La nouvelle vague du Heavy Metal américain est décidément pleine de ressources. Outre la claque Eternal Champion qui a, avec The Armor Of Ire, réveillé en nous le chasseur de dragons qui avait tendance à abuser de la sieste ces derniers temps, un autre groupe a profité de l’année 2016 pour venir squatter nos écouteurs avec un disque d’une efficacité remarquable. Sumerlands, qui partage d’ailleurs deux de ses membres et de nombreuses scènes avec Eternal Champion, a en effet livré un premier album concis, cohérent et qui prouve que le genre a encore de beaux jours devant lui. Sans aucune fioriture, le groupe lâche en effet une demi-heure de Heavy à la fois moderne et respectueux de ses influences. Ne pas laisser la nostalgie prendre le dessus tout en laissant ses sources d’inspiration affleurer constamment à la surface de sa musique est en soi une performance à signaler.
The Seventh Seal et son riff « Van Halenien », cousin de celui d’Ain’t Talkin’ 'Bout Love, annoncent d’entrée la couleur : Sumerlands n’est là ni pour beurrer les sandwichs, ni pour s’éterniser. L’efficacité est le fil conducteur d’un album qui s’enfile comme votre tee-shirt préféré de Manilla Road, avec le sourire aux lèvres et la certitude de passer un bon moment. Les soli se font relativement discrets, mais pertinents, venant simplement apporter la touche finale à des morceaux dont les riffs peuvent laisser une impression mitigée dans un premier temps en raison de leur relative simplicité, mais qui s’intègrent à une démarche mettant davantage en avant l’énergie et la sincérité qu’une quelconque démonstration technique (The Guardian, Timelash). Les guitares, à la fois tranchantes et percutantes, portent le disque, qui bénéficie toutefois également du très bon travail du batteur et d’une production précise et ample. Le chant, plongé dans la reverb, évoque une noirceur que l’on ne retrouve pas forcément chez le faux jumeau Eternal Champion et qui vient, ici, apporter une nuance significative. Si la dimension épique de la musique de Sumerlands est en effet indéniable (« Fight 'til the death, Until the end of times » sur The Seventh Seal), elle est marquée par une réflexion qui dépasse le simple affrontement, typique du genre, entre forces du bien et du mal pour verser dans un réalisme empreint de lucidité (« How far can one fall, How dark is the longest day, How low can one crawl » sur Blind).
Aussi à l’aise sur des morceaux mid-tempo (Haunted Forever) que sur des cavalcades endiablées (Spiral Infinite), Sumerlands donne l’impression de se prendre au jeu de l’épopée héroïque sans en être totalement dupe. Il en résulte un Heavy Metal adulte, qui ne cache pas sous le tapis les angoisses relatives au monde réel, tout en laissant suffisamment de place à l’imagination pour conserver assez de naïveté et d’optimisme. L’instrumental éponyme qui clôt l’album, ouvert à l’interprétation, en est la parfaite illustration : Sumerlands est avant tout un disque dont vous êtes le héros. A vous d’y apporter ce que vous voulez.