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Biographie
Alors que Michael Starr (chant) et Satchell (guitare) officiait ensemble dans un tribute band à Van Halen, ils jouaient en parallèle avec Stix Zadina (batterie) et Lexi Foxx (basse) dans un groupe de reprise baptisé Metal Shop, puis Metal Skool. C'est sous ce nom que le groupe sortit son premier album, Hole Patrol, en 2003. Sûrement trop en avance sur leur temps (ça ne devait pas assez choquer pour être drôle à l'époque), le groupe décide de changer une nouvelle fois de nom pour un patronyme des plus agressifs : Steel Panther était né.
Montant crescendo dans la parodie et l'atrocité des paroles de ses chansons au fur et à mesure de ses albums, il est ainsi impossible d'apposer à All You Can Eat, leur 3e album sorti le 1er avril 2014, le label "album de la maturité". Allant encore plus loin dans la farce, le groupe sort en 2016 un live acoustique, Live From Lexxi's Mom's Garage, entrecoupé de sketchs placés sous le niveau de la ceinture.
Les blagues les plus courtes sont les meilleures. Steel Panther serait-il une exception à cet adage ? Huit ans d’existence sous ce nom, et quatre album plus tard, la réponse divisera, forcément. Après un All You Can Eat assez couillu musicalement, qu'allaient nous réserver les Californiens pour ce Lower The Bar ?
Point d’intro, cette fois-ci, le groupe démarre directement par le riff de Goin’ In The Backdoor et instantanément, on sent un retour vers un côté bien plus Rock’N Roll, impression qui se renforcera au fil des titres. Il est bon de rappeler qu’à l’origine, les membres de Steel Panther jouaient dans un tribute band à Van Halen et si le jeu de Satchel en est empreint depuis l'origine du groupe, ce Lower The Bar est certainement l’album, dans sa globalité, qui se retrouve le plus influencé par eux. Que ce soient les riffs (Goin’ In The Backdoor, Poontang Boomerang, Anything Goes et son synthé, Wrong Side Of The Tracks (Outside of Bervely Hills) et ses arpèges en palm mute), les solos (I Got What You Want, Poontang Boomerang) ou les ambiances (Now The Fun Starts). On sent aussi d’autres influences comme Extreme (Poontang Boomerang sur son refrain) ou Aerosmith (Walk Of Shame et son harmonica). Cet album marque également le retour des ballades qui avaient tant manqué à All You Can Eat : That’s When You Came In, découverte en version acoustique sur Live From Lexxi’s Mom Garage, revient ici dans une version remaniée et électrisée, toujours aussi efficace grâce aux découpages des paroles, et Wasted To Much Time, titre débordant de rancœur.
Les paroles occupent, comme toujours, une place prépondérante chez Steel Panther, et s’il est parfois difficile d’imaginer que Michael Starr soit diplomé d’un PHD (l’équivalent d’un doctorat) en littérature anglaise, force est de constater qu’il maîtrise sacrément bien la langue de Shakespeare dès lors qu’il s’agit de faire des sous-entendus graveleux (« Backdoors never got a welcome mat ») ou de faux-semblants (« that’s when you came in and blew me, that’s when you came in and blew me away ! »). Avoir Urban Dictionnary sous la main pourra s’avérer utile afin de bien comprendre le vrai sens de certaines expressions très illustrées (tel Poontang Boomerang). Après, certains titres sont un peu en dessous niveau poilade, comme le mal titré Now The Fun Starts dont le refrain répétitif devient très rapidement insupportable, même s’ils se foutent une nouvelle fois de la gueule de Charlie Sheen dedans. En guise de conclusion, le groupe propose une reprise de Cheap Trick, She’s Tight : sans grande surprise, puisqu’étant déjà à la base une chanson rock et potache, et donc dans la même registre, cette version de Steel Panther n’apporte pas grand chose, même si l’on sent que le groupe a pu prendre du plaisir en la jouant.
Voila donc un groupe qui, sans révolutionner un genre quasi moribond, revient aux basiques et nous délivre une bonne tranche de Rock’n Roll. Pour faire une comparaison à leur hauteur : avec Lower The Bar, Steel Panther n’ont pas trouvé le point G, mais si vous êtes suffisamment armés niveau second degré pour vous y frotter, vous ressentirez quand même un certain plaisir !
