2008 : Fin de l’attente. Ces dernières années, plus ou moins la moitié du groupe est passée par la case prison, retardant par la même occasion la possibilité de sortie d’un successeur à l’immense Hordalands Doedskvad, mais peu importe. « Plus ou moins » car Taake c’est avant tout Hoest et que le lineup ne cesse de changer. « Peu importe » puisque ce dernier est bel bien repassé par la case départ et est de nouveau prêt à répandre son art noir en musique. Reste à voir s’il a empoché les 20000 euros au passage…
Ce qui, au fil des années, frappe avant toute autre chose chez Taake c’est cette dimension à la fois épique, mélodique et éminemment « trve » que l’entité norvégienne a su donner à sa musique. Un Black Metal aux yeux grands ouverts sur le courant des musiques extrêmes dans son ensemble, viking jusqu’au bout du corpsepaint et s’épanouissant dans une célébration grandiloquente de ses origines nordiques tout en allant piocher des éléments ci et là sans jamais se dénaturer.
Aujourd’hui, Taake fait suite à Svartekunst : pas complètement inutile mais dispensable cet EP semblait devoir faire office d’échauffement comme si Hoest, encore léthargique, avait peiné pour déplier sa carcasse une fois de retour aux affaires et préférait alors la jouer petits bras. Oubliez tout cela car, je vous l’annonce, Taake est bien là et ce dans une forme olympique.
Dès les premiers instants Atternatt, Hoest scelle le son de ce quatrième album, reconnaissable entre mille… et qui semble pourtant avoir évolué. En effet la production limpide et rêche de Hordalands Doedskvad a connu une cure d’amaigrissement, perdant légèrement en puissance pure, alors que les ingrédients typiques du groupe semblent eux être bien resté en place. Guitares acérées sans être grinçantes, batterie martelée de frappes sèches et claires, basse galopante sont bien là … et pourtant, alors qu’avance le disque, impossible de ne pas penser que, si Taake n’apporte aucune réelle nouveauté, Hoest a une fois encore perfectionné son art. Entre titres grandioses, hurlés à la mort (Lukt til helvete) et cavalcades effrénées (la terrible Velg bort livet), la formation poursuit dans la voie qu’elle s’est construite depuis dix ans tout en synthétisant tout ce qui faisait sa force. Takke est un disque profondément noir, angoissé et mélancolique parcouru de moments de bravoure comme peu savent en faire. Taake est lugubre, glacial, fielleux ; sa musique est arrogante et fière, Rock n’Roll brutale et mélodique. Taake ou une certaine idée de la noirceur… qui irait de paire avec la classe. Et tout aussi incongrue que puisse paraître l’évocation de ce concept au sujet d’un disque de pur Black Metal, elle n’en reste, je pense, pas moins vraie. Tout simplement.
Alors, certes, Taake ne surprend pas si ce n’est par la qualité indécente de ce nouvel album. On aurait presque aimé les détester tant il était évident que le risque de d’accoucher d’un album bâtard ou à demi raté pouvait sembler élevé suite à la trilogie fabuleuse l’ayant précédé. Sauf que Hoest n’est pas n’importe qui et qu’il y a des choses avec lesquelles on ne rigole pas. Après tout il eut été fou de penser sérieusement qu’il pouvait faire d’un diamant brut, si soigneusement poli depuis des années, autre chose qu’une pierre d’exception…
A écouter : Comme un prolongement immédiat de la trilogie