Le screamo/post est la nouvelle tendance favorite de l'emo-hardcore actuel. Mesa Verde en Ecosse, Elder aux Etats-Unis, Aussitôt Mort en France, Amalthea en Suède. Aucun pays n’y échappe et la Belgique ne déroge pas à la règle ; de la plus belle des façons.
Avec son split partagé en compagnie des compatriotes d’Autumn Delay et des morceaux d’anthologie comme "Silhouette", on avait compris que The Black Heart Rebellion souhaitait se placer en chef de file de cette mouvance. Monologue fut donc forgé au cœur de ce brasier, dans un enchevêtrement de corps en fusion .
Disciple d’une forme aérienne de post-hardcore, qui ne lui empêche pas de diffuser une certaine forme de noirceur (issue de son passé métal), The Black Heart Rebellion a ici décidé de se concentrer davantage sur l’aspect évolutif de sa musicalité que sur la dimension hardcore de sa phraséologie. On retrouve donc avec ce premier album, ce gonflement singulier des guitares propre à la discipline (Red Sparowes Like), ces orbes de notes qui perlent en ricochet et ces strates d’accords qui forment le talus harmonique du post-rock dans sa forme classique. Monologue vogue ainsi, la morphologie fluctuante et le faciès versatile ("The Morphing Light", "The Darkest Of Men"), entre monticules sibyllins et vagues ocellées ("Machining"). Jolie rêverie donc, propre à l’élévation, nourrie par des textes métaphoriques et bien pensés ("I'm not what's left behind/You are not what's still to come/It hides in both of us/Willing to emerge"), qui a normalement la particularité de voler en éclat quand le cri entre en contact avec la stratosphère. Or, si l’ambiance post est bien là, agrippée à l’écartèlement des instruments et au dialogue des échos, les nervures screamo, elles, se font attendre et finissent – une fois survenues - par se trouver quelque peu submergées et noyées dans le dédale de superpositions; fait malheureusement accentué par le choix d’une voix sous-mixée qui n’apporte pas la réponse vocale requise face à un impérialisme instrumental de ce calibre ("Amongst The Nomade").
Eu égard au talent de The Black Heart Rebellion et au potentiel que nous avait laissé entrevoir le split avec Autumn Delay, Monologue rend un verdict contrasté en dépit de son indéniable travail de forme et de fond. Au final, ce premier effort se révèle davantage un disque d’atmosphères que d’émotions, ce qui frustrera probablement les fans de la première heure mais ouvrira les portes du groupe à un public d’ordinaire étranger au genre. Qu’on se rassure toutefois, le combo a encore beaucoup à dire et nous, encore beaucoup à (l')entendre.
A écouter : "Amongts The Nomads", "The Darkest Of Men"