2020, quelle année merveilleuse ! Le confinement, l’isolement, la
maladie, le revival du Néo Metal … On en verserait presque une larme. Dans
cette veine on assiste en crête de vague à Tallah qui armé de ses trois années
d’expérience de groupe sort Matriphagy, son premier LP.
Pour décrire simplement cet album de Tallah à un metalhead
qui n’aurait jamais écouté, on est dans la démarche diamétralement opposé aux
groupes comme Zeal and Ardor, The Lumberjack Feedback et moult autres groupes
qui prennent le temps et construisent leur progression musicale à travers
plusieurs riffs afin d’atteindre des pics de puissance gratifiants et
satisfaisants. Ici c’est l’efficacité directe qui prévaut avant toute autre
chose. Il faut que ça pète là, maintenant, tout de suite, et tout le temps.
Alors forcement les mélodies s’en ressentent et vu que l’intensité ne change
pas il en ressort moins de profondeur. Ce n’en est pas moins inintéressant pour
autant, loin de là, car ça bouge, ça transmet de l’énergie et ça réveille ta
grand-mère. On assiste en réalité à l'heure actuelle à une polarisation du metal moderne, un début
de vergence qui pourrait surement sembler cyclique à travers les époques si on
prenait le temps de se pencher sérieusement sur la question.
Du fait de leur démarche artistique, les morceaux qui ressortent
le plus sont ceux qui ont les mélodies les plus remarquables, à savoir Matriphagy
L.E.D et We, the Sad .La voix est constamment quelque part pas loin entre justesse et sentiment brut, ce
qui donne un résultat aussi inattendu que surprenant, jamais juste, jamais
dedans mais toujours en souffrance dans ce qu’elle essaye de faire, et c’est ça
qui en fait son intérêt. L’instrument le plus mis en valeur est la batterie,
qui possède une très belle dynamique de son comme si on était positionné juste
derrière les futs à taper comme un sourd. Les guitares (incluant la basse) sont
lourdes et ronflent comme des chats obèses, offrant une toile de fond à
l’expression de la colère des autres éléments cités précédemment. On termine
enfin ce cocktail de Néo metalcore par les quelques parties mélodiques
instrumentales effectuées principalement en harmonique, toujours par l’une des
guitares ou par le biais des samples.
Dans le global l’album passe bien, même si beaucoup de
chansons sont dispensables car elles manquent cruellement de profondeur et de
propos, mais quelques unes comme les trois citées précédemment ou Red Light
parviennent à susciter un intérêt qui fait y revenir. S’il me fallait
recommander une seule chanson pour découvrir, ce serait We, the Sad, car c’est
à la fois celle qui est la plus aboutie et celle qui représente le mieux Matriphagy.
A écouter : We, the sad, Red Light, L.E.D.