Très peu connu en France pour le moment, Stray from the Path
fait partie de l'affiche du Download France cette année, l'occasion de se
pencher sur Rising Sun et de décrypter un peu ce qui fait le style et l'originalité
du combo new yorkais.
Tout au long des trente trois minutes on a le droit à un
cocktail survolté assez difficile à définir clairement. Composé d'early metalcore,
c'est-à-dire sans chant clair, ni passages ambiancés avec auto tune et riffs putassiers,
d'un coté punk hardcore surtout au niveau des intentions musicales, d'une
sensibilité néo metal principalement identifiable sur les attaques à la guitare
et la propension de la batterie à utiliser les cymbales crash à outrance.
Enlevez tous les cotés mainstream et commerciaux associés à ces styles, ajoutez
un peu de mathcore juste histoire de déstructurer et vous aurez une idée de ce
à quoi ça peut ressembler. (ou pas) Ceci dit, une musique non catégorisée n'en
est pas moins bonne, juste plus compliquée à expliquer à quelqu'un qui ne la
connais pas.
La production est entièrement tournée de manière à donner le
plus d'impact possible. Les tonalités sont toutes aiguës, qu'ils s'agissent de
la guitare et de ses sur-saturations d'effets(sur lesquels on reviendra en
détail plus tard), de la basse en retrait, ou bien évidemment du chant de Drew
York avec son timbre haut perché. Ces vibrations rapides renforcent
l'impression d'énergie dégagée et que la musique est un mouvement inorganique,
ainsi alternées avec les silences, on a un rendu extrêmement punchy et qui rend
un maximum d'efficacité alors que le tempo n'est pas spécialement rapide et que
techniquement, tout reste très simple à exécuter. Les meilleures titres se trouvent
d'ailleurs être ceux qui jouent au mieux de ce schéma : Death Beds, Crashing Down, Rising Sun ou encore Bring it
back to the Streets. L'inverse marche également, et Dead Rabbits et Center of
Attention, toutes deux plus traditionnelles sont un peu en retrait par rapport
aux autres.
Autre élément distinctif et propre au quatuor américain c'est
cette tendance au minimalisme et cet habile jeu entre ce que l'on entend et ce
qui est suggéré. Après tout quand la
concision est au service de l'éloquence, toute note devient superflue. Les
silences sont ici plus importants que la musique car ils sont à l'origine du
mouvement et de la force des breaks qui jalonnent outrageusement les morceaux.
Si l'on écoute bien, la batterie joue vraiment la carte de la sobriété comme si
son rôle était de porter la non-mélodie du morceau. En effet, la guitare
n'apporte que très peu de mélopée, se concentrant quasiment exclusivement sur
la dissonance et même quelque part sur la disrythmie avec ce foisonnement de
silences même si les temps forts sont très lourdement marqués. Sobriété ? Pas
vraiment. Ces notes aiguës et surdosées d'effets qui donnent cette teinte aigre
aux chansons et dont Tom Williams abuse de manière paroxystique, sont tout sauf
modérés. Et ce sera d'ailleurs le reproche principal de cet album, cette
overdose, certes efficace néanmoins abusive, de l'emploi de cette méthode.
Cinquième album, Rising Sun est maîtrisé et est
l'aboutissement du style que Stray from the Path a perfectionné au fil des ans.
Une vraie personnalité se dégage de cet opus à l'identité singulière. Certes
épileptique, cette marque de fabrique qui est la leur permet une identification
rapide faisant fi des cadres imposés. Reste à découvrir en live si la fièvre se
transmet.
A écouter : Death Beds, Rising Sun