L’heure de vérité. Le moment fatidique pour The Bled de confirmer leur potentiel explosif (cf l’énorme Pass The Flask sorti deux ans auparavant) est enfin arrivé avec le nouvel album du groupe Found In The Flood ; quelques infos visibles avec un changement de label d’abord, avec ce passage chez Vagrant de réputation plus mélodique (The Get Up Kids, Moneen, Emanuel) et un petit changement de line-up… Quelques réticences préliminaires qui vont vite sécher sous le talent du soleil de l’Arizona !
Après une légère intro d’ambiance, Found In the Flood démarre et s’emballe avec "Hotel Coral Essex", composition qui nous ravive les bonne effluves de puissance dégagées par The Bled tout au long de leur précédent effort Pass The Flask. La partie agressive de la chanson rappelle les plus belles heures de «You Know Who's Seatbelt», les guitares se tordent ; pourtant déjà, à l’oreille, ce premier constat : le groupe aère plus sa musique par rapport à Pass The Flask mais tout en conservant les ingrédients qui ont forgé l’identité du groupe de Tucson. Car la deuxième composition ("Guttershark") est là pour le confirmer : The Bled n’a rien perdu de sa fougue mais l’a simplement affiné en y incorporant plus de mélodie d’une imposante légèreté distillant, paradoxalement, une pleine puissance. Des chansons comme la subtile et excessivement riche "Daylight Bombings" ou le tubesque (mais pas le meilleur titre) "My Assassin" semblent, au premier abord, faciles. Il ne faut pourtant pas se fier aux apparences car que dire d’"Antartica" où James Munoz, le chanteur, emprunte vocalement les territoires mélodieux de Jeff Buckley, sans aucunement forcer le trait et tomber dans la caricature. Saisissant ! Non, The Bled, sous le coup de la maturité, varie sensiblement son style et étend son répertoire. Et en profite pour développer d’avantage ses montées d’adrénaline.
Le chant sort donc grandement vainqueur de cette diversité ; des intonations un tantinet deftoniennes sur la fin de "Guttershark", ou visiblement inspirée par Billy Corgan toujours sur "Daylight Bombing" font des merveilles car James Munoz, dans le même temps, ne perd rien de son style particulier fait de chants tendus et durs; les guitaristes, eux se mélangent de la meilleure manière avec une guitare rajoutant régulièrement en profondeur dans les riffs par l’utilisation d’effets aussi discrets que nécessaires ("Guttershark", "The Last American Cowboy"). L’écriture de la musique est sensible, jamais prévisible. Les breaks assassins sont là pour le prouver ("She calls home", "With an urgency). Ou encore les réminiscences de métal, toujours perceptibles dans les grattés de guitare ("Daylight Bombings"), petite touche du passé apportant sa part de charme. Et de la jeunesse, The Bled conserve encore cet appel à l’urgence en proposant un morceau court et bien agressif, direct et bienvenu ("Millionnaires").
Le groupe nous achève enfin avec une superbe "I don’t keep with liars anymore", très entraînante par son rythme soutenu tribal puis mid-tempo et dont le gimmick aigu de guitare ne s’arrête plus. Alors, on attend sans s’en rendre compte la fin lointaine de la chanson (37 minutes) après ce leitmotiv de conclusion.
Le verdict à l’arrêt de la lecture de Found In The Flood est sans appel : The Bled nous livre là un très bon album, développant plus les pointes mélodiques qui égayaient le jet précédent mais tout en conservant le plein de puissance ; encore une fois, aucune chanson ne ressemble à la précédente et avec ces changements d’ambiance plus variés, le groupe se définit une palette de couleurs de haute qualité, pouvant être rapprochée du niveau du songwriting d’un groupe comme Glassjaw. A écouter sans modération donc !
Télécharger "My Assassin"
Pass the flask était déjà très bon. Le groupe a su évoluer vers un coté plus screamo voire très mélodique à certains moments et ce n'est pas pour me déplaire, les chansons se détachent et se différencient donc mieux. Coté technique le groupe s'est aussi amélioré et des passages bien chaotiques ponctuent toujours leur musique.