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Biographie

Stonebirds

Stonebirds est un trio de Sludge Rock Psychédélique qui voit le jour en 2008 dans la belle région de Centre-Bretagne, c’est ailleurs celle-ci qui inspire la musique lourde et sombre du groupe. Après la traditionnelle démo d’usage, la formation partage un split LP avec Stangala, puis suivra un EP digital avant que ne paraisse en 2015 le premier album : Into The Fog… And The Filthy Air chez Pink Tank Records. L’opus est enregistré en studio 100% analogique, le but étant une production raw et vintage. Stonebirds est très influencé par The Melvins, Kylesa ou encore Yob. Après quelques dates et notamment une en 2016 au Metalorgie Fest, le trio compose un nouveau long format, Time pour 2017, enregistré exactement dans les mêmes conditions que le précédent, lorgnant davantage sur le coté obscur des oiseaux qui planent. Il faudra attendre trois ans et la venue d'un certain virus pour voir débarquer le troisième album, Collapse and Fail hébergé par Ripple Music, s'enfonçant encore un peu plus loin vers d'obscurs chemins.

17 / 20
5 commentaires (16.4/20).
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Collapse And Fail ( 2020 )

Depuis 2015 et le très fameux Into The Fog… And The Filthy Air le trio breton monte en puissance. En effet Time nous a corrigé le faciès via une lourdeur spatio-temporelle ajustée, construite avec la précision d’un horloger autour d’un socle poisseux, vivant, renversant. La direction prise laissait imaginer une suite encore plus grasse et perturbée, et ça n’a pas loupé, Collapse and Fail sonne le glas d’une histoire vouée à l’échec. Un somptueux échec, évidemment enregistré en direct pour ne pas changer une démarche qui gagne.

Alors que nous contemplions le relatif calme avant la tempête en slow-motion sur le précédent, ce nouvel album place une certaine urgence au premier plan, et on le pige instantanément avec le Sludge / Hardcore prédateur d’Only God, mais les oiseaux hitchcockiens n’omettent pas leur caractère aérien ni un goût prononcé pour les contrastes, et très vite la voix claire de Fanch (guitare) résonne et stationne au-dessus du champ de bataille, tandis que les cordes vocales hurlées/déchirées de Sylvain (basse) transpercent l’écorce terrestre. Les mouvements varient constamment, ralentissent pour mieux nous écraser la bouche au fond des tranchées, puis s’évaporent, caressent les étoiles (Stay Clean) et nous font redescendre en douceur dans une dimension Post-Rock mystique et enveloppante, néanmoins inquiétante (Down). 

Le moment est venu d’éteindre la lumière et de sombrer sous les riffs tordus, laissant émerger une mélodie désespérée, témoin de la déchéance d’un monde à l’agonie, qui ne se relèvera manifestement jamais du désastre dans lequel il s’est sciemment vautré. Une lueur vacille au loin, qui deviendra brasier sous le marteau pilon de Fade Away, d’où émerge le chant clair résistant tant bien que mal aux assauts d’une section rythmique affûtée, de plus en plus véloce, se concluant par une simple note de piano. Ponctuel répit avant l’ultime bagarre éponyme, qui – on s’en doutait – ne connaîtra pas de fin heureuse : les larsens fusent, les riffs se déchaînent, batterie et basse fusionnent dans la crasse au milieu des cadavres encore fumants. On observe un instant en suspension via des touches de guitare cristalline, et on replonge définitivement dans la vase saignante. La mort et la désolation l’on emporté. L’échec est tonitruant.

Les Stonebirds n’en finissent plus de surprendre depuis 2015, précisant leurs intentions de plus en plus ombragées tout en affirmant une bipolarité entre ambiances lumineuses, spatiales, et déflagrations terriennes, viscérales, le tout embarqué dans un contexte chaotique, où l’on assiste impuissant à la fin d’un monde. Plus ramassé que ses prédécesseurs Collapse and Fail représente peut-être aussi la fin d’un cycle pour le trio, qui semble avoir bouclé cette triste et profondément pertinente aventure, avec la manière.

Collapse and Bandcamp.

A écouter : seul.e dans l'obscurité.
16.5 / 20
4 commentaires (16.88/20).
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Time ( 2017 )

En avril 2016 les bretonnants Stonebirds nous avaient fait l’honneur de leur présence au Metalorgie Fest, où la masse d’êtres vivants ayant assisté au concert en est ressortie ravie, certains visages affichaient même quelques sourires béats. Le trio de Rostrenen était venu présenter son album Into The Fog… And The Filthy Air, qu’on avait chaleureusement accueilli dans ces pages à sa sortie, agrémenté sûrement de nouveautés imperceptibles alors, mes souvenirs restent un peu embrumés de ces gracieux instants.

Aucune raison de changer une équipe qui excelle dans ses agencements haut perchés, nourris au kouign-aman Sludge et aux mélodies sournoises trempées dans le chouchen hallucinogène. Time, comme le précédent, est taillé directement dans le menhir, offrant ce grain si perçant aux riffs, et cette implication totale d’un frappeur qu’on imagine transi, concentré. Encore une fois, l’enregistrement live sied à merveille aux intentions des volatiles, pataugeant ici dans les marées noires, annonçant un horizon moins optimiste mais tout aussi grandiose. A peine ambiancés par un visuel épique et une ouverture menaçante, nous voilà coincés dans un espace-temps dont l’intro et l’outro seraient les vortex d’entrée et de sortie.

