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Biographie

Solstafir

Formé en 1994, Solstafir donne dans un premier temps dans le Black Metal avant de virer vers le son qui caractérise aujourd'hui le groupe. Les Islandais, stabilisés dans leur évolution depuis deux albums jouent désormais un Rock / Metal étiré en longueur, planant et froid fortement marqué par l'influence de Fields Of The NephilimKöld sort début 2009 et Solstafir enchaine les prestigieux festivals comme le Roskilde Festival, le Wacken Open Air, puis part deux fois en tournée européenne, en 2009 et 2010. Le quatrième album du groupe, intitulé Svartir Sandar sort chez Season of Mist en octobre 2011. Une fois encore, l'album est bien accueilli. Le titre Fjara se classe même en première position des ventes islandaises. Solstafir est de retour en 2014 avec l’album Ótta qui lui aussi rencontre un franc succés. Malgré cela en juin 2015, le batteur Guðmundur Óli Pálmason annonce son éviction du groupe suite à des conflits internes.

17 / 20
17 commentaires (15/20).
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Berdreyminn ( 2017 )

Qu'il est loin le temps où Sólstafir jouait du Black Metal, tellement loin que probablement certains d'entre vous ne s'en souviennent plus. Pour être francs, nous ne vous en tiendrons pas rigueur, à quoi bon puisque depuis plus de 10 ans les Islandais nous régalent d'un Rock tantôt à l'accent Gothique, tantôt à l'accent épic. Berdreyminn, leur nouvel opus prouvera-t-il le contraire ? Et si Sólstafir avait perdu sa capacité à nous surprendre, pire à nous émouvoir ? 

La réponse aux deux questions est non, et on a presque envie de rajouter "évidement". Berdreyminn c'est à nouveau du Rock à la sauce islandaise, des émotions, de la mélancolie, de la tristesse, mais aussi une bonne dose de résilience. Tout cela se répartit sur 8 titres pour quasiment une heure de musique durant laquelle Sólstafir va régaler les auditeurs en proposant des morceaux aux rythmiques parfois soutenues comme sur les sublimes Blafjall et Silfur-Refur ou avec des rythmes plus éthérées sur Hula et Dyrafjordur (qui a un air de Pink Floyd). L'art du contre-pied est quasi permanent sur Berdreyminn, on ne sait jamais à quoi s'attendre puisque les Islandais multiplient les crescendos et les changements de cadences. D'un départ tout en douceur plein d'échos, au fil des minutes le ton se durcira, le tempo s'accéléra, le palpitant également, Naros vous bouleverse par sa beauté et la force qu'il dégage. Très certainement l'une des pierres angulaires de Berdreyminn, il est impossible de passer à côté de chef d'oeuvre, tout comme il serait criminel de ne pas mentionner Hvit Saeng qui transpire le tube Rock. Des guitares vives, une batterie qui frappe sèchement, une basse ronflante, ses 7 minutes et le manque de soutien des "grands médias" sont les seules excusent pour qu'il ne tourne pas en boucle sur les radios. A moins que ce ne soit à cause de la langue ? Ou alors on s'enflamme un peu, mais ce titre est si beau. La langue, tiens, parlons-en. Comme depuis assez longtemps c'est dans leur langue natale que les Islandais s'expriment et ça le fait grave, le timbre de voix d'Aðalbjörn Tryggvason est à la fois unique et déroutant. Qu'il chochotte ou qu'il hurle, son chant vous hypnotise, on ne comprend rien mais est-ce grave, finalement ? Cet homme est un vrai magicien, il s'adresse à vous dans une langue totalement inconnue et pourtant il vous touche même lorsqu'il crie sa peine. 

Une fois de plus Sólstafir nous offre un album dont eux seuls ont le secret, savant mélange de Rock d'antan et actuel, d'atmosphères froides, mais à la beauté indéniable. Berdreyminn est déjà un classique, un disque que même le temps n'altérera pas. 

A écouter : En boucle
17 / 20
24 commentaires (17.44/20).
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Ótta ( 2014 )

Décidément la capacité de Sólstafir à se renouveler n’a d’égale que celle de nous surprendre. Trois ans après le merveilleux Svartir Sandar, les Islandais parviennent une nouvelle fois à offrir un album majestueux avec Ótta et démontrent s’il le fallait que leur créativité est inépuisable. Svartir Sandar avait mis une telle claque que l’on en arrivait à penser que Sólstafir avait tout dit, que le reste de sa discographie serait toujours comparée à ce chef d’œuvre, c’était un peu prématuré. 

