Primo : ne pas être rebuté par l'artwork de la cover ; secundo : ne pas être effrayé par les consonnances germaniques du danois ; tertio : ne pas avoir d'a priori à l'encontre d'un anarchisme de base que pourrait véhiculer le groupe au vu de son nom. Voici la marche à suivre pour découvrir l'une des petites perles du punk-rock / hardcore mélodique de l'année.
Introduction de "Verden I Brand" rapide et mélodique pour donner le ton de l'album, riffs accrocheurs, recherchés et variés pour poursuivre. Des titres entraînants et percutants flirtant avec le punk hardcore mélodique californien (Bad Religion), emplis d''espoir et de fougue, délivrant la sensation que l'on peut changer le monde, qu'il est possible de croire en ses rêves et de vivre une autre réalité. Mais des titres également embrumés d'une légère mélancolie où parfois la gravité affleure à l'orée de l'émotion, simple pincement au coeur dans l'envolée de la voix claire et aérienne d'Anna, qui nous entraîne dans des sing-a-long catchy et des lignes de chant mélodieuses. Et lorsque Lisa, la bassiste, vient la rejoindre, le double chant féminin, d'une belle efficience, s'épanouit en une densité toute particulière. Il est alors tentant de s'agréger au duo et il y a un brin de déception à ne pas connaître le danois qui se révèle une langue parfaitement adaptée au style musical. The Assassinators jouent un punk-rock hardcore hyper mélodique, enlevé, très inspiré, enthousiaste et d'une extrême efficacité avec des compositions aux colorations diverses, allant du sombre "Krigens Born" (rappelant Signal Lost) au catchy "Sorte Ravne" pour s'achever sur "Selvmordsby?", titre accoustique à la guitare et au violon. Anarchistes, activistes et fiers de l'être, la part d'utopie qu'ils insufflent dans leurs chansons revêt une dynamique effervescente et stimulante tout en préservant une traînée de poésie.
Par ailleurs, le disque est accompagné d'un livret de 32 pages comportant de très beaux dessins signés Armsrock, les lyrics en danois et leur traduction en anglais ainsi qu'un commentaire pour chaque chanson. Paroles évidemment engagées et revendicatives, d'un interêt certain lorsqu'il s'agit des problèmes sociaux et politiques du Danemark, loin d'être le paradis scandinave imaginé ("Verden I Brand" concerne l'expulsion musclée du squat artistique d'Ungdomshuset, voir page Nuclear Death Terror pour l'historique), mais offrant également une véritable réflexion philosophique avec des références à G. Orwell ("De Sidste Mennesker I Europa") ainsi qu'à E. Galeano dont une citation trône au centre du livret ("Nous sommes ce que nous faisons, et surtout, ce que nous faisons pour changer ce que nous sommes : notre identité réside dans l'action et dans la lutte."). Surtout, The Assassinators démontre une grande sensibilité dans certains sujets abordés tels l'amour, la mort, la solitude, le désespoir et l'abattement.
Sincère et authentique, The Assassinators est une formation des plus attachantes. Et même s'il est vrai que, musicalement, le groupe n'invente rien, il fait preuve d'un véritable sens de la mélodie car les chansons errent et vagabondent longtemps en nos esprits et on se prend souvent à fredonner des airs, le sourire aux lèvres et l'espoir scintillant au bords de nos paupières.
Track-list : 01. Verden I Brand ; 02. Sorte Ravne ; 03. Dilemma ; 04. Levende Dode ; 05. A For Anarki ; 06. Kolde Hjerter ; 07. Bag Tremmer ; 08. Usagte Ord ; 09. Retten Til Forskellighed ; 10. Krigens Born ; 11. Skyggesiden ; 12. De Sidste Mennesker I Europa ; 13. Selvmordsby?
A écouter : Addiction assurée!