Solstafir

Metal Progressif / Rock Atmosphérique

Islande

Svartir Sandar

2011
Type : Album (LP)
Labels : Season Of Mist
Tracklist
Disc 1 "Andvari" : 
1. Ljós í Stormi 
2. Fjara 
3. Þín Orð 
4. Sjúki Skugginn 
5. Æra 
6. Kukl 

Disc 2 "Gola" : 
1. Melrakkablús 
2. Draumfari 
3. Stinningskaldi 
4. Stormfari 
5. Svartir Sandar 
6. Djákinn 

Chronique

par Craipo

Ecrivez le, chantez-le, hurlez-le!: Les renégats romantiques venus du froid sont de retour. En 2011 les islandais ont trouvé leur style après des années de tests, et, mieux encore, un public pour y adhérer. Il n'y a rien à redire à ça: ce groupe le mérite, tout simplement. La sortie d'un nouvel album aussi rapidement à de quoi surprendre au regard des deux monuments de l'étrange l'ayant précédé mais l'attente (réelle mais encore discrète) que celle-ci suscite est là pour attester de ce nouveau statut.

Sólstafir a indéniablement quelque chose de profondément atypique, des sonorités puissantes et aériennes, entre les genres et les époques, qui ne peuvent laisser indifférente une oreille un tant soit peu curieuse. Et surtout Sólstafir avait ce sens de la composition toujours en marche, imprévisible, quasiment irrésistible - nous n'évoquerons même pas là l'expérience live. Une chose pareille ne se décrète pas, c'est impossible. Sólstafir est un groupe de talent, un vrai, donc lorsque le quatuor revient nous déposer sobrement Svartir Sandar sur un coin de la platine l'appréhension gagne inévitablement pour la simple raison que Sólstafir est déjà monté très haut. Mais si nous nous intéressons de nouveau au groupe de Reikjavik aujourd'hui ce n'est pas en espérant le voir tomber, non. Car la confiance prévaut évidemment.

Coté chiffres, Svartir Sandar affiche d'emblée une heure vingt au garrot. Sacré bestiau. Record battu, même, pour les Islandais qui s'offrent leur premier double album (ou 2xLP selon vos inclinaisons fétichistes) à l'occasion de cette sortie. Trois titres au delà des dix minutes répartis de parts et d'autre des deux galettes, une légère tendance à la baisse pour ce qui concerne le reste des compos: inutile d'aller chercher très loin les premiers signes rassurants. Sans en faire des tonnes Sólstafir semble bien avoir fait le choix de poursuivre sur sa lancée tout en révisant quelque peu son plan de bataille. Il ne faudra pourtant surtout pas se laisser tromper puisque derrière ses apparences familières et des premiers instants rassurants Svartir Sandar est une nouvelle fois un album différent.

Dès "Ljós Í Stormi", Svartir Sandar se dévoile comme l'album du retour à des sonorités plus naturelles, glacées mais chaleureuses, presque plus authentiques pourait on dire, et en tout cas plus fidèles à ce que les islandais parviennent à transmettre sur scène. Un élément, déjà, frappe l'esprit, accroche l'oreille: sans se départir de sa finesse de composition ni faire mentir son talent incomparable pour les envolées épico-mélodiques, Sólstafir semble sciemment jouer avec le frein, retenant de justesse son Rock extraverti à chaque démarrage, revirant sans cesse de bord devant le gouffre pour le confiner à une expansion sinueuse et envahissante. Le procédé est connu, la suite des évènements devrait amener la libération tant attendue. Devrait.
Car "Fjara" refuse jusqu'au bout d'être le tube réfrigéré espéré. Pire, il entretient ce premier constat inconfortable, convoquant feeling pop et cœurs féminins à la fête et, lorsque le galopant "Þín Orð" relâche l'étreinte, près de 20 minutes se sont déjà écoulées. Une petite éternité étrangement envoutante sur la quarantaine de tours de montre offerts par un premier disque qui, à la réflexion, présente Sólstafir sous un autre jour. Pleinement maitre de son univers et des ses influences, sombre et subtil, puissant et délicat ("Æra").La musique est dense, touffue même; les courants se croisent, se mellent, le Prog' se liquéfie dans le Gothic Rock, la Pop se confronte à l'esthétique Darkwave, le Post-Rock grapille ici et là quelques incursions. Et ce chant pourtant toujours présent et si singulier se fait, lui, oublier au profit d'immenses pages instrumentales dont il n'émerge que par intermitence. A mi-parcours Svartir Sandar se veut déjà plus rempli et plus inventif bien que moins référencé que l'autre petit évènement de l'année en matière de Rock expansif (Opeth et son presque trop bien nommé Heritage). Mais ne saurait s'arrêter là car, au final, ne boxe pas dans la même catégorie. Ne boxe dans la catégorie de personne ou presque. On penserait bien à Amplifier pour les prétentions et la liberté de forme mais un fossé sépare finalement les deux formations.

