Ces dernières années, tous les styles références des musiques extrêmes se voient obligés de supporter des mouvements dits « new school » qui brisent les clichés et les règles en vigueur, au nom du renouvellement. Sans remettre en cause cette nouvelle scène qui en veut, on peut tout de même s’attarder sur l’une des techniques dont ces groupes se servent pour épater la galerie. Difficile de lui trouver un nom, mais elle pourrait se définir comme étant une sorte de patchwork de différents styles, un fourre-tout d’influences diverses choisies par des musiciens sans scrupules secouant le tout pour on ressortir une bouillie sans nom (au sens propre donc). Evidemment, cette recette n’est pas miracle, et son origine conduit à un éventail qualitatif des plus larges… Pourtant, lorsque celle-ci est réussie par ses arrangeurs, le résultat peut être à la hauteur de ce principe totalement fou et vaniteux (si certains en sont déjà blasés, dommage pour eux) et apporter de l’eau au moulin. Swarm Of The Lotus semble bien être de cette trempe là.
Avec ce Sirens Of Silence mûrement cogité, le groupe taille là une bien belle pierre. Avec un artwork très sombre, dégoulinant et complexe, vous aurez une bonne idée de la musique qu’il contient. Officiant dans un style assez hybride donc, on pourrait pourtant rapprocher la musique de SOTL de celle d’un Mastodon ayant totalement excité Neurosis, tout ceci agrémenté de la folie d’un Botch. Rien que ça oui.
Avec des sonorités souvent très sludge, le groupe aime utiliser tout une panoplie de techniques piquées ça et là pour obtenir un résultat somme toute assez chaotique. Dissonances, rythmiques asymétriques, accordages très grave, riffs et rythmes totalement fous, tout ou presque est là pour composer une musique d’illuminé. En résulte une écoute extrêmement intéressante, aux multiples rebondissements, passant de facettes à d’autres totalement à l’opposé musicalement. Mosh part contre thrash complètement allumé, hardcore chaotique contre groove déjanté, éclat post-hardcore imposant contre sludge grassouillet, les passages se suivent, s’opposent dans The Sirens Of Silence, et pourtant, rien ne choque, l’ensemble est d’une cohésion étonnante. Au final, cet album prend un aspect de mur du son dévastateur totalement dément, avec un aspect ténébreux très angoissant. Swarm Of The Lotus exprime à travers cette œuvre son dégoût profond de ce qui l’entoure. Les textes en témoignent d’ailleurs bien volontiers. Le thème du meurtre par exemple, souvent évoqué avec violence et horreur, s’invite quasiment sur chaque titre. Les deux chanteurs (accessoirement guitaristes et bassistes) contribuent pleinement à la dramatisation de l’ensemble et se hurlent littéralement dessus à qui extériorisera le plus de violence.
Vous l’aurez compris, The Sirens Of Silence n’est pas un album franchement accessible. Complexe, tordu même, il vous entraînera dans un tel chaos sonore qu'il faudra faire preuve de perspicacité pour en venir à bout. Mais quel régal lorsque enfin vous en avez saisi la substance et que vous vous l’appropriez. Swarm Of The Lotus peut être fier d’avoir sorti un tel disque et nous pouvons espérer une suite très prometteuse. Assurément l’une des découvertes de cette année 2005.
A écouter : Absolument tout