Sombres Forets

Black-Metal Dépressif

Canada

La Mort Du Soleil

2013
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Des Épaves
02. Étrangleurs de Soleils
03. Brumes
04. Au Flambeau
05. L'Éther
06. La Disparition
07. Effondrement

Chronique

par Skaldmax

L’espèce humaine nous terrifie un peu plus chaque jour, sa perversité sans bornes, l’horreur à laquelle nos pairs peuvent céder, nous laissent penser que l’Autre est peut-être notre pire ennemi. Mais notre lutte incessante contre nos congénères semble effacer la menace omniprésente de la Nature, force fascinante et sans visage, ultime maîtresse de nos vies. La Mort Du Soleil nous rappelle notre asservissement aux astres célestes conditionnant notre existence, et lorsqu’une telle source de vie s’éteint, tous nous sombrons dans une froide nuit d’éternité.

Cet album de Sombres Forêts est une ode à la mélancolie, reposant sur un Black Metal hybride, alliant la froideur et l’austérité originelle du genre à un traitement atmosphérique des riffs et de la production. Outre des guitares saturées et le son métallique de la batterie, de nombreux éléments contribuent à créer une ambiance bien particulière. Le one man band n’axe pas son instrumentation vers les sonorités raw ; au contraire la reverb se fait une place de taille aux côtés des nombreux intros, outros ou bridges au piano ou à la guitare acoustique. Loin d’être délaissés, arpèges et accords privés de saturation constituent un pilier non négligeable de cette œuvre, restituant par des textures sonores éthérées les ruines d’un obscur monde à l’agonie. A cette musique presque contemplative vient s’ajouter une voix encrassée, malsaine, allant chercher la faiblesse qui se cache au fond de nos tripes : Annatar se fait le conteur de noires élégies, de complaintes aux accents désespérés, remarquables de poésie. Les paroles sont en effet essentielles pour saisir la profondeur de cet album, la dimension romantique qu’il contient se révèle à travers les vers et les strophes lâchés comme des râles plaintifs, comme si chaque syllabe coûtait la vie au sinistre trouvère.

A travers les sept tracks de La Mort Du Soleil, Sombres Forêts nous plonge dans un cadre hivernal, où vents et tempêtes nous emprisonnent dès les premières secondes de « Des Epaves », introduisant un chaos sonore auquel fait écho le dernier morceau  « Effondrement », uniquement instrumental. Au milieu de ces deux maelstroms le tempo se fait relativement lent, de quoi laisser à l’auditeur le temps d’apprécier les montées en puissance de l’instru, crescendos conférant à l’œuvre une dimension presque progressive. « Brumes » et ses neuf minutes en est un bon exemple, pièce magistrale où voix et musique se complètent à la perfection dans un lyrisme sans limites. Pour autant nous ne croulons aucunement sous une démonstration de technique, l’artiste mise sur la spontanéité, et les motifs les plus simples comme ceux de « Au Flambeau » parviennent à nous porter loin du monde, pour nous capturer un instant, entre quelques notes de piano et un riff final de guitares lorgnant vers le shoegaze. Enfin, « Etrangleurs De Soleils » mérite également les éloges, ses différents mouvements surprennent, et les passages les plus calmes propulsent le chant sur le devant de la scène, rendant l’émotion d’autant plus intense.

C’est d’ailleurs cette implication si importante d’Annatar au micro qui constitue le fil directeur de ces sept pistes, nous guidant pas à pas comme dans un périple du crépuscule à l’aube dont l’unique membre du groupe serait le guide. A ce jour, cet effort est sans doute le plus audacieux et le plus réussi de Sombres Forêts, alliant avec brio une forme et un fond solides, capables de nous retranscrire les sanglots lancinants de l’Homme, pleurant la chute d’un astre déchu.

17

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17.18
Avis 11
WabbaJack D August 13, 2022 00:10
La Bo de fin du monde, plongé dans le noir et la solitude.
19 / 20
metgopsypeth123 December 31, 2013 20:55
Le black métal comme je le préfère! Album magnifique et tellement riches en émotions que ça en dépasse le cadre du métal.

"La mort du soleil" demeure pour moi l'album le plus abouti du groupe dans l'ambiance et la multitude de petits détails qui font qu'on redécouvre les chansons à chaque écoute!

Je conseille le dernier album de Gris à tous ceux qui aiment cette galette, une autre perle du genre.
18 / 20
Mr Piotr December 27, 2013 23:49
Production au petits onions mais n'a pas reussi a me faire chialer pourtant ils se lamentent a s'en donner l'envie de se jeter par la fenêtre. J'ai envie de le reecouter cet album tellement il est beau et la voix aussi portante d'emotion que celle de Joe Duplantier mais mon cerveau ne tiendrait pas le choc certainement la galette la plus deprimante que j'ai ecouté.
13 / 20
Staphylin December 20, 2013 14:47
Je suis pas fan de black à la base, c'est avec appréhension que j'ai débuté cet album, m'attendant à des cris et du blast sans âme et répétitif. Et c'est tout le contraire, une musique émotive, un romantisme violent, des mélodies sombres, belles, poignantes, évoquant la solitude d'une forêt d'hiver, un vaste monde ou encore l'apocalypse.



Une très belle surprise comme cela arrive rarement !
17 / 20
dani voland October 26, 2013 21:46
pas de mots à part : parfait !
20 / 20
Radioshack September 17, 2013 00:16
LA CLAQUE ! Jusqu'ici je préférais les travaux de son compère Gris mais avec La Mort Du Soleil la surprise est bel et bien là.



On sent nettement le travail fourni sur ce skeud aussi dépressif que les précédents mais son ensemble n'est plus aussi homogène qu'auparavant et c'est tant mieux. Je ne saurai que trop commenter cette œuvre de 2013 mais il va de soit qu'il rentre dans mon Top et il y a de quoi, avec des titres comme Étrangleur de Soleils, Brumes, Au Flambeau, L'Éther... sans parler de l'intro (Des Épaves) et de l'outro (Effondrement). Bref tout le disque est une véritable tuerie.



Ici, La Mort Du Soleil prouve que la scène DSBM est bien vivante et toujours en recherche de nouveaux horizons à exploiter et Sombres Forêts l'a très bien intégré dans cette véritable ode à l'apocalypse.
19 / 20