Sunn O)))

Drone / Doom

États-Unis

Monoliths & Dimensions

2009
Tracklist
1 - Aghartha 2 - Big Church (Megszentségteleníthetetlenségeskedéseitekért) 3 - Hunting & Gathering (Cydonia) 4 - Alice

Chronique

par vince-shi

Sunn O))) avait distillé les informations sur son nouvel album au compte goutte. Aucun leak sur internet avant le jour de sa sortie, aucun disque promo, rien si ce n’est des séances d’écoutes organisées dans quelques grandes villes, des reports de journalistes enthousiasmés par la première écoute, ainsi qu’un petit texte de présentation sur le blog de Southern Lord. On savait que Sunn avait tenté autre chose avec cet album et ça s’est confirmé dans quelques interviews où le groupe disait avoir exploré de nouveau territoires sonores, avoir aussi incorporé des ensembles de cordes et de cuivres dont le trombone de Julian Priester, auteur du magnifique album Love, Love sur ECM dans les années 70 et illustre collaborateur de Sun Ra, de Herbie Hancock (sur la trilogie MwandishiCrossings / Sextant notamment) et de John Coltrane sur l’album Africa / Brass. Et puis il y avait le nom du dernier morceau, Alice, en l’honneur d’Alice Coltrane – la femme de John – harpiste et pianiste de renom dont on imagine que les albums de jazz vibratoire à forte teneur spirituelle ont grandement apporté au duo. Avec toutes ces infos on avait en fait plus d’interrogations qu’autre chose à propos de ce fameux Monoliths & Dimensions. Et de sacrées attentes il faut bien l’avouer.

Et ces attentes n’ont pas été déçues. Pour couper court à tout faux suspens, Monoliths & Dimensions est probablement, à ce jour, l’un des meilleurs albums de Sunn O))). C’est aussi, comme ils nous l’avaient dit, leur opus le plus musical.

Aghartha, qui ouvre l’album, est à ce titre une véritable merveille. Non, ce n’est pas une référence volontaire au génial live éponyme de Miles Davis, même si tous les collaborateurs de cet album sont des fans convaincus du trompettiste. Disons que c’est plutôt un heureux hasard. Alors certes dans les premières secondes on se sent en terrain balisé : d'énormes riffs de guitare vibratoires à très basse fréquence qui font trembler les murs. Mais bien vite on remarque un travail sur le son encore plus énorme qu’il avait déjà pu l’être auparavant. En poussant le volume à niveau convenable, on entend tous ces détails, ces échos et ces nappes de son. Les vibrations diminuent, reprennent de plus belle, et le morceau respire, il prend vie. Et Attila Csihar (le chanteur de Mayhem) de broder autour d'une vieille légende qui révèle l’existence d’un continent sous les continents, à l’intérieur de la Terre, et qui répondrait au nom d'Aghartha. Ce dans la langue de Shakespeare, avec son génial accent hongrois en prime. Le morceau devient ensuite merveilleusement cinématographique, très imagé, avec un son et une ambiance ciselés. Grandiose.

Et puis il y a les deux morceaux centraux, plus courts, 10 minutes chacun, qui sont sans doute les morceaux les plus « classiques » (toutes proportions gardées) de Sunn O))). Pas péjorativement, juste que ça riffe comme jamais Sunn n’avait riffé, sur Hunting & Gathering (Cydonia) on jurerait même entendre Boris des Melvins mixé à n’importe quel morceau du Earth 2 de Earth. Tout cela ne fait rien perdre à la superbe de ces deux titres majestueux, avec leurs cœurs féminins glaçants de beauté et leur instrumentation luxuriante et parfaitement orchestrée. Cette grandiloquence fait prendre de la hauteur à l’album et lui donne une belle dimension spirituelle, païenne, mais sombre, jusqu’au profondément lumineux Alice.

Ah, Alice ! Jamais un morceau de Sunn n’avait sonné ainsi. Le récent live Dømkirke avait montré comme leur musique pouvait s’envoler. Avec Alice on est bien au-delà encore, plus haut, ou plus profond à l’intérieur. Il y a là quelque chose de presque floydien, d’aérien en tout cas. Le son des cuivres joue le jeu des larsens de guitare et même le silence, comme dans un morceau de jazz, devient musical. Au passage, comment ne pas penser à  It's About that Time de Miles Davis sur l'album In a Silent Way ? Et puis le solo de trombone de Julian Priester qui conclut l’album, à tomber de beauté, inonde l’album d’une lumière éclatante. La musique de Sunn est plus que jamais vivante.

