L’idée d’Expérience de Mort Imminente (EMI), en anglais Near Death Experience, désigne un concept basé sur les ressentis de personnes ayant approché cliniquement l’état de mort. Au-delà de toutes perceptions vécues au cours d’une vie d’humain, les NDE sont plus décrites comme un état incroyablement intense, qui changent souvent la vie de ceux qui peuvent en rapporter le témoignage, tant le passage par cette situation est marquant. De tous les rapports formulés par les personnes étudiant la question, il ressort que dans la majorité des cas, malgré le traumatisme post-étatique récurent des sujets, l’EMI en elle-même se révèle être consciemment une expérience chaleureuse, comme un voyage agréable dans un corps immatériel, de la souffrance vers une vie après la mort. Dans 4% des cas pourtant, des personnes décrivent une expérience effroyable, noire au possible, sorte de descente aux enfers inéluctable.
C’est sur cette thématique obscure et fascinante que Spektr a bâtit tout le concept de son nouvel opus. Tout au long d’un véritable OVNI musical, le duo français s’efforce d’illustrer sa vision de cette légende humaine (urbaine ?), et il est inutile de préciser, lorsque l’on connaît le passé du groupe ou l’étiquette black metal affublée à celui-ci, que l’illustration de cette fameuse NDE concernera sa manifestation la plus obscure et dérangeante. Car pour être dérangeant, ce nouvel opus des français l’est incroyablement. The Near Death Experience, le bien nommé, est une expérience unique, un concentré de terreur obscure comme jamais je n’avais pu en entendre. Spektr a matérialisé sa vision de la noirceur ultime à travers un voyage aux limites d’un coma dérangé et d’une existence post-mortem bel et bien réelle.
The Near Death Experience débute après le drame, dans un état de semi conscience où l’on cherche des repères. Rien de palpable, seulement une synesthésie désagréable qui brouille les perceptions. Le mal être irrémédiablement installé n’a pourtant aucun sens tant les souvenirs sont flous. Peu importe ce qui est arrivé, le voyage est lancé, et rien ne peut l’arrêter. Spektr agit comme l’inconscient qui nous pousse à en finir, à abandonner cette lutte inégale entre la vie et la mort imminente. Il nous dicte des états successifs s’enchaînant sans logique, tous aussi désagréables les uns que les autres.
Grâce à de sublimes ambiances faites de samples angoissants, de bidouillages sonores complexes, le NDE selon Spektr offre la majorité du temps des atmosphères déroutantes et hostiles, sans cohésion particulière, toujours dans cet esprit de trip inconscient incontrôlé, suggérant presque ces fameuses présences ressenties par les acteurs d’une véritable EMI. Dark Ambiant, electro, noise bruitiste, et même jazz (pour un passage hallucinant de tension) tout ce qui peut déranger et aider à malmener l’auditeur y passe, et c’est sur ces bases que le duo français incorpore un black metal absolument horrifiant. A la manière de soubresauts désespérés de l’âme qui s’accroche à la vie terrestre, les guitares baveuses assènent des spasmes aussi violents qu’inattendus, sur fond de chant inhumain. Le mal-être inconstant revêt dès lors une forme d’agonie ultra-brutale, tant dans son aspect musical que dans sa production, volontairement ignoble, comme pour rappeler à l’auditeur que l’expérience qu’il est entrain de vivre n’est autre qu’une chute dans les profondeurs abyssales de l’enfer. D’ailleurs, le diable est déjà là, on le ressent de bout en bout, quelle que soit l’ambiance, des ombres furtives, des monstres violents, des mirages infernaux qui font de The Near Death Experience un brûlot passionnant et hypnotisant.
Peu importe que l’on s’attarde sur une description musicale précise, l’intérêt du deuxième album de Spektr n’est pas là. Retenons qu’il est véritablement un concept album jusqu’auboutiste, travaillé de fond en comble, et dont la thématique envahit littéralement dès les premières écoutes. Jamais un disque de black metal ne m’aura procuré tant de montées de sueur froide que The Near Death Experience, et ce n’est pas la vidéo présente en bonus sur le disque (du moins sur le promo), elle aussi superbement travaillée dans l’esprit de la galette, qui me fera dire le contraire. Voilà encore un disque qui prouve à qui veut l’entendre que la scène black française est aujourd’hui l’une des meilleures et des plus créatives du monde. Spektr frappe très fort avec cette sortie, et démontre là une nouvelle fois le flair du label français Appease Me.
A écouter : 1
Oui la note maximale. Pourtant c'est pas le meilleur album que j'ai écouter, et je ne sais même pas dire si j'ai aimé cet album.
Y'a deux semaines, soirée chez un pote, avec une bande de barges. Il est 7h quand j'arrive, l'alcool coule a flot, et ça tease dans tout les sens. Manque de bol, personne n'a d'argent, crise et recession oblige, la petite communauté que nous formons décide de boycotté notre traditionelle sortie kebab. 1H, j'ai la tête qui tombe, des remontées acides dans la gorges et j'arrive plus a formuler une phrase, vraiment mal. Dans un dernier instant de lucidité, je prend mon ipod et vais m'allonger . Je tombe dans un état de semi-conscience, impossible de penser a qoique ce soit, mais j'enttend les gens, mais ne comprenand pas ce qu'ils disent, j'appuie sur play. 45minutes plus tard, je ressort épuisé, angoissé, avec l'impression que mon esprit s'est envolé et planant au dessus de mon corps, s'est purgé, une puissante catharsis. L'écoute de cet album pendant mon coma a été suivi de la plus grande euphorie de toute ma vie, et finalement la soirée s'est fini a l'aube.