Sunn O)))
Drone / Doom

Kannon
Chronique
Dire qu’il était attendu serait un doux euphémisme. Six ans que les fans bourdonnaient d’impatience et le voilà enfin! Kannon succède à un Monoliths&Dimensions démentiel, qui à l’époque tranchait par une radicalité quelque peu aseptisée et une ouverture grisante vers d’autres horizons. Après une série d’albums collaboratifs plutôt tièdes dans l’ensemble, les Américains sont attendus au tournant.
D’emblée, quelque chose ne tourne pas rond. Trois titres, trente trois minutes, un album, six ans. L’album n’a pas encore tourné que l’on se demande si l’on n’a pas perdu un fichier en route ou si la mention « E.P » ne se cache pas quelque part. D’autant plus lorsque l’on jette un œil à la discographie du groupe et que, par exemple, un E.P comme Oracle sorti en 2007 culmine à presque quatre-vingt une minutes. Ce détail n’en est plus vraiment un lorsque cela fait six ans qu’est attendue la suite de ce qui est certainement leur meilleur album : Monoliths & Dimensions. Certes, il y eut entre temps quelques sorties collaboratives avec notamment Nurse With Wound (2011), Ulver (2014) et Scott Walker (2014). Toutes très alléchantes sur le papier mais globalement assez décevantes sur le fond.
Kannon a un ancrage très traditionnel. L’équipe habituelle est au rendez-vous : Stephen O’Malley et Greg Anderson à la composition, Randall Dunn à la production et les fidèles Attila Csihar et Oren Ambarchi figurent sur la liste des invités. Ainsi, fatalement, les trois morceaux éponymes qui composent ce nouvel album ont un air de déjà vu. Là où Monoliths & Dimensions prenait des risques, Kannon se veut beaucoup plus « conventionnel ». Entre guillemets, oui, il s’agit de Sunn O))) tout de même. Musicalement pourtant, il s’agit de leur album le plus accessible. Par sa durée bien sûr, mais également par son tempo curieusement élevé. Terminé la note d’outre-tombe prolongée quatre minutes durant, la variation est ici de mise. La voix toujours si impressionnante d’Attila Csihar vient se poser sur un terrain mouvant où la mélodie grappille petit à petit l’espace, bien loin de la dissonance extrême d’antan. Attention tout de même, Kannon n’est pas un mauvais album. S’il trouve tout son intérêt particulièrement dans sa première et dernière partie, celles-ci n’apportent toutefois rien de neuf et un certain manque d’audace se fait ressentir. Une déception par rapport aux attentes suscitées.
Presque vingt ans après sa création, Sunn O))) a acquis un statut de groupe culte, notamment grâce à des performances live uniques. Kannon ajoute une nouvelle pierre un brin chancelante à un édifice malgré tout solidement ancré dans la culture avant-gardiste du 21ème siècle.
Mon groupe de coeur qui ne m'a jamais déçu! Je sais pas expliquer pourquoi mais j'adore.