Monoliths & Dimensions est un album résolument tourné vers les hauteurs. Sa conclusion ne fait que mettre en évidence la lumière qu’il y a toujours eu dans la musique du groupe, en profondeur. Méditatif et simplement beau, Monoliths & Dimensions est une forme d’aboutissement en même temps qu’une mise à nu de la musique de Sunn O))).

17

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.75
Avis 10
Radioshack August 24, 2014 15:57
Si je suis ton raisonnement burning frost je dois très mal écouter ce Monoliths & Dimensions, mais après quelques écoutes dans un espace temps séparé de plusieurs années ça reste toujours autant ennuyeux et pourtant mes horizons musicaux (que ça soit dans le metal ou pas) se sont nettement élargis.



Je ne veux pas faire mon troll mais essayer d'apporter une critique argumentée. La chronique est superbement bien écrite et pousse la curiosité du lecteur à devenir l'auditeur de cet album.



Les textures sont là, les nappes, l'ambiance travaillées dans la dentelle montrent à quel point cet album est un très bon travail artistique. Je ne vais pas nier ce point là. Ce qui me dérange le plus dans ce Monoliths & Dimensions sont les 4 morceaux... chiants comme le monde. J'y ai pris aucun plaisir à les écouter, et me forcer à chaque fois à finir les morceaux comme le skeud. Un calvaire. Je ne suis pas un fan inconditionnel de drone/doom metal mais j'apprécie néanmoins le précurseur dont le groupe rend hommage; Earth (surtout l'album The Bees Made Honey In The Lion's Skull). Je les compare sans forcément les comparer, les deux entités étant très différentes l'une de l'autre.



Sunn O)) a sorti là peut-être son meilleur album pour une grande majorité de son public qui n'est toute fois pas unanime. Je fais parti d'un public curieux, aimant la diversité musicale, bien qu'elle soit travaillée, si les compositions sont ressenties ennuyeuses à chaque écoutes il est donc intéressant de signaler que ce Monolith & Dimensions ne laissent pas de marbre chacun de ses auditeurs.



La fin d'Alice avec le duo cuivre/harpe est par contre agréable.
5 / 20
burning frost April 19, 2013 19:36
Un désormais incoutournable du drone/doom. Si au un premier abord ce type de musique peut sembler ennuyeux au possible, c'est que vous écoutez mal.



Ce type de musique est basé sur le ressenti des textures musicales utilisées. Et à ce niveau là, Sunn O))) réussit parfaitement à peindre des fresques à la fois abstraites et magnifiquement détaillée.
17 / 20
zonzons October 13, 2012 16:52
un chef d’œuvre !!!

monoliths & dimenssions est pour moi l’aboutissement artistique de la carrière musicale de sunn o))). sans aucun doute leur meilleur cd à ce jour. une incroyable richesse harmonique, une puissance démesurée, un grain sonore très travaillé, et surtout un final d'une beauté inégalée avec ce Alice, ce "solo" au trombone, tout simplement magnifique.

Sunn o))), sans renier ces origines "drone metalistique", parviens à intégrer d'autres univers sonores tel le jazz, la musique classique, la musique spectrale, le tout d'une rare cohérence une fois ceux-ci assemblés. de plus de cela on découvre un élément nouveau dans la musique du duo: de la lumière. élément quasi inexistant dans leurs travaux antérieurs. une luminosité qui rend leur galette encore plus organique, presque "humaine" (j'ai dit presque !!). tout deviens symphonie (au passage le casting des invités fait vraiment baver !!!!)

le chef d’œuvre de sunn o))), et un des meilleur disque de drone que je possède !!!
19 / 20
Natili February 15, 2012 01:16
Un classique de la musique "contemporaine" (que je range allègrement dans mon placard aux côtés des albums des compositeurs de musique spectrale.
20 / 20
slaughtear November 9, 2011 14:00
Magnifique et droooooone metal à souhait. Les choeurs de Big church sont tériffiants. Les guitaristes arrivent à créer des ambiances extraordinaires. Tout comme le titre de l'album, la musique est un monolithe, dont les parois s'éffondrent, se métamorphosent, se reconstituent indéfiniment. Mais alors que Aghartha nous clouait au sol avec ses riffs massifs de 100000 tonnes, Alice nous fait décoller lentement jusqu'à la descente finale, tout en douceur. (voix de gael dans 10min à perdre:) Ca marche bien !!!