Quelque peu inqualifiable car trop atypique ce frisson créatif qui parcoure Svartir Sandar se voit bientôt transformé en véritable tempête sur la seconde moitié de cette nouvelle épopée de Sólstafir. Planqué, intermittent, tout en faux semblants en faces A et B, le quatuor islandais laisse ni plus ni moins exploser la bulle de mystère entourant le premier disque avant de s'y laisser enfermer. "Melrakkablús" et ses cuivres flamboyants en ouverture, puis un triptyque - magistral: "Draumfari"/"Stinningskaldi"/"Stormfari". Neuf minutes de Prog enfiévré (qui succèdent à  onze autres) passionné, de sonorités 80's bouillonnantes et sublimées (cette section rythmique sur "Stormfari"!) submergées d'improbables vagues émotionnelles comme prolongées à l'infini par deux ultimes titres de Rock glacé, mélancolique, grandiloquent, musclé et épique à souhait ("Svartir Sandar", l'étrangement Led Zeppelinien "Djákninn"). Sólstafir s'affiche enfin dans toute sa vérité la plus crue, la plus débridée et imbittable. Et du haut de ses prétentions hors norme laisse son auditeur nu comme un ver, paumé entre incompréhension hébétée et enthousiasme forcené. Saisissant.

La moindre compo de Svartir Sandar permetterait d'emplir des pages entières au risque de transformer un article déjà à rallonge en manifeste indigeste. Soit l'exact contraire de ce qu'est réellement Svartir Sandar, disque richissime mais charmeur en diable qui s'adresse au coeur avant de parler longuement à la tête. En 2011, Sólstafir est toujours aussi islandais que par le passé. Ne serait-ce qu'en raison de textes à nouveau entièrement écrits dans leur langue mais aussi parce que comme pour nombre de leurs compatriotes nous semblons devoir rester impuissants à comprendre d'où ils sortent ces albums à tiroirs multiples et au son improbable, pas plus que nous ne savons tout à fait ce qui peut faire tenir cet alliage musical de bric et de broc qui, envers et contre tout, se révèle être d'une classe admirable. Sólstafir continue donc de progresser à mi-chemin entre génie artistique et hérésie musicale, insaisissable, au moment même où le père spirituel s'apprête à clore un chapitre en apothéose (DVD live en Mars 2012 et promesses d'une nouvelle orientation musicale). De là à y voir un passage de flambeau il n'y a qu'un pas que nous vous laisserons franchir. Car dans l'intervalle et au delà des symboles, la musique des islandais triomphe et brille de ses propres feux.

17

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17.19
Avis 24
is93000 May 17, 2017 12:30
excellent, les 2 premiers titres sont sans conteste fabuleux. Un groupe atypique !
18 / 20
Radioshack June 5, 2014 13:57
Du même acabit que Köld, la texture metale se perd pour laisser place à un post-rock enveloppé d'ambient, rassurez-vous, le metal atmosphérique reste en première ligne sur ce Svartir Sandar d'une grande qualité.



On est vraiment à la fois bercer et secouer par ses morceaux empreint d'une magie que seuls ces Islandais savent mélanger. Svartir Sandar nous transcende via des titres comme Ljós í Stormi, Æra, Stormfari, Djákinn ou encore avec le plus beau morceau que le groupe ai pu délivrer: Fjara.



