En éditant Safety In Numbers (2003), Deep Elm Records poursuivait sa démarcation, ou avant-gardisme, vis-à-vis de la croissance émographique de l’époque. Pour cela, le label misait une nouvelle fois sur la scène suédoise avec ce premier effort de Surrounded.
Un album qui, à première écoute, est un véritable condensé des passages les plus apaisants de l’œuvre de Sparklehorse. Les arrangements «Deluxe», essentiellement violons et violoncelles, sont bien audibles, tout comme ces rythmiques détachées et lascives sur lesquelles se traînent les baguettes d’Erik Edwardsson. S’ajoutent à cela la discrète touche country de "Pro-Files", et enfin, de toute évidence, la troublante similitude des chants de Marten Rydell et Mark Linkous. Sparklehorse comme influence, mais pas seulement puisque Surrounded mise également sur l’alchimie brume et bruit des illustres My Bloody Valentine et Cocteau Twins. Un hommage qui n’empêche en rien la formation suédoise d’insuffler à sa musique une identité nationale très prononcée, renvoyant directement à leurs compères d’Ariel Kill Him et Jettie dans cette façon de mettre en musique des ruptures fébriles. Un premier album qui se situe donc à la croisée des genres, qu’il s’agisse de la (dream) pop, du shoegaze ou de l’emo, pour un rendu qui ne se voudrait pas si éloigner que ça dans sa description de The Gloria Record ou The Applessed Cast.
Reste qu'il manque malheureusement un peu de diversité, pour ne pas dire de panache, à ces 12 sérénades; ainsi les auditeurs les moins patients risquent fort de vite s’ennuyer, malgré la réelle beauté du disque (cf. "Hashima Skyline"). Une longueur, conséquence directe, que l’on espère rectifiée sur The Nautilus Years, afin de mieux atteindre la grâce écrite et jouée par ces formations précitées.
A écouter : "Linear Elevator"; "Exit Serenade"; "Hashima Skyline"