Sunn O)))

Drone / Doom

États-Unis

Dømkirke

2008

Chronique

par Euka

Ca vous dit quelque chose Sunn O))) ? Les mecs qui jouent en robe de bure un drone doom que beaucoup considèrent comme du bruit. Dømkirke est la dernière production du duo O'Malley / Anderson, rejoint ici par Attila Csihar (Mayhem), Steeve Moore et Lasse Marhaug. Alors pour la petite histoire, Dømkirke signifie Cathédrale en danois, ce qui tombe bien car ce double LP fut enregistré dans celle de Bergen (Norvège). Et une fois les vinyles entre les mains, reste à savoir si la musique sera aussi lourde que l'objet lui-même.

Quelques applaudissements, puis la première note résonne. Tendue, infinie, hypnotique, elle reste fixe et envahit les tympans pour s'y loger discrètement. La patte Sunn O))) est là, et lorsque le chant résonne, accompagné par un orgue macabre, la messe débute. 58 minutes intenables pour les allergiques au drone. Why Dost Thou Hide Thyself in Clouds? met en avant les cordes vocales d'Attila, prédicateur de mort sur fond d'orgue apocalyptique. Jamais agressif, il scande ses prophéties tel un prophète possédé, amplifié par la résonnance de la cathédrale. Cannon rapproche Sunn O))) de CandleGoat (Black One) avec ses chuchotements mystérieux, murmures oubliés du passé tandis que Cymatics rappelle Flight Of The Behemoth (avec Merzbow) de par sa nature plus bruitiste. Et le final Masks of the Ætmospheres qui clôt l'album de la même manière qu'il fut ouvert : une note tenue à perdre haleine, puis des applaudissements. Sunn O))) alterne monstruosité et caractère saint sous sa parure, grâce à la nature du chant d’Attila et cet orgue funèbre, qui enchaînent ces sentiments en quelques secondes. La poésie et aura de White 1 & 2 a été corrompue par les morsures putrides de Black 1.

Ce Sunn O))) est, comme on pourrait s'y attendre, plus religieux, laissant les robes décrépies trainer derrière les notes fantomatiques des musiciens. Véritable condensé des précédents albums, Dømkirke est un live prenant, atmosphérique et complexe. Au-delà du simple fait d'enregistrer dans une église et de toute la symbolique présente, l'ambiance musicale se veut plus lourde, amplifiant le moindre son pour le décupler, ce qui rappelle sans conteste White 1 et White 2. Sunn O))) est majestueux, vêtu d'un simple vêtement. Le groupe fait vibrer ses notes pour marquer l'auditeur, lui imposer sa musique. On pourra toujours entrer dans l'éternel débat propre à ce style, à savoir musique ou bruit, mais les convertis se délecteront de cette nouvelle sortie grandiose mais intime. Les musiciens prennent aux tripes, s'insinuent dans les moindres recoins du cerveau et le malmènent pour notre plus grand plaisir.

Dømkirke est un très bon live, surtout après le faible Oracle, et la dimension apportée par l'enregistrement dans un lieu saint le rapproche d'une antithèse à Black One. Pourtant, de nombreuses parties vocales font pencher la balance, créant un équilibre incertain mais maîtrisé. Sunn O))) continue sur sa lancée, et prouve qu'après une discographie plus qu'intéressante, le duo ne s'empêtre pas dans la redite.

16

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.5
Avis 2
RobS April 22, 2009 19:47
J'en suis persuadé, sur le premier titre Attilla chante en se douchant dans le bénitier.
16 / 20
blood mountain October 27, 2008 15:28
il me le faut absolument! mais il en reste plus en vente. rrrhh ça me fout les boulles !!!
16 / 20