The Thousanfold Epicentre de The Devil’s Blood a été publié en 2011 en pleine mode revival hard rock, mode que The Devil’s Blood a lui-même grandement créé grâce à son premier album unanimement reconnu par la presse. Cette mode, dans laquelle s’inscrivent également les Suédois de Ghost ou de Year of The Goat ou encore les Américains de Christian Mistress, reprend le hard rock des années 1960/1970 de Coven, Black Widow et Blue Oyster Cult et l’actualise selon différentes sensibilités : tourné vers la NWOBHM (la New Wave Of British Heavy Metal), axé sur le doom ou orienté vers le rock psychédélique. The Devil’s Blood fait clairement partie de la dernière catégorie, tant son hard rock transpire le psychédélisme. Il faut dire que Roky Erickson et son 13th Floor Elevators constituent une influence majeure de la famille Lemouchi.
La force de The Devil’s Blood et de ce The Thousanfold Epicentre plus spécifiquement réside dans une alliance unique entre ce psychédélisme musical et un occultisme poussé. Là où le psychédélisme assure une certaine légèreté, l’ambiance ultra occulte développée par le groupe noircit le ton de ce disque et lui donne une force mystérieuse et spirituelle. Le chant féminin de Farida rajoute en plus une dimension cérémoniale et grandiloquente à la musique de groupe, la rendant encore plus marquante.
The Thousanfold Epicentre propose une alternance de titres plutôt directs et accrocheurs et de morceaux plus sombres et torturés. Ainsi, des titres comme le très efficace She, Die the Death et ses « lalalalalala » entraînants ou encore le doux et ambiancé Everlasting Saturnalia se révèlent très faciles d’accès tandis que d’autres morceaux s’apparentent à de longues processions incantatoires comme le somptueux The Madness of Serpents où le groupe fait doucement monter la pression. C’est d’ailleurs dans cette dualité que le groupe se positionne de façon extrêmement rusée : parce que derrière des morceaux accrocheurs au premier abord, The Thousanfold Epicentre vous happe dans son univers occulte et vous propulse littéralement au beau milieu d’une grande messe noire.
Ce qui peut toutefois poser problème, c’est qu’à trop chercher à ritualiser sa musique (le groupe n’utilise d’ailleurs pas le mot « concert » mais parle de « rite »), The Devil’s Blood se perd parfois dans quelques longueurs (Feverdance par exemple et ses quinze minutes). Cette impression se trouve renforcée par la voix unique de Farida, dotée d’une forte emphase et qui peut donc lasser sur la longueur. Reste toutefois une très bonne galette, mais qui aurait pu être encore meilleure si elle s’était focalisée sur ses morceaux les plus marquants.
A écouter : The Madness of Serpents, She