Ce qui est dommage pour T-Roy, seul membre permanent et fondateur de Sourvein, c'est que son projet est toujours resté relégué au second plan, notamment en comparaison de Buzzo-ven dont il a fait partie ou d'autres groupes influents qui ont gravité autour tels que Eyehategod, Electric Wizard ou Earthride. Aquatic Occult est le quatrième album de Sourvein parmi une tripotée de splits et d'eps et le premier réalisé en collaboration avec Mike Dean de Corrosion Of Conformity.
Pas la peine de se le cacher, cette nouvelle mouture de Sourvein sonne comme un disque de Sludge passé à l'huile de moteur Corrosion Of Conformity. Les musiciens ont délaissé les marais boueux et putride pour voyager en terre Stoner bien plus aride. Étonnamment, cette ouverture musicale leur sied plutôt bien comme sur les titres Ocypuss, Aquanaut ou Capsize. Difficile de résister aux assauts riffesques du groupe, tant l’efficacité est de mise. De fait, on ne tarde pas à réaliser que ce Aquatic Occult est sans nul doute plus intéressant que les pavés purement Sludge comme Black Fangs ou Will To Mangle que fournissait Sourvein par le passé. Le groupe garde bien sûr une pointe de lenteur gluante comme Hymn To Poseidon ou Oceanic Procession même si ça se ressent nettement moins et tente également des choses différentes comme le Heavy Mermaids légèrement Kadavar dans l'approche ou l'ajout de l'orgue sur la conclusion de l'album.
Cette nouvelle tendance n'est pas uniquement liée à la collaboration de Mike Dean, mais également pour son nombre d'invités présents sur cet album et pas des moindres. On y comptabilise Randy Blythe (Lamb Of God), Rob Miller (ex-Amebix), Keith Kirkum (ex-Weedeater), Reed Mullin (Corrosion Of Conformity) et Dean Berry (ex-Iron Monkey) qui participent à rendre cet opus plutôt varié dans son déroulement et la construction de ses morceaux, malgré ses quatorze pistes au compteur. Ce qui aurait pu n'être qu'un détail et argument promotionnel à base de gens (re)connus, s'avère en fait une bonne pioche pour la fluidité du disque et des compos accrocheuses avec des assises rythmiques différentes telles que Bermuda Sundown, Doom sourd et psychédélique ou le fort grassouillet Coral Bones. Et puis il y a Ocypuss, meilleur titre de l'album en soit, porté par le très en forme Randy Blythe où l'on se dit que Lamb Of God devrait renouveler sa discographie en tirant vers le Sludge. Dommage néanmoins que le concept aquatique, à l'opposé d'Ahab, ne reste, qu'à de rares exceptions musicales (l'intro, Tempest (Of Desire)), la fin d'Oceanic Procession), à la surface sur les paroles, titres et pochette du disque. Il aurait été pourtant intéressant de travailler des atmosphères en ce sens.
Avec ce Aquatic Occult on ne tient sans doute pas l'album Sludge / Stoner de l'année parce que la fin du disque est légèrement moins enthousiasmante et il manque le détails qui le fasse passer au stade supérieur, mais l'on tient peut-être là le meilleur album de Sourvein composé jusqu'alors. Et c'est déjà très très bien !