Spotlights
Post-Metal / Doomgaze / Sludge

Love & Decay
01. Continue The Capsize
02. The Particle Noise
03. Far From Falling
04. Until The Bleeding Stops
05. Xerox
06. The Age of Decay
07. Mountains Are Forever
08. The Beauty of Forgetting
09. Sleepwalker
Chronique
A l’origine duo composé d’une femme bassiste, guitariste et chanteuse (Sarah Quintero) et d’un homme guitariste, claviériste et chanteur (Mario Quintero), Spotlights a d’emblée pris le parti du spatial et d’une densité saturée, contrebalancée par une voix éthérée, fragile. Un Post-Metal / Doomgaze particulièrement concrétisé sur le premier album Tidals en 2016, entièrement fait maison, puis sur le grandiose mais discret Seismic à peine un an plus loin, produit pourtant par un certain Aaron Harris (Isis, Palms), marquant également la signature du duo chez Ipecac. S’ensuit une reconnaissance éclaire qui propulsera Spotlights sous les projecteurs (vous l’avez ?) et surtout sur les mêmes planches que Deftones, Quicksand, les Melvins ou encore Hum. Le troisième long format Love&Decay, de nouveau autoproduit, voit alors débarquer un renfort permanent derrière les fûts en la personne de Chris Enriquez, participant pleinement à ces nouvelles déclinaisons d’une formule plus fluide et captivante que jamais.
Le titre de l’objet – comme son visuel superbe – informe d’office sur son contenu, l’amour et le pourrissement y opèrent une dualité constante, tout en se confondant néanmoins au sein d’un effondrement progressif du temps et de l’espace. Continue The Capsize affiche tout de suite une lourdeur instable, instantanément contredite par la lumière des notes de synthés et un mouvement Shoegaze perpétuel. Plus loin Far From Falling et Until The Bleeding Stops font imploser les étoiles et frémir les glandes lacrymales via un chant toujours clair, chaleureux et désabusé à la fois, de guitares et d’une basse profondes, quasi Tooliennes, immenses, mais aussi scintillantes ou légèrement dissonantes, voire ponctuellement acoustiques, insufflant la juste dose de gravité positive pour soulever nos êtres jusqu’à l’épicentre de la tempête, le tout emmené par l’amplitude de frappes aussi justes que variées.
Précédé d’un Xerox un peu plus intimiste rappelant quelque écriture d’un Nothing rongé par le Doom, The Age of Decay vient rassembler toutes les intentions du disque en un sublime parpaing de déliquescence amoureuse dans un contexte de décomposition globale avancée. Une histoire semée d’embûches internes comme externes à l’issue incertaine et vulnérable. L’obscurité n’a d’ailleurs pas dit son dernier mot sur le torturé Mountains Are Forever, aux roulements intenses enrobés de courbes Post-Rock. Mais la beauté, la sincérité, la lucidité semblent finalement plus fortes que tout, malgré tout. Le champ synthétique prend alors les devants à la source du fleuve pas si tranquille The Beauty of Forgetting, balisé d’une basse martiale puis envahi de circonvolutions hypnotiques de plus en plus enveloppantes à mesure que la vapeur relativement menaçante se répand à la surface.
Bien que son prédécesseur Seismic déployait environ tous les éléments présents sur Love&Decay, ce dernier nous transporte au-delà du prévisible, narrant les pérégrinations sensibles d’un amour noyé sous un monde délabré, en proie au fatalisme destructeur. La lumière, aussi fébrile soit-elle, qui en ressort presque à chaque instant nous laisse béat d’admiration et nous donne qu’une envie : inonder d’amour nos semblables, quel qu’en soit le prix.