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Biographie
Swallow The Sun voit le jour en 2000 à l'initiative de Juha Raivio qui souhaite exploiter certains morceaux ne collant pas avec le style de son groupe de Stoner Rock Plutonium Orange, au sein duquel il officie en tant que guitariste. Vite rejoint par son compère Pasi Pasanen (batteur de Plutonium Orange), le line-up sera complété l'année suivante avec les arrivées de Markus Jämsen (guitariste) et de trois ex-membres du groupe de Black Metal Funeris Nocturnum : Mikko Kotamäki (chanteur), Aleski Munter (claviériste) et Matti Honkonen (bassiste).
Il faut deux années au groupe pour enregistrer une première démo, Out Of This Gloomy Light, qui lui vaudra bien vite une signature chez Firebox Records. L'enregistrement d'un premier album débute rapidement, et The Morning Never Came sort à la fin de l'année. Le succès est immédiat pour la formation avec des critiques dithyrambiques, notamment classée troisième aux Finnish Metal Awards 2003 dans la catégorie “Meilleur Espoir”. Le groupe s'engage alors dans une gigantesque tournée qui durera un an, jouant notamment au Tuska Open Air Metal Fest et au Provinssirock.
C'est début 2005 que la bande réinvestit les studios pour enregistrer un nouvel album, Ghost Of Loss, précédé par le single Forgive Her… qui permettra, dès sa sortie, à la formation de devenir le premier groupe de Doom finlandais à entrer dans les charts. En 2007, Swallow The Sun sort son troisième album, Hope, chez Spinefarm Records. Il permettra au groupe de sillonner les routes européennes en compagnie de Paradise Lost ainsi que celles des Etats-Unis avec Katatonia et Insomnium.
En 2008 sort le premier ep du groupe, Plague Of Butterflies. Basé au départ sur un concept liant Metal et Ballet, le groupe a finalement abandonné cette idée jugée loufoque. Plus progressif que jamais, et muni d'une pièce avoisinant les 35 minutes, il ne fut pas toujours bien reçu par la critique. L'année 2009 se voit marquée par le départ de Pasi Pasanen, remplacé par Kai Hahto (Wintersun) à la batterie. C'est sous ce nouveau line-up que sort le quatrième opus des finlandais, intitulé New Moon. Ce nouvel album renoue avec un Doom-Death à la fois sombre, beau et progressif. En accompagnant Katatonia, Swallow The Sun traverse l'Europe, s'arrêtant au passage en France pour une série de dates et au fameux Hellfest. Après une petite période de repos, le groupe revient plus soudé que jamais avec un nouvel opus, Emerald Forest And The Blackbird, qui sort début février 2012 via Spinefarm Records.
2015 marquait le retour de Swallow The Sun avec rien de moins qu'un triple album. Songs From The North comprend ainsi tout un arsenal musical pour varier les plaisirs.
Songs From The North I lance les hostilités avec le très beau morceau With You Came the Whole of the World’s Tears. Le son oscille entre metal et passages acoustiques, de même que le growl et le chant clair, pour un très beau résultat emprunt de mélancolie et de force. 10 Silver Bullets est une pure composition metal, growl et chant black étant de la partie, le morceau prenant un coté épique à mesure de sa progression. Swallow The Sun cherche ainsi à varier ses compositions aussi bien avec le chant qui explore toute la palette qu'avec la musique d'une belle amplitude mélodique. C'est encore le cas de Rooms and Shadows avec ce petit coté doom sur les couplets, et comme ailleurs des passages en chant clair majestueux et déclamatoires. Silhouettes est sans doute le morceau le plus metal avec un growl caverneux posé sur une composition entre rage et accalmie. Là encore on a droit à de très belles mélodies et même à des chœurs puissants. C'est d'ailleurs une des grandes forces de ce disque, sa richesse mélodique qui sublime les variations musicales entre metal, rock et acoustique, de même que le chant qui va du clair au growl et inversement tout naturellement. The Memory of Light est ainsi un autre bon exemple des qualités de ce premier Songs From the North. From Happines To Dust se démarque par le recours aux cordes en introduction d'un morceau mid tempo où le désenchantement est roi. Ce premier volume propose ainsi un metal polymorphe, riche et inspiré. Il s'en dégage une grande mélancolie teintée de désamour et de solitude.
Songs From The North II s'ouvre sur un instrumental au piano. Le ton est grave, presque solennel, mais entrecoupé de passages plus lumineux. Ce deuxième volet se fera donc entre ombres et lumières. The Heart Of A Cold White Land constitue une ode à la Finlande toute en douceur et à travers ses paroles le cœur même des Songs From The North. Les guitares très présentes dessinent toujours de magnifiques mélodies tandis que l'apport des claviers embellit les compositions. Away renchérit dans les mêmes tonalités douces amères. Ce parti pris plus éthéré rappelle ainsi des groupes comme Katatonia, Anathema ou encore Antimatter. Pray For The Winds To Come est une autre perle où l'alchimie entre paroles désenchantées et thème musical est idéale. Songs From The North étonne avec l'ajout d'une délicate voix féminine chantant en finnois, pour un moment magique. La suite est de même plutôt réussi avec notamment un Autumn Fire particulièrement aérien sur ses refrains. Before The Summer Dies reprend la thématique du soleil couchant en filigrane tout au long du disque. Ainsi, si Songs From The North II renferme un soleil, c'est celui de minuit, éclairant un très beau disque en clair obscur.
