Biographie

Suffocate for Fuck Sake

Formation suédoise ayant vu le jour ce dernier siècle, Suffocate for fuck Sake a choisi la carte de la discrétion : on ne sait donc que peu de choses sur son compte, raison de plus pour se concentrer sur ses efforts discographiques. Après un premier EP en 2004, le groupe est revenu en 2008 avec son premier album, mélange détonnant screamo / post-hardcore sur lequel on aurait greffé une bonne dose de spoken word. Se réclamant les héritiers de Sigur ros, Breach, Cult of luna, Mono, Mogwai et consorts qui seraient brassés en même temps, force est de constater que Suffocate for fuck Sake a... raison.

Chroniques

Fyra In My Blood
16.5 / 20
3 commentaires (16.17/20).
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Fyra ( 2021 )

Suffocate For Fuck Sake nous gratifie cette fois de 82 minutes de Screamo / Post Rock. Ne cherchez pas plus, refrénez vos ardeurs, les douze morceaux sont tout autant complexes qu’ils contrebalancent avec la spontanéité de ce qu’ils évoquent. En 4 thèmes majeurs (Fyra signifiant d’ailleurs Quatre en Suédois), les artistes poursuivent leur exploration sonore tout en maintenant un voile mystérieux autour d’eux.
Décomposé à nouveau en une oeuvre-concept (4 chapitres : Mickael, Mia, Adam et Martina), cet opus aborde à nouveau des sujets tout aussi torturés : d’une addiction à la drogue, on passe à l’alcoolisme et son impact familial, puis celle au jeu et enfin la nourriture. Suffocate For Fuck Sake n’a jamais dressé un portrait lumineux des gens qu’il évoque, même si un espoir est toujours là à la fin, et tout respire une amertume assumée, vicieuse.

« Your Pain Is Mine / And I Am Yours / I’ll Be Your Guard Wherever You Go »

S’il s’ouvre sur un titre assez classique pour quiconque aura écouté un peu Suffocate For Fuck SakeFyra fait vite crépiter les braises sonores : « All Our Memories » et son chant hurlé à la Mihai Edrisch, ses spoken-words, ses nappes electro. Tout une base sonore qui fait de Suffocate For Fuck Sake une entité protéiforme, gardant sa structure initiale mais dont les contours restent indistincts, franchissant parfois quelques limites identifiées en amont (le chant sur « Alone », véritable déchirement émotionnel) ou s’aventurant parfois ailleurs (la surprenante partie vocale de « Hope » ou le passage central de « To Fall Apart », si ce n’est le prenant « Small Comments »).

Présents par petite touche sur In my Blood ou Blazing Fires and Helicoters, les spoken-words féminins prennent ici une place plus importante, contrebalançant la partie hurlée masculine évoquant parfois Cult Of Luna (la dernière minute de « Alone » ou la montée en charge de « Hope »). Fyra arrive a trouver un équilibre entre toutes ses aspérités, pouvant se targuer d’aller au-delà du premier album en termes d’intensité mais aussi de justesse. Et même si l’on est plus forcément habitué à une telle longueur pour un LP, tout s’enchaine ici avec cohérence au sein de ces quatre chapitres, notamment sur des chevauchées émotionnelles comme « Here ». A en frissonner jusqu’aux derniers instants.
S’il traite d’addictions, Fyra n’est pas pour autant viscéral, empli de pulsions. Des passages aériens, loin des tripes arrachées précédemment, viennent ainsi enrichir l’ensemble et évoquent la délicatesse d’un Sigur Ros. En continuant à déployer son ombre sur d’autres ajouts (« Small Comments »), Suffocate For Fuck Sake laisse imaginer qu’une réflexion de cinq ans permet de créer un ensemble toujours plus complexe, presque cinématographique.

En prenant les douze pièces de front, dur de ressortir indemne émotionnellement. La multiplicité des chants, des ambiances et des parties instrumentales peut parfois mettre les nerfs à rude épreuve. D’autant plus quand on porte attention aux paroles et que l’on prend de plein fouet la violence dégagée telle une aura brûlante (le combo « The Surface » / « Hope » et cette basse hypnotique, ou l’épuré « Small Comments »). Les spoken-words sont quand à eux angoissants, constats d’une chute infernale jusqu’à la lie (« Alone ») et témoignages d’une souffrance presque banale et subie.

