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Biographie

Subterranean Masquerade

Projet d’un homme, Tomer Pink, Subterranean Masquerade existe depuis 1997. Avec la ferme intention de vouloir révolutionner la musique (rien que ça), le bonhomme a du coup mis du temps à réunir les moyens humains et matériels pour enfin mettre ses diaboliques stratagèmes et c’est seulement en 2004 que les premier enregistrements de la formation ont enfin pu être montrés au grand public. Un ep de deux titres, Temporary Psychotic State lance la trilogie X et sort sur le label The End Records, prouvant les intentions de la formation en puisant des influences tant dans le rock progressif que dans des musiques psychédéliques et naïves, allant du métal le plus extrême au jazz le plus léger.
Après une participation à un tribute album aux légendaires Dead Can Dance, Pink s'attelle à la confection du premier album qui permettra de réellement entrevoir son talent de composition. S’entourant de musiciens expérimentés afin d’obtenir le meilleur rendu pour ses créations, il propose donc un Suspended Animation Dreams en 2005 très ambitieux et varié, conglomérat d’un nombre incalculable d’influences, disque de huit titres à l’ambiance naïve et poétique unique. Subterranean Masquerade revient avec un ep, Home, en 2013.

Chronique

Suspended Animation Dreams ( 2005 )

Créer une œuvre sans limites, une œuvre sans frontières, une œuvre si personnelle qu’elle produirait son propre univers, enfanter une merveille à la poésie ambiante et à la magie incroyable. N’est-ce pas là un doux rêve ? Et n’est-il pas beau de fantasmer sur l’irréalisable et de tendre vers des concepts idéaux, malgré toutes les imperfections que l’influence de l’Homme peut produire ? C’est précisément ce que ce premier album de Subterranean Masquerade (suite de la trilogie X entamée avec l’EP Temporary Psychotic State) tente de faire, grâce à une musique aussi débridée que naïve, à l’ambition prétentieuse.

Comme si la déraison avait emparé Tomer Pink, le voilà qui se prend à rêver de situations idylliques, de beauté, d’amour, d’amitié, de paradis, comme si la délivrance était proche, qu’il suffisait de lui sacrifier une ode pour qu’elle vous tende les bras. Et quelle ode ! Tout cet état d’esprit émerveillé se ressent pleinement au cours de ce Suspended Animation Dreams. Cela commence évidemment avec tout le côté packaging qui parachève le tout et qui après plusieurs écoute se révèle illustrer à merveille la création du phénomène. Des dessins d’enfants aquarellés aux couleurs faussement chaudes mettent en scène des sujets pris aux pièges de leurs rêves. L’espoir d’un futur meilleur les a semble-t-il conduit à une irrémédiable aliénation, une pente glissante et dangereuse dont ils n’auraient su apercevoir les symptômes tant ils visaient et visent encore la perfection. Ce ressenti est exactement celui que l’on peut avoir à l’écoute de ce magnifique disque. Un tourbillon de douceur et de beauté vous envahit peu à peu, une délicate chaleur embaume votre esprit, et déjà sans que vous ne le soupçonniez, les sirènes de cette déliquescente masquerade ont déjà pris possession de vous. Là, tout n’est que merveille, la musique n’est que l’instrument de ce voyage des sens, mais les choses vont bien au délà.
Rien ne semble choquer, tout est parfaitement agencé sur ce Suspended Animation Dreams. Les bases sont familières puisqu’il s’agit avant tout d’une musique progressive oscillant entre rock et métal, mais rien n’est brusque, et même si les passages les plus hirsutes ne sont pas sans rappeler Novembers Doom (groupe principal de Paul Kuhr, qui assure ici les parties vocales, avec son growl profond mais aussi une magnifique voix claire), tout est naturel, mielleux presque et se déroule sans accrocs. Pléthore de détails sont utilisés pour nous faire parcourir une virée fantastique. Ainsi, on ressent beaucoup d’éléments de world music, comme sur le majestueux No Place Like Home, qui n’hésite pas à nous faire franchir tour à tour une triste country (grâce à un subtile harmonica), une pop douceâtre sur fond de violons et de pianos qui déjà se durcit grâce à ce fameux growl et un discret riff distordu, puis une délicate mutation en un rock arabisant, pas sans rappeler le fameux Mabool d’Orphaned Land, fait de cœurs magnifiques et de percussions enjouées. Et tout cela se mélange, s’entrechoque, sans le moindre complexe, sans même créer d’aversion à l’écoute. Et durant plus de 50 minutes, les thèmes les plus variés sont abordés et les couleurs musicales s’enchaînent avec une surabondance d’instruments, que ce soient le piano ou les guitares (sèches ou distordues) omniprésents ou d’autres plus rares comme les cuivres (trombones, saxophones, trompettes)  les bois (flûtes, Clarinette) ou d’autres types de cordes (Mandoline, Harpe, Violons). Le voyage est pour le coup vraiment trépident, riche et épique, passant du coq à l’âne mais donnant pourtant une impression de cohésion fabuleuse venant d’ailleurs de ce retour récurent au cours des titres à des éléments plus familiers. Les rythmiques de la batterie sont toutes clairement apparentées au rock, même dans les passages les plus virulents qui peuvent même se fondre en véloce double-pédale, et l’on retrouve régulièrement des éléments très métal, même au cœur d’un certain fouillis instrumental. Ainsi, le growl de Kuhr n’a aucun problème à venir s’inviter sur un piano solitaire (Awake), et les progressions heavy se mêlent au tout, et évidemment sans causer de gêne, car comme je l’ai déjà dit, tout se tient et de la plus belle des manières de surcroît. Peut-être aurait-on alors aimé plus fou encore, se noyer encore plus dans ses repères, ne retrouver aucun élément connu, se voir transporté dans un monde encore plus lointain, insensé, et transformer cette folie douce en une décadence incontrôlable.
Alors qui sait, peut-être sera-t-on exaucés avec les prochaines offrandes de Subterranean Masquerade, l’œuvre de Pink ne fait-elle peut-être que commencer et cette trépidante évasion, suite logique de son prédécesseur aura-t-elle peut-être droit à une prolongation magnifique dans une parfaite continuité de Suspended Animation Dreams. Et si cela n’était qu’un rêve ? 

A écouter : oui