Songs From The North III débute avec un pur morceau de doom metal, The Gathering Of Black Moths. Les guitares sont pachydermiques, le growl caverneux, les paroles désespérées. On respire le temps de quelques interludes plus légers, mais Swallow The Sun ne s'en cache pas, cet opus est celui du funeral doom, pour un retour aux sources les plus anciennes du groupe. 7 Hours Late commence dans une atmosphère fantomatique, minimaliste avant la curée. Ce funeral doom est puissant, profond et amer, évoquant la mort d'un père et la tristesse irrésolue du fils absent pour l'accompagner dans ses derniers instants. Empires Of Loneliness est tout aussi pesant, usant du spoken words pour mieux enfoncer le clou du growl, le chant criard venant surenchérir par moments. Une réserve cependant, la formule de ce troisième volet est plus prévisible, dans les canons du doom. Ceci dit, Abandoned By The Light et The Clouds Prepare For Battle sont de belles pièces qui raviront les amateurs de ce style, proche des autres Finlandais de Shape of Despair.
Swallow The Sun nous gratifie d'un tripe album globalement de qualité. Il y a à boire et à manger et l'amateur de metal y trouvera son compte qu'il aime le metal mélodique, le dark rock ou le funeral doom à l'image de ces Songs From The North.
A écouter : un disque ou l'autre suivant votre humeur
On connaissait le talent indéniable de Swallow The Sun grâce à des albums de la trempe de The Morning Never Came et Ghost Of Loss, de véritables perles de doom death puissant aux compositions travaillées avec soin. Mais à l'écoute de ce nouvel opus, Hope, il est clair que le groupe a encore franchi un palier tout en s'ouvrant de nouveaux horizons.
Les finlandais offrent ainsi 8 compositions oscillant entre puissance et apaisement au gré des riffs plombés, du jeu de batterie précis et des nombreux arpèges mélodiques et passages de chant clair aérés disséminés sur le disque. Chaque élément trouve sa place dans cet ensemble bien produit, du growl abyssal de M. Kotamäki aux nappes de cordes récurrentes qui soulignent la richesse des morceaux. Hope se présente ainsi comme une nouvelle pièce de choix pour Swallow The Sun qui montre son aptitude à tisser de belles mélodies désenchantées, mais pleines de hargne. Certains éléments améliorent encore cet album, notamment les parties de batterie percutantes inhabituelles pour du doom, ainsi que le recours aux voix doublées et à un chant varié, parlé et criard à l'occasion. These Hours Of Despair s'impose ainsi comme une des compositions transgenres de Hope avec ses touches black discrètes proches du "Grey Metal", appelation un peu bâtarde renvoyant assez bien à ce mélange de doom death plombé et de black à tendance atmosphérique.
Swallow The Sun a aussi convoqué des invités de talent, en particulier Jonas Renkse, le frontman de Katatonia, sur The Justice Of Suffering. Les lignes de chant éthérées et aériennes du suédois rendent l'émotion palpable, et trouve d'autant plus bel écrin que le métal pratiqué ici évoque par instants le Brave Murder Day de Katatonia, entre riffs binaires, growl profond et mélancolie lancinante. Don't Fall Asleep est une autre perle modelée avec application, à la fois écrasante sous les chapes de plomb et cristalline à travers des motifs musicaux de claviers et de vents. L'influence romantique de formations telles que My Dying Bride apparaît dans le chant clair, tantôt caressant, tantôt parlé. On peut néanmoins lui préférer Too Cold For Tears, dans une veine proche du funeral doom le plus touchant, rappelant Shape Of Despair par le chant caverneux et les mélodies funèbres habillées de choeurs. Là encore, Swallow The Sun surprend par quelques passages de chant plus typé black et des breaks à l'avenant qui marquent là encore le côté transgenre de Hope. Cette marche vers l'oubli déchirée de cris bestiaux et amers n'en est que plus limpide. Ces trois très belles pistes forment le coeur d'un album qui séduit.
Ainsi, les finlandais tendent des toiles doomy écrasantes et s'ingénient à y injecter des traces extrêmes rehaussant la force de frappe de leur métal. Un titre comme The Empty Skies est une nouvelle incarnation des orientations contrastées suivies sur Hope. Cette capacité à saisir l'auditeur aussi bien dans l'émotion pure, ou la puissance brutale que la qualité mélodique est une grande force de Swallow The Sun. Chaque piste regorge ainsi de trouvailles dont on ne peut que saluer la beauté, telle Doomed To Walk On Earth, de forme plus classique, évoquant des formations comme Mourning Beloveth. Puissance des guitares, caresses des cordes pour un mariage une fois encore réussi qui s'habille de choeurs féminins célestes et de cascades pianistiques comme de touches ambientes spectrales et de choeurs fantômatiques, le type même de combinaison qui réjouira l'amateur de doom inspiré.
Maître de son sujet, Swallow The Sun exploite une large palette aussi bien musicale qu'émotionnelle. Ce travail d'orfèvres est une bénédiction et donne une belle impulsion à la scène doom pour 2007. Hope est une oeuvre ciselé avec goût, terre de contrastes à la fois morbide et majestueuse dont les influences prestigieuses sont un enrichissement, et non un frein, à la créativité remarquable des musiciens. C'est sûr, vous entendrez parler de Swallow The Sun cette année, pour le meilleur.
A écouter : The JUstice Of Suffering, Don't Fall Asleep, Too Cold For Tears
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