Sans remettre en question le statut de Svartir Sandar, il faut avouer que Ótta possède lui aussi des éléments qui lui permettront d’accéder à la postérité pour être cité en référence lorsque le nom de Sólstafir sera évoqué. Ce qui est formidable à son écoute, c’est de sentir que Ótta s’inscrit certes dans la suite logique de son prédécesseur, mais qu’il est en même temps différent. Sólstafir joue désormais sur un terrain l’emmenant sur des rythmes plus lents, aux ambiances éthérées et lancinantes qui parfois se muent pour s’exprimer par un Rock’n’Roll à l’allure Gothique. La mesure est dorénavant donnée par quelques notes de piano (Lágnætti, Ótta) qui nous drapent dans une mélancolie douce et légère, propice à l’introspection et à la solitude. Quand le rythme s’accélère (Dagmál), là encore tout se fait en douceur, la musique de Sólstafir ne frappe pas, elle caresse un auditeur en plein voyage. À l’image de son artwork, Ótta fait preuve de sobriété, de simplicité dans son approche, il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes quand on maîtrise son sujet, il « suffit » d’imposer son charisme. Une chose bien peu évidente pour certains, mais pas pour Sólstafir qui éblouit littéralement de sa classe naturelle. Au fil des 60 minutes proposées le ton se durcira un peu, comme sur Miðdegi ou Nón, sans conteste le titre le plus Rock de l’album, la base rythmique est nettement plus soutenue avec des guitares abrasives, et des vocaux qui retrouvent un brin de folie. Sans être totalement un retour à Köld, on ne peut s’empêcher d’y penser. Nón est une sorte de tempête au milieu d’un immense océan de sérénité. 

Une nouvelle fois Sólstafir fait le pari d’utiliser l’islandais pour s'exprimer. Un choix à priori un peu fou mais qui pourtant s’avère gagnant. Si effectivement on ne comprend strictement rien aux paroles, la magie opère tout de même et une vague de sentiments nous submerge. Il émane quelque chose de sensuel, voire d’érotique dans les vocaux d’Aðalbjörn Tryggvason, sa voix suave hypnotise totalement, elle sublime une musique profonde qui prendra une tournure légèrement psyché sur Náttmál pour conclure Ótta

Les multiples (et radicaux) changements de styles de Sólstafir auraient pu désarçonner plus d’un fan et faire tomber le groupe dans l’oubli. Force est de constater qu’il n’en est rien, bien au contraire, le public des Islandais est plus nombreux à chaque album. N’obéissant qu’a leur instinct et leur créativité, Ótta envoie une sorte de message codé disant : « nous avons combiné toutes nos idées, toutes nos influences, avons mixé le tout et ouvert une nouvelle porte pour Sólstafir, lorsqu’elle se refermera, et bien nous en ouvrirons une autre ».

A écouter : En boucle
17 / 20
24 commentaires (16.44/20).
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Svartir Sandar ( 2011 )

Ecrivez le, chantez-le, hurlez-le!: Les renégats romantiques venus du froid sont de retour. En 2011 les islandais ont trouvé leur style après des années de tests, et, mieux encore, un public pour y adhérer. Il n'y a rien à redire à ça: ce groupe le mérite, tout simplement. La sortie d'un nouvel album aussi rapidement à de quoi surprendre au regard des deux monuments de l'étrange l'ayant précédé mais l'attente (réelle mais encore discrète) que celle-ci suscite est là pour attester de ce nouveau statut.

Sólstafir a indéniablement quelque chose de profondément atypique, des sonorités puissantes et aériennes, entre les genres et les époques, qui ne peuvent laisser indifférente une oreille un tant soit peu curieuse. Et surtout Sólstafir avait ce sens de la composition toujours en marche, imprévisible, quasiment irrésistible - nous n'évoquerons même pas là l'expérience live. Une chose pareille ne se décrète pas, c'est impossible. Sólstafir est un groupe de talent, un vrai, donc lorsque le quatuor revient nous déposer sobrement Svartir Sandar sur un coin de la platine l'appréhension gagne inévitablement pour la simple raison que Sólstafir est déjà monté très haut. Mais si nous nous intéressons de nouveau au groupe de Reikjavik aujourd'hui ce n'est pas en espérant le voir tomber, non. Car la confiance prévaut évidemment.

