Spiritus Mortis
Traditional Doom

The God Behind the God
Chronique
Que peut-on attendre d’un groupe de doom (en 2009) ? A priori pas d’innovation, surtout pas de la part de Spiritus Mortis, membre du très fermé Circle Of True Doom aux côtés de Reverend Bizarre, The Gates of Slumber, Pale Divine ou encore Las Cruces, organisation informelle qui clame haut et fort qu’un groupe ne peut être doom que s’il plagie les grands anciens, en gros. Autant dire que ce The God Behind the God ne révolutionnera rien, surtout depuis l’arrivée d’Albert Witchfinder (ex-Reverend Bizarre et actuellement impliqué dans 87 autres projets) derrière le micro.
Lorsqu’on écoute les deux précédents albums de Spiritus Mortis, on se rend compte d’une chose assez tordante : sonner Stoner quand on se la joue trve Doom, c’est plutôt cocasse. N’empêche que ce Stoner Doom fractionné en pistes très courtes faisait mouche facilement. Cependant, c’est fini tout ça, place au Doom, au vrai. Peut-être est-ce dû à l’arrivée d’un chanteur dont le groupe phare clamait « Fuck the weak stoner bullshit ! Metal rules ! » Quoi qu’il en soit, au moins le discours est respecté : ici c’est Doom, c’est heavy, y a des riffs et aucun second degré. Remarque, on n’avait pas forcément envie de se bidonner avec The Man of Steel, titre d’ouverture typé Heavy Metal sur lequel Albert en fait des tonnes, tellement que c’en devient ridicule. Déjà que son chant tantôt mélodramatique tantôt écorché (mais toujours faible) est particulier à la base, lorsqu’il essaie de se la jouer Robert Halford, forcément ça coince. Alors, on est parti pour s’ennuyer ferme ?
Eh bien, non en fait. Fort heureusement, la suite s’avère de bien meilleure qualité avec des titres plus posés et mieux construits. Plus longs aussi, autre nouveauté. Cependant, la comparaison avec Reverend Bizarre devient inévitable, que ce soit dans les guitares, l’agencement des morceaux et, bien sûr, le chant (Death Bride). Même si on évite toutefois le pastiche type The Wandering Midget avec un feeling beaucoup plus Heavy Metal sur certains morceaux (The Rotting Trophy), rien n’y fait, les meilleurs titres restent ceux qui auraient pu figurer sur un des opus de Reverend Bizarre. Mention spéciale à Curved Horizon et When the Wind Howled with a Human Voice, pieces maîtresses de l’album. Ce n’est peut-être pas surprenant après tout, quand on sait que les membres de Reverend Bizarre ont déclaré qu’ils allaient utiliser le stock de compositions non utilisées pour leurs projets respectifs.
Pour ce qui est des titres sur lesquels le groupe parvient à se forger une identité musicale propre, ils ne resteront malheureusement pas dans les annales même si le morceau titre est plutôt bien fait avec son tempo rampant et son ambiance glauque. Ainsi, des titres tels que Heavy Drinker ou Perpetual Motion ne proposent pas grand-chose si ce n’est du Heavy Metal avec un chant qui ne convient pas vraiment au style. Finalement, c’est ce chant si caractéristique qui constitue le gros point faible de ce disque ; il en fait des tonnes avec comme seul résultat d’évoquer sans cesse Reverend Bizarre.
Ainsi, ce The God Behind the God est plutôt décevant. Même si on ne s’attendait pas forcément à grand-chose, voir un des chanteurs les plus en vue du genre rejoindre une institution telle que Spiritus Mortis, groupe auquel celui-ci n’avait de cesse de rendre hommage attisait tout de même la curiosité. Force est de constater que la mayonnaise n’a pas vraiment pris. Cependant, Spiritus Mortis ne se vautre pas complètement en livrant un album correct, avec une paire de titres qui valent quand même le détour.
Tracklist: 01. The Man of Steel, 02. Death Bride, 03. The Rotting Trophy, 04. Curved Horizon, 05. When the Wind Howled with a Human Voice, 06. Heavy Drinker, 07. The God Behind the God, 08. Perpetual Motion.