A écouter : en portant un moule bite poutre apparente
Nous aurions pu choisir de publier cette chronique le 8 mars, ça aurait été certainement plus drôle. Mais pour le coup, Steel Panther a choisi de sortir son album un 1er avril, preuve qu'ils ne sont pas si extrêmes que ça dans leurs propos, quoique.
Le groupe avait annoncé en conférence de presse que leur album serait "plus heavy" que les précédents, mais comme c'est généralement ce que tous les groupes disent, on ne savait pas trop à quoi s'attendre. Cependant le ton est donné dès les premières notes de l'album avec l'intro de Pussywhipped qui rappelle méchamment celle de Battery de Metallica. Bon, la suite ne sera pas une grosse baffe thrash metal, mais un gros riff burné façon Skid Row, accompagné de paroles débiles.
Toujours sur le côté "plus heavy", on pourra remarquer l'absence totale de ballades sur l'album. Alors que Community Property, Weenie Ride ou encore If You Really Love Me étaient des moments de bravoure des précédents albums (le côté chanson d'amour avec des paroles totalement abusées renforçaient le décallage), ici nous n'auront droit qu'à quelques chansons mid-tempo mais qui pour le coup sont peut-être les plus "abouties" en terme de paroles : The Burden Of Being Beautiful qui commence par "Pourquoi, dans le monde des faces de cul, suis-je le seul autorisé à être canon", Bukkake Tears "il y a tellement d'amour sur ton visage que je ne peux pas voir tes larmes", ou encore You're Only Beautiful When You Don't Talk dont le refrain se termine par "[...] Mais tu as ouvert la bouche, et la magie est rompue".
Le summum du gros n'importe quoi est atteint avec B.V.S., Michael Starr affirmant dans le refrain qu'il n'aura de cesse de mettre un terme à la propagation de cette terrible maladie qui déforme les parties intimes des femmes. Spoiler alert B.V.S. veut dire Big Vagina Syndrome. Classe. Sans oublier les conseils judicieux prodigués dans Party Like Tomorrow Is The End The World "La fin est proche, alors pourquoi se soucier de chopper le SIDA". La boucle est bouclée.
Côté musique, le groupe a franchi un pallier, trouvant plus facilement sa propre inspiration, alors que les précédents albums faisaient une large place aux hommages appuyés : 17 Girls in a Row et sa variation du riff de Li'l Jack Horny d'Extreme, Eatin' Ain't Cheatin' avec celui de Dance The Night Away de Van Halen, Party All Night (Fuck All Day) qui parodie entièrement la chanson Livin' On A Prayer de Bon Jovi... Sur All You Can Eat, seul Gangbang At The Old Folks Home pourrait faire fortement penser à du Mötley Crüe (riff en accord dissonant façon Shout At The Devil). Pour le reste le groupe a cherché à innover, tout en restant dans un style hyper balisé, et a réussi à incorporer une plus grosse dose de synthé sans tomber dans le FM écoeurant, bien qu'on n'en soit pas loin avec The Burden Of Being Wonderful, mais aussi à revenir aux basiques du rock'n roll (Ten Strikes You're Out, Fucking My Heart In The Ass, If I Was The King) pour donner par moment un côté plus rétro à ses compos que le simple fait de jouer du glam/hard en 2014.
Bien évidemment, vous aurez compris que tout ceci n'est qu'une vaste blague (l'album, pas la chronique), et qu'à l'instar d'un Didier Super qui joue sur scène le couillon réac, les quatres larrons de Steel Panther ne sont qu'une incarnation du fantasme de la rockstar entourée de groupies en chaleur et de bols de coke. Non, ce n'est pas la réalité ! Quoi, et Mötley Crüe alors ? Merde...
"Est-ce qu'on est triste que Mötley Crüe prennent leur retraite ? Non, ça nous fera plus de chattes à baiser !" Satchell, Hard Rock Café Paris, le 31 janvier 2014
A écouter : en train de se faire s... la b...
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