Biographie

State Faults

Jonny Andrew (Guitare, Chant)
Jordan James (Basse, Chant)
Jared Wallace (Batterie) 
Michael Weldon (Guitare, Chant)

Quatuor originaire de Santa Rosa (Californie), Brother Bear sort un premier EP 6 titres remarqué en 2010, déposant ses bagages entre l'énergie punk californienne et la finesse des mélodies emo hardcore.
2 ans plus tard, le groupe change de nom pour éviter la confusion avec d'autres formations et se rebaptise State Faults. Dans le même temps Desolate Peaks sort sur l'excellent label Tiny Engines (WaveletsJowls, Tigers Jaw). Pour 2013 le groupe fera confiance à No Sleep Records (The Casket Lottery, Coalesce, La Dispute) pour la sortie d'un nouvel album.

15 / 20
2 commentaires (15.75/20).
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Clairvoyant ( 2019 )

La période semble faste en sorties Screamo / Emo : du nouveau Shirokuma à Drei Affen, en passant par Symmetry Lover ou encore State Faults, le nombre de nouveaux LPs à débarquer, et la qualité de ceux-ci, ferait presque perdre pied. Que donnera Clairvoyant au milieu de tout cela, avec son artwork qui évoque plus un disque de Prog / Black qu’un ensemble Screamo.

En ouvrant cet album sur « Dreamcatcher, Pt. II », State Faults prend un risque certain. Celui d’inaugurer cette version 2019 par un titre de presque sept minutes alors que le reste avoisine moins de la moitié en moyenne. Mais cette volonté est aussi une manière de développer un Screamo aux airs de Loma Prieta ou Gillian Carter : des noms évoqués ici le plus souvent en des termes positifs.
Néanmoins, Clairvoyant sait juxtaposer ces sonorités récentes à de plus purs airs mélancoliques issus de la décennie précédente comme Suis La Lune.

Desolate Peak donnait déjà une première image de State Faults on ne peut plus positive, mais Clairvoyant monte à mon sens d’une marche. Certes, l’approche est légèrement différente (on ressent moins l’enthousiasme d’un Comadre si ce n’est sur certains plans de batterie), mais elle ne perd pas au change. D’une précision ineffable sur « Moon Sign Gemini » ou « Baptism », le combo use de ses notes avec parcimonie, mais avec tout autant de finesse (« Contaminature »). La durée des différents morceaux ne semble souffrir d’aucun excédent, mais plutôt d’une nappe délicate amorçant certaines transitions (la bascule « Contaminature » / « Cemetery Lights »). D’une approche totalement différente de Seguimos Ciegxs (Drei Affen) ou No Escape (Long Distance Runner) mais sur le papier identique en termes de style (Screamo, Emotionnal Hardcore), il offre une alternative plus qu’intéressante.

Peut-être trop long pour arriver avec autant d’impact que le nouveau Drei AffenClairvoyant nécessite une attention plus affinée pour arriver à maintenir en haleine. A la manière de Clothes I Wear For The Space I’m In de Shirokuma, State Faults a préféré la complexité d’un développement crescendo à une urgence éphémère.

15 / 20
1 commentaire (15/20).
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Desolate Peaks ( 2012 )

C'est quelque part les jambes croisés au creux d'un paysage bucolique que State Faults aiguise sereinement ses armes. D'un bref apaisement mélodique nourri du bavardage des oiseaux et des feuillages, les californiens déchirent l'instant présent d'un simple cri, arraché et sauvage comme un trait de foudre affamé qui s'abat sur un arbre mort. C'est en animal blessé que State Faults engage alors une éprouvante fuite en avant, ponctuée d'accélérations fulgurantes à découvert et de reprises de souffle tapis dans l'ombre. On retrouve chez eux l'amour indéfectible des mélodies filandreuses et boursouflées, condensées dans un écrin punk au souffle court directement issu de leur berceau californien. C'est ainsi que leurs morceaux de moins de 3 minutes soufflent à la fois le chaud et le froid, la sensibilité de Suis La Lune ou de Mesa Verde (les sublimes "Arrowhead" et "Sleeptalker") mais aussi l'électricité hardcore enthousiasmante de Comadre ("Cities") ou même de Yaphet Kotto, lorsque le chant superbement distordu se voit balafré de râles caverneux du meilleur effet. 

Desolate Peaks
 est un album qui ne sacrifie aucune facette tout en réussissant à toutes les mettre en valeur à un moment donné de son histoire. Car c'est un fait - ne serait-ce que de par leur nom qui fait référence à la fault line de Californie - State Faults est un groupe qui se dévoile au travers de textes personnels dont la traduction en musique aura pris plus de 2 années. C'est une signe qui ne trompe pas, car du début à la fin, les américains tiennent le bon cap et ne se laissent nullement consumer par le moindre sentiment superficiel, et ce malgré la naïveté touchante de certaines tirades ("Wayfarer", "Skeletons"). State Faults a véritablement atteint un sommet, le leur, avec Desolate Peaks, un premier album plein de vie, intense, à la fois musculeux et subtil qui devrait interpeller ceux ayant déjà succombé aux appels de Pianos Become The Teeth et The Saddest Landscape.

En écoute sur le bandcamp de Tiny Engines.

A écouter : Arrowhead - Sleeptalker