Sugartown Cabaret
Emo/Punk/Post

Beyond Foams
Chronique
La tradition en musique, c’est souvent d’y aller en crescendo, de commencer par une introduction, par une douce mise en bouche. Mais Sugartown Cabaret emmerde la tradition.
"The Tides" le prouve, pour ceux qui en doutaient. Au départ en ligne, il n’y a que Sugartown Cabaret. Que sa tête, que ses instruments, que ses tentacules. Comme une hydre. Le groupe bouffe littéralement les premières secondes de l’opus et flanque d'emblée une bonne rafale à la platine par la nervosité de son couple chant/guitares emmêlées. On retrouve alors ce qu’on avait aimé dans les précédents efforts : ce cri contenu, mi screamé/mi parlé, porté par de beaux textes en anglais, et puis, ce je ne sais quoi de triste sans l’avouer dans l’agencement des notes.
Ce qui a changé toutefois – car entre chaque sortie, Sugartown Cabaret opère une mue -, c’est un certain délaissement des parties les plus énervées. Le côté corrosif n’est plus, remplacé par une facette plus désabusée que caractérise l’inclinaison de tout Beyond Foams pour un post-rock/post-core sinueux. A l’instar de Aussitôt Mort ou Le Pré où je suis mort, les caennais jouent un acte plus grave, plus étiré, en reprenant les sonorités et les variations rythmiques propres à la discipline ("Nothing Is Mine", "Hazard Lights"). Plus languissant (l’excellente Feeling thrilled with the guests et son tempo en à-coups), plus maniéré aussi – au sens noble du terme –, Beyond Foams ne marche pas dans les mêmes plates bandes que son prédécesseur. D’aucun diront qu’il est de ce fait un peu moins inspiré, moins simple d’accès et d’apparence plutôt linéaire. C’est possible, et quelques variations plus énergiques n’auraient probablement pas nui au propos en effet. Mais ici, Sugartown Cabaret recherche autre chose que l’hétérogénéité. Il s’agit d’entrainer l’auditeur au milieu d’un nuage gorgé de pluie et d’éclairs.
En écoute sur MS.