A l'aube d'une décennie d'existence, Do You Know Who You Are ? n'a pas vieilli, et ce malgré les évolutions majeures encourues ces dernières années par la scène emo.
S’il fallait métaphoriser une première écoute de cette oeuvre, celle ci se ferait par une rencontre inopinée. Une entrevue lointaine, une silhouette obsédante qui attise votre curiosité. Des courbes lisses d’une mélodie instrumentale, comme en témoigne le titre éponyme, signe d’une ère nouvelle pour la scène rock. Une signature qui dessine les contours d’une ballade délicate, de par ses harmonies distillés avec minutie : pas un mot, juste un regard.
Le temps n’a plus d’emprise sur vous, les secondes paraissent des minutes. Vous savourez ces instants, ces pauses qui couvrent l’album; vous êtes en proie à des visions. Seul avec elle, vous la détaillez : la finesse de la batterie, ainsi que la clarté de son instrumentation. La réussite de Jets to Brazil passe sans conteste par son atout charme qu’est Chris Daly. Temps et contretemps cadencent chaque morceau : "Something To Forget" et ses teintes pop rock côtoie "Nickel Wound" et sa quiétude emo.
Déshabillée : cela en devient obsessionnel ; vous êtes incapable de distinguer le rêve de la réalité. Des paroles chuchotées à votre oreille, un complainte emplie d’amertume ; Garret Klahn dispose d’une palette emplie d’expressivité.
A l’image du chanteur de BoySetsFire, il possède cette capacité de transiter avec fluidité entre chant suave et chant éraillé. Le temps vous presse à nouveau, votre impatience grandit à l’image de "The Day’s Refrain", morceau phare de Do You Know Who You Are ? Physionomie parfaite, sa rythmique pop sait prendre son temps, la légèreté de sa basse n’y est pas étrangère et vous entraîne vers une fin dissonante.
Des doutes subsistent, des souvenirs imprègnent certains de ces fantasmes. Cette silhouette vous remémore une connaissance, une relation passée. Vous n’êtes pas le seul dans ce cas, Texas is The Reason continue d’afficher ses origines musicales.
"A Jack With One Eye" nous martèle de riffs à la fois discontinus et assourdissants. L’orientation du quatuor n’est peut être plus approprié aux auditeurs de la scène punk underground, mais "Back And To The Left Left" finirait de convaincre ces réfractaires: une batterie effrénée, des riffs incisifs sur vocalises en chœurs.
Des remords peut être ? Ce n’est pourtant pas le cas de Texas is The Reason. Avec Do You Know Who You Are ?, ils réussirent la prouesse de marier aussi bien des sonorités punk/hardcore, que des mélodies pop rock aux allures maussades. Dès lors, les influences se suivent, et se ressentent, à l’image du fabuleux Send Us A Signal de Brandtson, sorti l’année passée (A noter que le titre ouvrant cet album se nomme: "You Know Who You Are). Et cette silhouette dans tout ça ? Inaccessible…
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A écouter : The Day's Refrain, Do you Know Who You Are ?, Something To Forget, Nickel Wound, Johnny On The Spot.