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Biographie

Spock's Beard

Les frères Neal (claviers et chant) et Alan Morse (guitare et choeurs) créent Spock's Beard en 1992, à Los Angeles. Ils s'entourent de Nick D'Virgilio (batterie et chœurs) et de John Ballard (basse), qui sera très vite remplacé par Dave Meros.
Le combo sort The Light en 1995. La musique du groupe surprend par la maturité qui se dégage de ce premier album (qui dure une heure pour quatre pistes), et le Rock Progressif un peu psychédélique de Spock's Beard est rapidement comparé à Pink Floyd.
Après la sortie de ce premier album, le groupe recrute un cinquième membre : Ryo Okumoto, un claviériste japonais. Neal Morse n'abandonne pas son synthétiseur pour autant, le groupe dispose simplement de deux claviers.
 
Avec ce line-up, une "première ère" s'amorce pour Spock's Beard qui sortira entre 1996 et 2002 cinq albums studio et quatre lives. A partir de Day For Night (1999), les Américains choisissent un son à mi-chemin entre pop et prog, proposant des chansons tantôt longues, épiques, et pleines d'expérimentations, tantôt catchy et formatées comme des tubes de pop de qualité. Ces deux sonorités vont de plus en plus se mélanger pour aboutir à une musique unique, technique mais entêtante, progressive mais accessible. De plus, Spock's Beard développe un énorme sens du second degré et propose toujours beaucoup d'humour dans ses disques et dans ses concerts.
 
Juste après la sortie de Snow en 2002, Neal Morse annonce qu'il quitte ses groupes Spock's Beard et Transatlantic, pour se consacrer à une carrière solo axée vers des thèmes religieux. Le groupe perd alors son principal compositeur et parolier, et l'avenir de la Barbe de Spock est sur le fil du rasoir (pardon, mais il fallait la faire).
C'est le batteur qui prend la tête du groupe devenu un quatuor. A la manière Phil Collins avec Genesis, Nick D'Virgilio devient chanteur principal et joue quelques parties de guitare en plus de conserver son poste de batteur. Ryo Okumoto s'occupe désormais de toutes les parties de claviers. La composition des chansons devient collective. La "seconde ère" de Spock's Beard peut commencer.
 
Pendant les concerts, Nick D'Virgilio chante et joue de la guitare, et Jimmy Keegan est batteur de session. La scène contient toujours deux batteries, et le leader du groupe frappe sur les parties instrumentales. Durant cette période, les concerts comportent tous un "drum duel" entre D'Virgilio et Keegan.
De 2003 à 2010, quatre albums studio et trois lives seront enregistrés sous cette forme.
 
Nick D'Virgilio quitte Spock's Beard en 2011, et le groupe se retrouve à nouveau privé de son meneur. Pour y remédier, les Américains recrutent Jimmy Keegan à la batterie (qui était déjà la cinquième roue du carrosse en live depuis presque dix ans), et Ted Leonard (du groupe Enchant) au chant et à la guitare. Redevenu un quintet, le groupe aborde sa "troisième ère" avec aplomb et propose Brief Nocturnes And Dreamless Sleep en 2013 (pour lequel Neal Morse revient participer à l'écriture de deux titres). Le même line-up revient en aout 2015 avec The Oblivion Particle. Jimmy Keegan quitte l'aventure et le groupe redevient un quatuor, sans batteur. Nick D'Virgilio, sans redevenir membre permanent, enregistrera la batterie pour Noise Floor, qui voit le jour en 2018.

15.5 / 20
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Noise Floor ( 2018 )

Les productions de Spock's Beard ont toujours sollicité de l'attention dans le milieu Prog Rock, tant la qualité globale de leur carrière au sens large est reconnue. Mais un album marquant le retour de l'historique Nick D'Virgilio derrière les fûts va plus loin que la curiosité habituelle : Noise Floor est attendu de pied ferme. Verdict.

Avant de trop s'emballer, et de faire des comparaisons avec Octane ou X, respirons un coup et acceptons le fait que Nick D'Virgilio n'est là qu'en tant que batteur de session, et ne reprend ni le micro, ni la composition. Ainsi, Noise Floor est plutôt à rapprocher des autres sorties de l'ère Ted Leonard, et plus particulièrement de Brief Nocturnes And Dreamless Sleep. En effet, la formation retrouve sur cet album la dimension "immédiate" et les inspirations Pop qui manquaient à The Oblivion Particle. On s'en rend compte dès le refrain du titre d'ouverture, To Breathe Another Day, aux parfums presque Pop-Punk (surtout dans ses refrains) qui restent en tête très facilement (mais aussi les refrains de Somebody's Home, le lancinant So This Is Life...). Pour autant, l'aspect Prog de la musique des Américains, véritable marque de fabrique, est toujours aussi marqué (l'incroyable Box Of Spiders, la structure de Have We All Gone Crazy Yet?, toute la middle-section de Beginnings...). Noise Floor est donc à la croisée des genres, entre construction savante et accessibilité, comme le fait souvent Spock's Beard. Et comme à l'accoutumée, le résultat est plaisant et intelligent.

