Le street punk n'est pas un genre musical qui est naturellement voué à des changements, aussi légers soient ils! Rares sont donc les groupes évoluant dans ce style qui arrivent à tirer leur épingle du jeu en apportant un nouveau souffle.
Le groupe ayant pour beaucoup atteint son apogée avec A Juvenile Product of the Working Class en 1997, il revient avec selon moi ce qui est leur meilleur album depuis... Et l'effort de diversification n'y est sans doute pas pour rien.
Les Swingin' Utters proposent dans l'ensemble sur ce disque un street punk moins corrosif et "à l'arrach'" qu'à leurs débuts, plus punk que street en somme... Ce qui ne veut pas dire qu'ils font dorénavant dans le mielleux! Leur punk direct, accompagné de la voix éraillée propre au genre, influencé par les Clash, Stiff Little Fingers, Rancid ("Hopeless Vows", "Sign in a window", " My closed minds") ou Avail ("Glad"), "est balancé sans concession ("No Pariah" qui ouvre le disque,"Leaves of Fate", "My closed mind"... 17 titres pour 35 minutes)
En parlant d'Avail, sur ce Dead Flowers... on retrouve souvent comme sur le dernier Front Porch Stories de leurs camarades de chez Fat Wreck Chords, ce côté un Vieux Sud américain si cher à l'écrivain Tennessee Williams, des racines irlandaises indéniables (sur "All that I can give", "Don't ask why" ou "If you want me to" par exemple).
Ainsi, les Californiens montrent qu'ils ne savent pas faire que du street punk, mais aussi des chasons plus soft, qui puisent plus profonds dans leurs racines. Des guitares acoustiques, violoncelles, violons, accordéons, pianos, orgues, vibraphone... mettent en avant leurs origines à la manière d'un Dropkick Murphys. Des morceaux qui fleurent bon les bouteilles de bourbon et une bande de potes assis autour d'une table en bois dans un pub du Sud-Est des Etats Unis.
De plus, sur ces "morceaux ballades", le bassiste Spike (qui pousse la chansonette de fort belle façon dans Me First & The Gimme Gimmes), agrémente la musique de sa voix plus douce et claire.
Et puis Darius et sa voix intermédiaire (ni trop rauque ni trop claire) en rajoute une couche sur quelques compos!
Bref, ces morceaux d'ambiance permettent de casser le rythme et d'offrir sur le quart du disque une alternative au punk franco des gars de San Francisco qui, autrement, n'y vont pas par quatre chemins.
Bien sûr, pour apprécier ce disque il ne faut pas être allergique au punk pas trop léché et sans grandes concessions. Et pourtant, ce disque pourrait intéresser un public plus large que celui composé par les initiés du genre punk old school. Car les mélodies rock n' roll voire punk rock mélodiques, les solos, quelques choeurs travaillés + les chansons plus calmes permettent de ne pas enfermer le combo dans un genre unique... (le groupe s'offre même une intro à la Bad Religion sur "Leaves of Fate"). Rajoutez à ça la production et le mixage signés Ryan Greene (NOFX, No Use For A Name...) et Blag Dhalia (chanteur des Dwarves), et le tout n'es pas si dur que ça!
Les efforts de variation au sein de l'album sont également appréciables et bienvenus.
En tout cas les fans de Rancid ou des Clash apprécieront, c'est sûr...
A écouter : My closed mind ; No pariah ; Looking for something to follow ; Shadows and lies