Soul Glo

Punk Hardcore / Rap / Noise / Soul

États-Unis

Diaspora Problems

2022
Type : Album (LP)
Labels : Epitaph Records
Tracklist
01. Gold Chain Punk (whogonbeatmyass?)
02. Coming Correct Is Cheaper
03. Thumbsucker
04. Fucked Up If True
05. Jump!! (Or Get Jumped!!!)((by the future))
06. Driponomics (feat. Mother Maryrose)
07. (Five Years And) My Family
08. The Thangs I Carry (feat. BEARCAT)
09. We Wants Revenge
10. John J (feat. Kathryn Edwards, Zula Wildheart)
11. GODBLESSYALLREALGOOD
12. Spiritual Level Of Gang Shit (feat. McKinley Dixon, Lojii)

Chronique

par Tang

C’est quoi le Punk ? Facile, c’est Soul Glo. Enfin l’orchestre de Philly en propose sa version, imprégnée autant du terreau radioactif des années 80 (Bad Brains, Cro-Mags et Black Flag en tête) que de l’esprit ponk 2.0 qu’on retrouve dans la fusion Rap / Punk / Noise / Hardcore des Ho99o9 et autres Death Grips. Extirpé des caniveaux de la ville qui a servi de décor à "Sixième Sens", le quatuor casse des gueules depuis 2014 tout de même, alors que nous découvrons à peine cette entité au pays des droits humains.

D’ailleurs il en est beaucoup question de droits humains, puisque le thème central est précisément le racisme systémique, institutionnel, policier, profondément ancré aux Etats-Unis, mais aussi dans nos contrées européennes cernées de grandes puissances (néo)coloniales. Un racisme du quotidien, perpétuel, vécu dans leur chair par les membres de Soul Glo, déterminés à vomir leur dégoût d’une violence "légitime" qui s’évertue à criminaliser et même assassiner froidement celleux qui n’ont pas la bonne couleur d’épiderme. Après un premier album bordélique pondu en 2016, suivi du plus court mais tout aussi pété The Nigga In Me Is Me en 2019, les Philadelphiens synchronisent leurs montres pour sortir l’EP Songs To Yeet At The Sun l’année suivante, qui clarifie et alourdit le merdier, témoignant d’une forme de "maturité" en terme d’écriture. La dimension Rap / Punk s’affirme ensuite avec DisNigga, Vol 1 et 2, dans une veine très proche de Ho99o9, mais beaucoup plus vénère sur les parties Punk Hardcore (le hurleur en a vraiment gros…), et une jolie surprise Afropunk / chant clair sur le très fameux titre Screamo Del Barrio. Au fil des sorties on capte un rendu qui s’affine et des horizons qui s’ouvrent, des musiciens qui gagnent en maîtrise tout en veillant à alimenter le Punk en eux, et qui parviennent avec Diaspora Problems à structurer la chose en un cocktail molotov musical comme on en réceptionne pas si souvent sur le coin du visage.

Pour se mettre bien on s’envoie un petit bong en introduction du monstrueux Gold Chain Punk (Whogonbeatmyass?), où l’on se mange tartines de riffs gras et cris possédés et l’on constate l’énergie ahurissante déployée ici, de quoi faire chier mou le bourgeois blanc qui passerait dans le coin par mégarde. Soul Glo est au taquet, partout, tout le temps et ça joue à mort, notamment un duo basse / batterie qui fait causer pépouze madame agression constante avec monsieur groove furieux. Le hurleur réussit la performance d’allier sa rage infinie à un flow absolument dément, comme sur Jump!! (Or Get Jumped!!!)((By The Future)), pour ensuite taper dans le Rap / Soul / Punk avec Driponomics en compagnie de la chanteuse Mother Maryrose idéalement intégrée au bouzin. Les guitares surprennent aussi dans le défouraillage permanent qu’elles administrent, non sans inventivité bruitiste et s’inscrivent en une rixe instrumentale tout à fait jouissive (We Wants Revenge), ou s’imposent progressivement le long de Spiritual Level Of Gang Shit (avec McKinley Dixon et Lojii en invités), sorte de magma Soul / Punk / Rap / Hardcore cuivré qui nous achève le sourire aux lèvres.

Le label Epitaph ne s’y est pas trompé en signant Soul Glo pour ce deuxième long format. Diaspora Problems est l’illustration d’un dosage idéal mais pas du tout scolaire entre Punk Hardcore et Rap, habillé d’éléments Soul rafraîchissants et aux invité.e.s judicieusement intégré.e.s à un bordel qui n’a jamais été aussi organisé. Le tout baigné dans la rage (très communicative) contre le racisme et les violences qui en découlent. ACAB cependant et longue vie aux Philadelphiens.

16

Bandcamp Problems.

Les critiques des lecteurs

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