L'originalité de cette livraison réside dans son format : ce disque est presque un double-album puisque Noise Floor est livré avec l'EP Cutting Room Floor, contentant quatre titres dont la description ci-dessus s'applique aussi (on retiendra surtout Bulletproof, qui conjugue un aspect évolutif dans le pont et un refrain Pop ultra catchy).
L'album ne contient en revanche pas d'harmonies vocales a cappella, en canon, comme le groupe a souvent l'habitude de le faire (on en passe pas loin tout à la fin de Vault, un titre un peu sombre qu'on aurait aimé voir figurer sur l'album plutôt que sur l'EP complémentaire). Loin d'être un vrai défaut, cette absence n'est évidente que lorsqu'on cherche ce repère attentivement. Noise Floor (et Cutting Room Floor) n'a pas besoin d'artifices pour être excellent.

A écouter : One So Wise, Box Of Spiders, Beginnings, Vault, Bulletproof
14 / 20
1 commentaire (0/20).
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The Oblivion Particle ( 2015 )

Spock's Beard en a vu de dures. Malgré leur décomplexion évidente, derrière les blagues et les grimaces, sous leur musique aux agréables relents de pop estivale, ces gars-là reviennent de loin. Après le départ de Neal Morse en 2002 (claviériste, chanteur, et surtout compositeur et parolier quasi-exclusif), le groupe se relève et doit faire face, 10 ans après, à la démission de Nick D'Virgilio (batteur, chanteur, guitariste, et un compositeur actif). Et Spock's Beard est toujours là, proposant en 2015 leur douzième (!) album studio, le second avec ce line-up. L'effort précédent était remarquable, cohérent à la fois dans la discographie du groupe mais aussi en tant qu'introduction à la nouvelle équipe ; tout le monde semble donc en confiance pour la cuvée de cette année.

The Oblivion Particle est un album vraiment varié, qui surprend un peu par son amplitude stylistique. De l'expérimentation la plus déstructurée (la dernière partie instrumentale dans Hell's Not Enough) au gros rock (la fin de Tides Of Times, le riff principal de Minion) en passant par des exercices de musique classique (l'intro et l'outro de The Center Line), Spock's Beard offre un excellent aperçu de ses capacités.

Néanmoins, on ne peut s'empêcher de noter que l'album est composé "à l'ancienne". Les sonorités progressives prédominent, que ce soit dans les structures choisies ou dans les sons de claviers assez typés seventies. L'aspect pop et easy-listening est ici très peu présent en dehors des refrains de The Center Line, ce qui est étonnant puisque cette composante de la musique des Américains était jusqu'ici une sorte de marque de fabrique. Les parties les plus déjantées restent de bon goût, les refrains sont souvent assez catchy (Get Out While You Can...), les constructions des morceaux sont pertinentes (The Center Line...) : au final, on a réellement l'impression d'écouter une version alternative de V ou de The Kindness Of Strangers, de très bons disques mais composés par le Spock's Beard d'il y a quinze ans.

Même si la quasi-absence de sonorités pop rend l'écoute moins facile, The Oblivion Particle n'en reste pas moins un album plaisant. Dans leur approche très progressive, les Américains font souvent la part belle aux leads de basse, aux orgues hammond, aux solos un peu noisy. L'ensemble est cohérent et devient même de plus en plus logique avec les écoutes.

Si Ted Leonard chante plus que bien (et se démarque de Neal Morse et de Nick D'Virgilio dont les voix se ressemblaient beaucoup), on remarquera avec intérêt que Jimmy Keegan s'échappe de sa batterie sur Bennet Built A Time Machine pour prendre toutes les voix lead. Un choix intéressant et un résultat très agréable, qu'il serait vraiment judicieux d'exploiter avec régularité. Le timbre du batteur est doux, mélodique, assez proche des voix qu'avaient les anciens frontmen.

Après plus de vingt ans de carrière, Spock's Beard réussit donc à se montrer plus original que jamais, grâce à une sorte de retour aux sources en terme de composition, sans compter la bonne idée d'avoir confié le micro à Jimmy Keegan le temps d'un titre. Ces choix sont tous intéressants et vraiment assumés, même si le côté "tube" gagnerait à être plus marqué. Peut-être est-ce l'habitude des derniers albums ? En tout cas, la qualité globale de la galette est indéniable, ce qui atténue grandement cette petite semi-déception.

A écouter : The Center Line, Bennet Built A Time Machine, Tides Of Time.