Coté chiffres, Svartir Sandar affiche d'emblée une heure vingt au garrot. Sacré bestiau. Record battu, même, pour les Islandais qui s'offrent leur premier double album (ou 2xLP selon vos inclinaisons fétichistes) à l'occasion de cette sortie. Trois titres au delà des dix minutes répartis de parts et d'autre des deux galettes, une légère tendance à la baisse pour ce qui concerne le reste des compos: inutile d'aller chercher très loin les premiers signes rassurants. Sans en faire des tonnes Sólstafir semble bien avoir fait le choix de poursuivre sur sa lancée tout en révisant quelque peu son plan de bataille. Il ne faudra pourtant surtout pas se laisser tromper puisque derrière ses apparences familières et des premiers instants rassurants Svartir Sandar est une nouvelle fois un album différent.

Dès "Ljós Í Stormi", Svartir Sandar se dévoile comme l'album du retour à des sonorités plus naturelles, glacées mais chaleureuses, presque plus authentiques pourait on dire, et en tout cas plus fidèles à ce que les islandais parviennent à transmettre sur scène. Un élément, déjà, frappe l'esprit, accroche l'oreille: sans se départir de sa finesse de composition ni faire mentir son talent incomparable pour les envolées épico-mélodiques, Sólstafir semble sciemment jouer avec le frein, retenant de justesse son Rock extraverti à chaque démarrage, revirant sans cesse de bord devant le gouffre pour le confiner à une expansion sinueuse et envahissante. Le procédé est connu, la suite des évènements devrait amener la libération tant attendue. Devrait.
Car "Fjara" refuse jusqu'au bout d'être le tube réfrigéré espéré. Pire, il entretient ce premier constat inconfortable, convoquant feeling pop et cœurs féminins à la fête et, lorsque le galopant "Þín Orð" relâche l'étreinte, près de 20 minutes se sont déjà écoulées. Une petite éternité étrangement envoutante sur la quarantaine de tours de montre offerts par un premier disque qui, à la réflexion, présente Sólstafir sous un autre jour. Pleinement maitre de son univers et des ses influences, sombre et subtil, puissant et délicat ("Æra").La musique est dense, touffue même; les courants se croisent, se mellent, le Prog' se liquéfie dans le Gothic Rock, la Pop se confronte à l'esthétique Darkwave, le Post-Rock grapille ici et là quelques incursions. Et ce chant pourtant toujours présent et si singulier se fait, lui, oublier au profit d'immenses pages instrumentales dont il n'émerge que par intermitence. A mi-parcours Svartir Sandar se veut déjà plus rempli et plus inventif bien que moins référencé que l'autre petit évènement de l'année en matière de Rock expansif (Opeth et son presque trop bien nommé Heritage). Mais ne saurait s'arrêter là car, au final, ne boxe pas dans la même catégorie. Ne boxe dans la catégorie de personne ou presque. On penserait bien à Amplifier pour les prétentions et la liberté de forme mais un fossé sépare finalement les deux formations.

Quelque peu inqualifiable car trop atypique ce frisson créatif qui parcoure Svartir Sandar se voit bientôt transformé en véritable tempête sur la seconde moitié de cette nouvelle épopée de Sólstafir. Planqué, intermittent, tout en faux semblants en faces A et B, le quatuor islandais laisse ni plus ni moins exploser la bulle de mystère entourant le premier disque avant de s'y laisser enfermer. "Melrakkablús" et ses cuivres flamboyants en ouverture, puis un triptyque - magistral: "Draumfari"/"Stinningskaldi"/"Stormfari". Neuf minutes de Prog enfiévré (qui succèdent à  onze autres) passionné, de sonorités 80's bouillonnantes et sublimées (cette section rythmique sur "Stormfari"!) submergées d'improbables vagues émotionnelles comme prolongées à l'infini par deux ultimes titres de Rock glacé, mélancolique, grandiloquent, musclé et épique à souhait ("Svartir Sandar", l'étrangement Led Zeppelinien "Djákninn"). Sólstafir s'affiche enfin dans toute sa vérité la plus crue, la plus débridée et imbittable. Et du haut de ses prétentions hors norme laisse son auditeur nu comme un ver, paumé entre incompréhension hébétée et enthousiasme forcené. Saisissant.

