué l'underground et le défi était pourtant de taille. À l'instar de ses prédécesseurs, il se plaît à nous mettre en pièces puis à nous faire oublier, la seconde d'après, que nous écoutions un disque lié de près ou de loin à la musique extrême. Les différents genres se lient et se délient au sein des compositions et d'un disque maîtrisé de bout en bout, tout comme la carrière de leurs géniteurs. Chapeau bas.
A écouter : 1
J'ai moins accroché que l'excellent One Of Us Is The Killer, ni autant que Ire Works, leur pièce maîtresse de mon avis. Mais autant dire qu'il s'agit là encore d'un très bon album, faisant un peu penser à une espèce de Best Of du groupe, mais dont les morceaux sont tous inédits et sans la facilité d'un Option Paralysis.
Dillinger restera le groupe le plus taré et imprévisible que je connaisse. A plus les malades ;)