Rien que pour ce dernier morceau il est impératif de jeter une oreille sur cette double galette spectaculaire, et la surprise sera au rendez-vous.
16 / 20
jaymz88 April 17, 2013 12:24
J'avais acheté cet album un peu par hasard avant leur venu au Hellfest, j'ai pas regretté. Trés bon disque, trés bon groupe...
17 / 20
Werewolf December 26, 2012 23:03
Malgré un côté prog' plus poussé qui peut rebuter un peu, les islandais sont arrivés à créer une pièce mélangeant beaucoup de genres, très rafraîchissant, original, j'approuve !
17 / 20
burning frost October 7, 2012 12:43
Autant j'apprécie cette nouvelle direction, autant je trouve que certain morceaux sont "vides". Le côté progressif épique est délaissé pour des ambiances plus épurées, et des fois, un peu pâles.
15 / 20
pyromania March 3, 2012 17:08
Assurément leur meilleur album à ce jour, une énorme confirmation de leur talent.
17 / 20
veurb February 18, 2012 13:55
Salut,ENORME surprise en découvrant cet album, l'envie de les voir sur scène très vite (8 avril 12 au Averne Metal Fest) rendez-vous là bas...
17 / 20
Bandalf-le-Gland January 24, 2012 10:54
Tout a été dit dans la chro ou les commentaires emballés précédents. Perso, je ne connaissais pas ce groupe, je l'ai découvert grâce à Metalorgie. Une écoute, une énorme claque qui m'a littéralement défoncé la mouille et depuis j'en redemande...



J'avais commencé 2011 avec Amplifier, je commence 2012 avec Solstafir. Comme quoi, y'a quand même du bon sur cette foutue planète! ^^
20 / 20
damien-pontus January 9, 2012 14:04
Musicalement c'est bien foutu, aucun doute là-dessus...

... mais j'ai beaucoup de mal avec le chant que je trouve irritant et qui va même jusqu'à desservir certains morceaux.

Peut-être qu'il me faut encore des écoutes..
12 / 20
mindfleck January 9, 2012 13:30
100% d'accord avec vous !

On ne comprend pas bien ce qui nous arrive en écoutant ce disque tellement atypique...

Que d'idées géniales dans la compo (les choeurs féminins de fjara, le calme planant de kukl, les cuivres de melrakkablús...) en plus de ce rock jouissif et de ce chant tellement surprenant.

A acheter d'urgence chez Season of Mist de préférence ! (Le pack avec le bac à glaçons et les verres à shots est encore une idée vraiment farfelue mais néanmoins excellente...)
17 / 20
Anti-TaAkeslottet January 6, 2012 15:00
l'album sans frontière sans limite sans étiquette ... en partant d'une base très Carl McCoyenne les islandais arrivent à créer un style empli de personnalité, qui font de Svartir Sandar sans nul doute l'album le plus riche de cette année 2011.
19 / 20
Bacteries January 5, 2012 20:26
Une perle!

Vraiment l'album qui arrive à associer plein de courants pour un petit bijou à la fois mélancolique / prenant / explosif / ... Double album et de quoi s'émerveiller pendant longtemps. Pour amateur de bonne musique, metal ou pas (de toute façon le groupe ne l'est plus).
17 / 20
älva January 5, 2012 10:30
Mon album de l'année, même si je suis encore loin d'avoir tout compris. Bien moins accrocheur que Köld ou même Masterpiece Of Bitterness mais rien à faire, j'y reviens toujours.
16 / 20
Sugarbread October 22, 2011 19:44
... Indescriptible ... j'ai pas pris une claque j'ai pris un gros kick en pleine gueule ... Je m'attendais à tout de la part des Islandais mais pas un "truc" pareil ... Un savoureux mélange de progressive post stoner metal carrément improbable oO. Peut être que ma note bougera un peu avec le temps j'en sais rien mais pour l'heure j'en redemande ! Après un Kold que je trouve dans l'ensemble décevant Solstafir tape d'un grand coup de masse sur la table ! Un album qui ne se livre pas à la première écoute comme je les aime.
19 / 20