2001, année où le raz de marée Sum 41 déferle avec le single "Fat Lip". Considéré par beaucoup comme le premier véritable album du groupe (ce qui est inexact, puisque Half Hour of Power, malgré sa courte durée, est un album à part entière), All Killer No Filler est un peu le Enema Of The State des canadiens : album du succès, qui les a fait découvrir au public, notamment grâce à des tubes radios ("Fat Lip", "Motivation"), c'est surtout le disque de 4 ados qui ne cherchent que le fun et la musique...
Pour ceux qui l'auraient oublié, Sum 41 s'est fait connaitre grâce au tube "In Too Deep". Avec ses 3 minutes 30 (soit près de 1/10ème de l'album), c'est l'un des morceaux les plus longs de All Killer No Filler. C'est aussi le parfait exemple de la formule du quatuor sur All Killer No Filler : chansons relativement courtes, refrains enjôleurs et faciles à mémoriser, un court solo pour jouer du Air Guitar, ... Et cette alchimie se retrouve sur la quasi-totalité des morceaux, de "Nothing On My Back" à "Heart Attack", et ce ,même si le groupe ose quelques excursions musicales ("Fat Lip" et son chant très rap, pouvant facilement faire penser à un Beastie Boys, réitéré sur "It's What We're All About", de la bande originale de SpiderMan, le très heavy "Pain For Pleasure", au clip digne des meilleurs moments des années 80).
Pourtant, au-delà de son statut de groupe à teenagers, Sum 41 est autre chose qu'un produit marketing vendu en boucle par les chaines de télé et les radios. Loin des blagues potaches ou très « pipi-caca » de leurs ainés de Blink-182, les 4 garçons parlent de problèmes de leur génération : paroles rebelles d'ados en pleine révolte sur "Fat Lip", le manque de motivation sur "Motivation", la rupture sur "Crazy Amanda Bunkface". Au-delà du concept diffusé au travers des clips et autres moyens promotionnels, All Killer No Filler est un des albums phares d’une vague musicale, aussi bien musicalement qu’historiquement. On peut qualifier le groupe (ou l’album) de commercial, de vendu, ou même de phénomène de mode, on ne peut renier sa qualité musicale. Une intro sur "Heart Attack" très largement inspirée d’un "What’s My Age Again", la montée en puissance avec ce « I Know What I Want » sur "Rhythms" ou encore le très rapide "Never Wake Up". All Killer No Filler déborde d’éléments, de passages ayant presque hissé cet album au statut de culte comme Punk In Drublic de Nofx ou Enema Of The State de Blink-182, par son ouverture à un style musical pour un large public.
All Killer No Filler n'est sans doute pas le meilleur album de Sum 41, loin derrière Half Hour Of Power ou Does This Look Infected ?. Pourtant, malgré ce côté pop-punk ado, c'est aussi un bon disque, avec ses mélodies entrainantes, ses refrains faciles à mémoriser et ses quelques influences recrachées (Judas Priest et Iron Maiden sur "Pain For Pleasure" par exemple). Reléguer All Killer No Filler au statut d'album calibré radio serait réducteur, même si cette facette de l'album se fait ressentir sur la plupart des morceaux. Pourtant, c'est aussi un disque qui respire le fun des teenagers de Sum 41, avec des relents de maturité, impression confirmée par le très bon Does This Look Infected ?.
A écouter : Fat Lip - Rythms - Pain For Pleasure