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Biographie

The Angelic Process

Formé en 1999, The Angelic Process est l’extension musicale du couple K.Angylus (guitare/batterie/voix) - M.Dragynfly (basse/voix), respectivement mari et femme. Le duo originaire de Georgie produit une musique que l’on pourrait qualifier de tellurique, navigant entre Drone Doom, Ambient et Noise. Le groupe a déjà à son actif trois albums lorsqu’il sort en 2007 son quatrième full-length : Weighing Souls With Sand, dont certaines pistes avaient déjà pu être entendues sur We All Die Laughing édité l’année précédente.
Dès lors l’avenir musical du duo sera malheureusement un premier temps en suspens en raison des problèmes à la main droite que rencontre K.Angylus, l’empêchant de jouer de la batterie, puis sera définitivement scellé en octobre 2007. Même la solution chirurgicale ne garantissait pas à 100% une récupération suffisante pour la poursuite de l'aventure.
En Juin 2008, on apprend dans la stupéfaction générale le suicide de K. Angylus (en combat avec ses pulsions depuis des années) courant Avril. Un acte désespéré mettant définitivement un terme à une aventure humaine et musicale à part.

Chronique

17 / 20
6 commentaires (17.75/20).
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Weighing Souls With Sand ( 2007 )

Tout d’abord, cette pochette. Un clair-obscur intrigant. Un paysage irréel. La lumière semble y être rongée par les ténèbres, à moins que cela ne soit l’inverse… et cette aile blanche qui s’y superpose...On ne sait pas exactement à quoi on a à faire mais toujours est il que l’esthétique fait effet.
Premier pari réussi. Bien que l’habit ne fasse pas le moine, la pochette ça compte encore. Le groupe aurait illustré son œuvre par un artwork digne de Manowar, que l’on aurait pas forcément envie d’aller voir plus loin.

Bref passons, place à la musique. On commence par quelques instants de calme sur un premier titre laissant aux éléments de la musique du duo le temps de se mettre en place. Un long et imposant crescendo de près de dix minutes avant que The Angelic Process nous délivre ses premières décharges, dans la continuité de la première piste, sur Million Year Summer : riffing pachydermique et noisy très cru, rythmique lente et ultra lourde martelée par une batterie souvent étouffée derrière un épais mur sonore où guitare et basse se fondent et se confondent au point que l’on ne distinguerait presque plus rien… et là arrive la voix. La délivrance? Sûrement pas.
Lointaine, éthérée et désabusée, cette voix surnage et se débat au milieu de ce mur de son qui s’est malgré tout quelque peu apaisé. Bientôt elle se mettra à crier. C’est un cri plaintif, étouffé toujours, profond, mais qui pue le désespoir. Malgré cela elle n’entrera jamais en conflit avec la musique. Résignation rageuse, désabusement, détresse, désespoir. Voilà ce qu’elle exprime. Une impression d’immensité, une sensation de vide insondable envahit l’auditeur perdu au milieu de cet univers toujours en mouvement où tout n’est que son sursaturé. Et si cette voix n’était tout simplement pas la sienne? On est comme happé par ce disque, c’en serait presque inquiétant. Et pourtant c’est beau et prenant.

Le reste de l’album se déclinera sur la même ligne tant musicalement qu’au niveau de l’ambiance : c’est apocalyptique, froid et grandiose, planant, intense sans brutalité, hypnotique et mélancolique, cotonneux et chaleureux mais oppressant. L’auditeur est ébranlé par les attaques Noise telluriques que délivre le duo, apaisé lors de ses accalmies et touché par le chant plaintif et lointain de K.Angylus et M.Dragynfly.

On ressort broyé mais ébahi de l’écoute d’un album si monolithique et intense. Loin de ne proposer qu’un lessivage de cerveau en règle, The Angelic Process se veut beaucoup plus subtil (si si) et a, pour ce faire, su vêtir ses intentions d’un habit de plomb. La caresse Shoegaze d’un My Bloody Valentine distillée au milieu des sombres assauts Post Hardcore d’un Cult Of Luna ou d’un Isis des premières heures couplés au Drone d’un Nadja, à la violence froide de Godflesh et aux aspirations plus mélodiques de son rejeton, Jesu. En y regardant de plus près, on ne sera que peu surpris de voir que ces groupes sont soit des influences revendiquées, soit des contemporains des débuts du couple, presque tous adeptes, au-delà des barrières stylistiques, d’une musique triturée torturée et intense.

Un album comme une Bombe-H, qui transporterait en son sein ce que chacun de nous connaît de plus précieux et qui n’en dévoilerait jamais mieux la beauté que dans l’immense chaos de son explosion. Ebranler pour mieux toucher. Comme si l’impact ne pouvait être que plus fort lorsque nos repères sont brouillés. L’émerveillement à travers la désolation. Voilà ce que nous propose The Angelic Process.
Weighing Souls With Sand est un disque ambitieux et son écoute est assurément une expérience quelque peu unique. Croisons les doigts pour que le couple enfante malgré tout une suite un de ces jours…

Cet album au nom évocateur aura finalement sonné comme le chant du signe de Kris qui disparaitra quelques mois plus tard, en proie à ses démons de toujours. Weighing Souls With Sand perd donc finalement quelque peu en mystère là où il se charge lourdement de sens. The Angelic Process n'est plus... puisse leur musique leur survivre éternellement.

A écouter : seul et tout � la musique