« What happened was that when they started to meet this man, they did not drink at home, she instead started to leave us alone at home alot. Me and my Youngers siblings. My little brother was only about a year aloud and my little sister was probably 3 years old. »

Fyra lâche une nouvelle flopée de titres qui mettent Suffocate For Fuck Sake à nouveau dans la trajectoire des adeptes du mix Screamo / Post-whatever. Arrivé sans trop crier gare avec un artwork qui rompt totalement avec les teins grisâtres des sorties précédentes, ce nouvel opus amorce une nouvelle approche musicale pour les Suédois, avec à nouveau une oeuvre concept riche. Saurons-nous un jour ce qui compose cette entité ? Pas sûr, mais je n’en démords pas, Suffocate For Fuck Sake reste vraiment sous-estimé.

15.5 / 20
3 commentaires (16.83/20).
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In My Blood ( 2016 )

Lorsque Suffocate For Fuck Sake prend la parole, c’est comme si un vif vent soufflait sur les premières lumières nocturnes. Piquant au vif, sombre dans son atmosphère mais aussi son apparence, In My Blood crache aussi violemment aux oreilles que le laisse présager son artwork. On avait été servi dans une histoire de chute de l’esprit dans Blazing Fires And Helicopters, il semble que ce soit à nouveau le cas ici.

« Down in the dune, slowly it starts to sink in. Slowly downwards. 
It washes over our legs. The clothes. The grip. 
We’re stuck. The force. We try, bravely. 
Everything is pointless, everything is in vain. Staring down into the dark ground.
 » 

Parce qu’ils sont Suédois, ou que leurs inspirations donnent cette sensation, on retrouvera les sonorités Post-Hardcore des premiers Cult Of Luna / Breach sur « Sentence », flirtant toujours avec un Screamo poisseux, qui n’a au final d’accointance avec le genre que par le chant. Pour autant, In My Blood possède une vraie noirceur désabusée (« Sentence »), mais plus portée sur la musique que sur l’ambiance qui s’en dégage.
On est clairement au croisement des genres, tenant des titres sur la longueur mais usant d’éléments généralement plus propres au Screamo, à l’instar de groupes comme June Paik dans l’idée. Le parallèle avec Heaven In Her Arms serait censé, si ces derniers n’intégraient pas une dimension plus composées en mouvements que SFFS, qui prend assume pleinement la volonté d’une progression lente et sans véritable rupture.

Ereintant, clairement éprouvant au bout de quelques écoutes, In My Blood use des cordes via l’ajout de violons pour appuyer ce côté désespéré du chant, larmoyant dans certains passages sans basculer dans un côté mièvre qui casserait toute la rythmique du disque.
Les touches de claviers, plus parsemées qu’étouffantes, créent presque un premier décalage dans l’assimilation de ce nouvel opus : presque poussées trop en avant sur « 33 years ago », elles créent une dissonance dans la musique lorsque trop surexposées, mais bizarrement s’intègrent parfaitement lorsque les spoken words s’y ajoutent. Il est d’ailleurs fortement recommandé de lire ces derniers pour saisir le message porté, bien au-delà des sons en eux-mêmes.

« I’m sure it was a routine, routine cases for them. And I can’t imagine a medical officer of health who goes home and cries over making the decision to sterilise someone. Or sterilisation terms. No, your way of thinking is a bit foreign to me I’m afraid. 
Is it that they see… those who sit… 
They don’t see the patient. They make the decision on paper. They make it on paper.
 »

In My Blood n’est donc pas exempt de défauts, surtout si on le compare à Blazing Fires And Helicopters et sa lente descente aux enfers, peinant à en effleurer la surface. Des morceaux comme « Carnage » ou « Are You Happy With Your Life? » s’en approcheront, mais il manque véritablement parfois ce brin de folie de « Empty » qui basculait vers un Post-Hardcore instable ou l’agonisante et apaisante « They Try To Cheer Me Up By Saying I Did Once Live A Functioning Life ». Suffocate For Fuck Sake a bien plus pris de l’influence Post que des relents Hardcore que l’on pouvait identifier sur l’album précédent.

« You said you'd always be here »

In My Blood était la bonne surprise, après 8 ans sans véritable signe de vie. Ayant alourdi son style entre-temps, SFFS semble bien relancé,. Peut être un nom trop vite oublié avec les années, mais sans problème un très bon disque, à en chialer.
Néanmoins, si vous souhaitez faire un premier pas dans la musique de Suffocate For Fuck Sake, je vous invite vivement à écouter en premier lieu Blazing Fires And Helicopters On The Frontpage Of The Newspaper. There's A War Going On And I'm Marching In Heavy Boots.