Depuis le passage éclair de Patton et l'arrivée de Greg Pucioto au chant (et ruades sur êtres humains), The Dillinger Escape Plan est au meilleur de sa forme. Sur Option Paralysis, leur première sortie chez Season Of Mist, TDEP se lance, à l'instar des précédents opus, dans un wall of death musical, tout en gardant Steve Evetts (The Number Twelve Looks Like You, Every Time I Die, Poison The Well) au poste de producteur. Pas de quoi décontenancer le fidèle fan, guettant la moindre information depuis avril 2009. Pourtant, la rage bouillonne, les poings se ferment tandis que les dents grincent, le corps prêt à se jeter dans la foule dès Farewell, Mona Lisa...
Et une fois dans la mêlée, l'adepte de sensations fortes ne sera pas dérouté : Option Paralysis s'intègre parfaitement dans la direction musicale prise depuis quelques années; Cadences effrénées, passages bœufs, quelques mélodies dévoilées subtilement et de brefs instants cassant le rythme de croisière de ce nouveau disque. En somme, le même menu qu'Ire Works, mais version 2010. Pas de grosse surprise, on prendra son pied sur la quasi totalité de l'album, puisqu'en somme TDEP balance le même genre de baffes, les mêmes successions de plans piétinant un peu tout ce qui bouge, avec une tendance à rendre l'ensemble beaucoup plus abordable. Le frontman alterne toujours entre cordes vocales beuglant jusqu'à l'infarctus et des timbres plus rock, sans jamais fléchir ni ralentir le rythme, tandis que le reste des acolytes transmet son énergie via des compos incisives et très directes. Néanmoins, le groupe, même avec toute la meilleure volonté du monde, ne surprend plus comme avant : on esquisse déjà certains points, même si cela n'enlève rien à la qualité des compositions.
Les arrangements ne se font heureusement pas oublier, sans malheureusement oser autant que Mouth Of Ghosts, même si Option Paralysis prend le relais via Parasitic Twins et sa structure typée NIN manquant parfois de souffle (le solo peut être de trop sur la fin du morceau) ou l'intro de Widower par le pianiste Mike Garson. Le reste de l'album se veut parsemé de quelques moments plus doux, posés, brèves bouffées d'air frais avant de replonger dans le nuage de poussière. La prod fait son effet, rendant surtout hommage au chant de Pucioto, même si les instruments n'ont pas à rougir sur la plupart des passages (l'énorme fouillis Gold Teeth On A Bum), y compris les quelques escapades plus popisées.
Option Paralysis est dans la droite lignée de Miss Machine ou Ire Works, la curiosité en moins. Bon album, via des déferlantes telles Farewell, Mona Lisa ou Endless Endings, qui offrira quelques cassages de nuques, Option Paralysis rentre pourtant parfois trop dans le rang pour se maintenir au niveau de ses prédécesseurs. Une petite déception pour un opus bien plus abordable, mais un fort potentiel derrière chaque titre.
La diligence montre ici un album qui est selon moi le plus représentatif de sa musique. Gare aux maux de crânes aux premières écoutes pour les non-initiés. En revanche, une fois que l'auditeur connaîtra de mieux en mieux les pistes qui constituent la galette, il saura sans doute reconnaître l'étonnant niveau technique dont fait preuve le groupe et ce talent à être à la fois imprévisible et cohérent.