La moindre compo de Svartir Sandar permetterait d'emplir des pages entières au risque de transformer un article déjà à rallonge en manifeste indigeste. Soit l'exact contraire de ce qu'est réellement Svartir Sandar, disque richissime mais charmeur en diable qui s'adresse au coeur avant de parler longuement à la tête. En 2011, Sólstafir est toujours aussi islandais que par le passé. Ne serait-ce qu'en raison de textes à nouveau entièrement écrits dans leur langue mais aussi parce que comme pour nombre de leurs compatriotes nous semblons devoir rester impuissants à comprendre d'où ils sortent ces albums à tiroirs multiples et au son improbable, pas plus que nous ne savons tout à fait ce qui peut faire tenir cet alliage musical de bric et de broc qui, envers et contre tout, se révèle être d'une classe admirable. Sólstafir continue donc de progresser à mi-chemin entre génie artistique et hérésie musicale, insaisissable, au moment même où le père spirituel s'apprête à clore un chapitre en apothéose (DVD live en Mars 2012 et promesses d'une nouvelle orientation musicale). De là à y voir un passage de flambeau il n'y a qu'un pas que nous vous laisserons franchir. Car dans l'intervalle et au delà des symboles, la musique des islandais triomphe et brille de ses propres feux.

A écouter : Comme le (très) grand album qu'il est.
16.5 / 20
9 commentaires (15.06/20).
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Köld ( 2009 )

Comment en arrive-t-on à arborer des T-shirts Kiss et à jouer du Rock alors que quinze ans plus tôt on hurlait dans les Fjords comme des vikings? Cette question résume à elle seule ce que peut être Sólstafir mais n’attend en fin de compte pas forcément de réponse.

Entité hybride, le groupe a donc énormément changé depuis ses débuts et cache aujourd’hui derrière une attitude un brin décalée une musique élégante, ambitieuse et soutenue par un réel talent. On entend trop peu parler de ces islandais - je vois déjà certains amateurs de belles choses saliver -  mais Köld pourrait bien réparer cette injustice.
Au fil des années Sólstafir n'a cessé d’expérimenter, d’aérer sa musique de d’évaporer les mélodies au profit d’ambiances matinées d’une lumière doucement mélancolique. Nous voici face au résultat final: plus aisé que l’ambitieux Masterpiece Of Biterness et son Metal hyperbolique (1h10 dont un titre de vingt minutes en ouverture), Köld est le "rock épique". Sous-jacent, son psychédélisme froid marque immédiatement les distances des islandais avec nombre de formations qu’un coup d’œil trop rapide à leur histoire et à l’étiquette qui leur est accolée peut évoquer. Oubliez Enslaved et ses rejetons, oubliez Virus, oubliez Solefald et Fen... Sólstafir n’a rien et tout à voir avec eux.
Tout, parce que si ces noms vous disent quelque chose, il vous est tout de même fortement recommandé d’aller tout de même jeter une oreille attentive à Sólstafir à cause de cette approche bien particulière, marquée par de vieilles racines Black.
Rien parce sous un format de Metal Progressif, Sólstafir se veut bien moins abrupt et laisse transpirer une vraie science du tube Rock avec un grand "R".

Orgue hamond (sur Köld), chant triste tantôt scandé, tantôt mélodique incitant à l’évasion, riffs vaporeux (Pale rider, Goddess of the ages) et  ambiances grandioses font passer des titres quasiment tous perchés au delà des huit minutes pour des ballades qu’ils ne sont pas (La très rock She destroys again). Quelques rares rythmiques rappelleront le lointain passé de Sólstafir mais c’est comme si le groupe avait depuis fait une overdose de Goth au point de se retrouver aujourd’hui au point d’équilibre entre les deux genres. Pas vraiment Postquelquechose (World void of souls), plutôt rock et Metal ; progressif, aérien et débarrassé du Black voici ce qu’est devenu Sólstafir. Le quatuor a pris de la hauteur, s’est plus que jamais assagi mais est très loin d’être inoffensif. Sans chercher à agresser, Köld vous envahit au fil des écoutes et vous remue en douceur, sur la durée. Un disque unique et de grande classe.

Au sortir de Köld, nous n’en savons toujours pas d’avantage sur ce que peut bien avoir l’Islande pour nous avoir transformé Sólstafir en un autre de ces groupes dont l’ile a le secret. Mais nous avons appris au moins une chose : cet album est bon, très bon et confirme haut la main le niveau affiché par son prédécesseur. Il va falloir compter avec au moment de faire les bilans car il n’est désormais plus envisageable d’encore oublier les quatre rockeurs venus du froid.

A écouter : Parce qu'il n'y a pas que le dernier Mastodon dans la vie.