A l’intérieur, du sang, des larmes, des lignes mélodiques distordues, une basse martyrisée dont les vibrations nous grignotent les entrailles d’un pas lent mais volontaire, c’est l’heure du Sacrifice. Le trio est aussi capable de se libérer de la vase, pour planer un moment en cercles sous un ciel assombri, chargé, laissant échapper une voix claire emplie d’espoir vain (Blackened Sky). Malgré le caractère salement pesant de l’atmosphère générale il y a cette étrange sensation de rebondir en permanence, on appréhende les mouvements avec un certain confort, bien que le monde s’écroule devant nos yeux lassés. Le diptyque Shutter en est la plus cinglante illustration, associant cri lucide, plaintif et chant lumineux, aveuglé, rongé au fur et à mesure par le désespoir. La guitare égrène ses notes infectieuses, répand son ADN jusqu’à se fondre dans le granit rythmique sur Animals, rappelant au bon souvenir du Gojira période The Link.

A l’écoute de Time on peut se surprendre à imaginer un siamois Verdun / Hangman’s Chair, il y a effectivement des accointances mais les Stonebirds ouvrent une brèche sur une dimension différente, explorent un univers parallèle creusé dans le Blues originel, crade, organique. Une fois la lecture terminée on constate que les 55 minutes sont passées à la vitesse de la lumière, on repart donc sans forcer pour un second voyage, qui en appellera d’autres.

StoneBandcamp.

A écouter : avec gourmandise mélancolique.
16 / 20
6 commentaires (15.5/20).
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Into The Fog... And The Filthy Air ( 2015 )

Avant d’offrir son premier LP, StoneBirds a pris son temps. Formé depuis 2008 le groupe a patienté, passant par la démo, le split et l’EP. Fortement influencé par les paysages de leur Bretagne natale, Into The Fog… And The Filthy Air est une œuvre qui mérite que l’on s’y intéresse tant celle-ci est complète et surprenante. 

Mélanger les influences est un exercice difficile dans lequel StoneBirds excelle, un peu de Stoner pour le groove, de Sludge pour le gras, et de Psyché pour faire planer. Voici les trois grandes composantes de ce premier opus Into The Fog… And The Filthy Air qui étonne et détonne par la façon dont les Bretons les assemblent. Le choix d’un enregistrement live et en analogique offre un son merveilleusement profond, c’est un peu comme si les gars étaient là, dans votre salon, mais en même temps loin. Leur musique résonne, vous touche, et vous plonge dans un état second où la tristesse devient beauté et la mélancolie une douce sensation de bien être. 
Si de prime abord la musique du trio paraît simple, il n’en est rien. Elle l’est rendue grâce à une excellente maîtrise instrumentale et une imagination incroyable des musiciens qui n’hésitent pas à passer d’une rythmique lourde (Burned Flesh) où la basse écrase littéralement de son poids la composition à des passages bien plus éthérés emmenée par une guitare complètement folle sur des vocaux teintés de reverb. Imprévisibles, les titres de Into The Fog… And The Filthy Air ne cesse de surprendre, c’est à se demander si cet album n’est pas le fruit d’une improvisation totale. After The Sin ne possède ni code, ni registre précis, parfois lourd, parfois soutenu, parfois Psyché ce morceau est un véritable bijou de créativité, vous passerez par toutes les émotions durant près de 9 minutes. StoneBirds vous surprendra également avec Angst Lover où se joue un véritable crescendo dans la puissance, d’un début Doom pachydermique, peu à peu une montée en agressivité se fait naturellement avec une fin en totale délire Sludge avec des vocaux bien plus gutturaux et là encore une guitare complètement dingue qui part sur un lead sans se préoccuper des autres instruments. Il serait injuste de ne pas mentionner une batterie qui donne les rythmes avec des frappes sèches et énormément de groove. Sobre, élégante, jamais dans l’excès celle-ci se fond parfaitement au contenu en amenant sa touche personnelle, un véritable modèle dans le genre. 

Le petit plus qui ne laisse pas insensible au-delà de la musique est l’artwork. La pochette est absolument divine et reflète bien l’ambiance et l’atmosphère de Into The Fog… And The Filthy Air. Seul bémol si l’on peut le qualifier ainsi est la durée, 5 titres pour 35 minutes au total, c’est un peu court, on aimerait que cela dure plus longtemps, mais vous conviendrez que la qualité prime toujours face à la quantité.

Véritable voyage introspectif au bout de soi-même Into The Fog… And The Filthy Air est un petit joyau. Délicieusement triste, terriblement beau, StoneBirds envoie un premier album de qualité, très varié, mariant et conjuguant les influences avec classe. Tentez l’expérience.

L’album est en écoute intégrale sur le Bandcamp du groupe

A écouter : C’est vivement conseillé