Sinon petite info pour les fans de l'artwork^^ : la couverture est en fait une peinture de Richard Serra, de la série "rounds and out of rounds". Serra est surtout connu pour ses sculptures immenses en acier ressemblant à des tôles ondulées, comme de grands monolithes (d'ailleurs je commence à me demander si c'est pas un pote à Sunn o))), vu comment leurs travaux se ressemblent ). Vous pouvez voir le détail de la peinture à cette adresse: http://minimalexposition.blogspot.com/2010/02/richard-serra-in-two-dimensions.html
18 / 20
prypiat August 13, 2009 17:41
L'égal de Black One dans mon estime. Et c'est pas peu dire. Comme Blood mountain le souligne, il est plus abordable pour le commun des mortels, en partie grâce à des morceaux "courts" (il ne faudrait pas que cet excellent groupe ne le devienne trop, ca serait dommage, mais bon.. on va pas se plaindre)...



Plus mélodique (les VVVVRRRRRRRRRRRROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOZZZZZZZZZZZZZZZZZ à faire trembler les murs sont moins présents), varié comme un "White1", mais sans perdre son côté hypnotique et processionnaire (heu... désolé si ce mot n'existe pas, c'est le seul que j'ai trouvé pour décrire correctement leur musique^^)...

Les parties aux cuivres sont SUBLIMES. SUBLIMES (en majuscules) je vous dis. Ou même ORGASMIQUES (la fin d'"Alice" !!!! Mais quelle fin ! Mais quelle fin !!!). Pourquoi ils y ont pas pensé plus tôt ?

Tout l'album est teinté de quelque chose qui ressemble à du psychédélisme (en particulier "Alice", justement)... Des passages lumineux, d'autres très sombres, le tout exceptionnellement imagé, un énorme boulot à ce niveau !





Bon, je pourrais écrire des pages et pages sur ce qui est actuellement mon "album de chevet", mais on peut tout résumer par ceci : cet album est BEAU. C'est une première chez ce groupe. "Monoliths & Dimensions" est ce qu'on appelle une tuerie totale ! (en plus l'artwork est génial...)
20 / 20
blood mountain June 14, 2009 10:13
Sunn nous fait dans le grandiloquent avec avec Aghartha et Big church.



une intro classique qui fait trembler les murs de ma chambre (hum comme ça fait plaisir), juste une petite variante lumineuse et mélancolique (magnifique) avant l'introduction de la voix d'Attila qui me donne l'impression de retourner des siècles en arrière. très sombre au début pour aller vers quelque chose de plus imagé c'est très agréable.



un Big church monstrueux, grandiloquent, malsain à souhait. j'ai trouvé cette chanson géniale. c'est celle qui m'a le plus marqué pour l'instant.



Hunting and Gathering assez classique, petit retour en arrière dans la discographie de sunn.



et pour finir une très belle chanson, Alice, très aérien et lumineux.



je trouve qu'avec l'apport d'instruments supplémentaires, la musique de Sunn a pris une nouvelle dimension, beaucoup moins autiste. je trouve que cela rend leur musique plus abordable par un publique non inicié mais toujours autant appréciable.



comme à leur habitude, un artwork tout a fait en rapport avec la musique, toujours très soigné, très beau. rares sont les groupes qui accordent aussi bien les deux.



Big Church énorme en concert, j'ai été soufflé et submergé par la voix d'Attila, quelle folie!!! j'en redemande!
16 / 20
RobS June 2, 2009 20:32
Elle est où l'édition vinyl super limité pour ma collec, hein?

Pas d'autres reproches, ça commence en terrain connu avec un drone rappelant "Flight of the Behemoth", mais avant la fin du premier morceau on remarque de nouveaux éléments. Sunn semble liberé, surprend (quoi DEUX guitares?), ajoutes des chorus féminins par-ci-Big Church, énoooorme-, des doubles basses par là, divers instruments, multiplie les interventions pour finalement pondre un disque qui selon certains camarades anglo-saxons pourrait marquer une évolution majeure dans la musique extrême. A l'écoute du dernier morceau, en tout cas, une chose est claire: leur drone vrombissant n'était pas une impasse. Magistral.
18 / 20
Euka June 1, 2009 07:12
Album majestueux, du Sunn en grande forme, qui s'oriente vers un côté plus lumineux. Les cuivres sur "Alice" sont grandioses, et ce Monoliths & Dimensions colle parfaitement à son artwork : un trou noir dans lequel on sombre sans fin, sans possibilité de s'en échapper.
18 / 20