Comment en arrive-t-on à arborer des T-shirts Kiss et à jouer du Rock alors que quinze ans plus tôt on hurlait dans les Fjords comme des vikings? Cette question résume à elle seule ce que peut être Sólstafir mais n’attend en fin de compte pas forcément de réponse.
Entité hybride, le groupe a donc énormément changé depuis ses débuts et cache aujourd’hui derrière une attitude un brin décalée une musique élégante, ambitieuse et soutenue par un réel talent. On entend trop peu parler de ces islandais - je vois déjà certains amateurs de belles choses saliver - mais Köld pourrait bien réparer cette injustice.
Au fil des années Sólstafir n'a cessé d’expérimenter, d’aérer sa musique de d’évaporer les mélodies au profit d’ambiances matinées d’une lumière doucement mélancolique. Nous voici face au résultat final: plus aisé que l’ambitieux Masterpiece Of Biterness et son Metal hyperbolique (1h10 dont un titre de vingt minutes en ouverture), Köld est le "rock épique". Sous-jacent, son psychédélisme froid marque immédiatement les distances des islandais avec nombre de formations qu’un coup d’œil trop rapide à leur histoire et à l’étiquette qui leur est accolée peut évoquer. Oubliez Enslaved et ses rejetons, oubliez Virus, oubliez Solefald et Fen... Sólstafir n’a rien et tout à voir avec eux.
Tout, parce que si ces noms vous disent quelque chose, il vous est tout de même fortement recommandé d’aller tout de même jeter une oreille attentive à Sólstafir à cause de cette approche bien particulière, marquée par de vieilles racines Black.
Rien parce sous un format de Metal Progressif, Sólstafir se veut bien moins abrupt et laisse transpirer une vraie science du tube Rock avec un grand "R".
Orgue hamond (sur Köld), chant triste tantôt scandé, tantôt mélodique incitant à l’évasion, riffs vaporeux (Pale rider, Goddess of the ages) et ambiances grandioses font passer des titres quasiment tous perchés au delà des huit minutes pour des ballades qu’ils ne sont pas (La très rock She destroys again). Quelques rares rythmiques rappelleront le lointain passé de Sólstafir mais c’est comme si le groupe avait depuis fait une overdose de Goth au point de se retrouver aujourd’hui au point d’équilibre entre les deux genres. Pas vraiment Postquelquechose (World void of souls), plutôt rock et Metal ; progressif, aérien et débarrassé du Black voici ce qu’est devenu Sólstafir. Le quatuor a pris de la hauteur, s’est plus que jamais assagi mais est très loin d’être inoffensif. Sans chercher à agresser, Köld vous envahit au fil des écoutes et vous remue en douceur, sur la durée. Un disque unique et de grande classe.
Au sortir de Köld, nous n’en savons toujours pas d’avantage sur ce que peut bien avoir l’Islande pour nous avoir transformé Sólstafir en un autre de ces groupes dont l’ile a le secret. Mais nous avons appris au moins une chose : cet album est bon, très bon et confirme haut la main le niveau affiché par son prédécesseur. Il va falloir compter avec au moment de faire les bilans car il n’est désormais plus envisageable d’encore oublier les quatre rockeurs venus du froid.
Excellent album, le style se dessine clairement sur Kold.
Fabuleux !