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Biographie

Soldat Hans

Après avoir commencé sa carrière comme groupe noise instrumental jouant exclusivement des sets improvisés, Soldat Hans, sextet de Winterthur (Suisse) entame un tournant important en 2014 avec la composition puis la parution de son premier Lp, Dress Rehearsal, annoncé comme un voyage aventureux croisant divers genres musicaux: doom, post-rock, drone ou dark-jazz. Leur deuxième album, es taut, est sorti fin mars 2018 chez Wolves and Vibrancy Records.

Chronique

16.5 / 20
2 commentaires (16.75/20).

es taut ( 2018 )

Il parait bien compliqué de trouver de nos jours un groupe, un projet musical, qui ne travaille pas sous influence. Ce n'est pas le sextet suisse Soldat Hans qui va infléchir cette implacable fatalité : avec la sortie de son deuxième album, intitulé  es taut , le groupe nous rejoue la fable de « l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours », convoquant en effet, comme il l'avait d'ailleurs déjà remarquablement réalisé avec son premier opus, Dress Rehearsal en 2014, des références évidentes au Dowsing anemone with copper tongue de Kayo Dot (en plus down tempo), au post hardcore de Amenra (pour les vocaux hurlés) et, d'une manière plus large, à un proto-post rock Floydien qui aurait été revisité par David Sylvian juste après la séparation de Japan. Mais Soldat Hans sublime ces influences avec une telle personnalité que... mais, attendez... vous avez bien lu ? « L'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours » ?! Non mais, quelle expression à la con ! Comment peut-on écrire ça?
D'abord, cette proposition est d'une misogynie... Insupportable. Pourquoi ce ne serait pas une femme qui a vu l'homme qui a vu l'ours ? Ou mieux, une femme qui a vu une femme qui a vu l'ours ! Ou à la limite un homme qui a vu une femme qui a vu l'ours. Si ça se trouve, la femme, en plein running du dimanche matin – bon, il faut que ça se passe dans les Pyrénées et c'est vraiment un très long running – tombe nez-à-nez avec un ours qui lui barre le passage. Elle tente la manière douce et lui envoie quelques injonctions en slovène (bein oui c'est un ours de la première génération et, oui, madame parle le slovène) ; mais l'ours n'obtempère pas et se dresse sur ses deux pattes arrières. Ah Ah ! La femme n'a que trop longtemps trottiné sur place pour ne pas perdre son rythme de course : clé de bras, high kick dans la nuque (ou l'inverse), l'ours s'écroule et elle peut tranquillement continuer sa ballade matinale. Et si ça se trouve, elle n'aurait jamais rien dit de cette aventure dominicale si son mari, à genoux devant la machine à laver le linge, ne lui avait lancé : « Chérie, c'est quoi cette boule de poils accrochée à ton survet Under Armour ? » Ce à quoi elle aurait tout aussi bien pu feindre et répondre : « Oui, c'est cela chéri... tu veux un smoothie betterave, navet, épinard, pamplemousse et épicéa ? »
Ou pas. Si ça se trouve son mari est un homme rétrograde, d'une époque révolue, et il ne s'occupe jamais du linge sale... Et si ça se trouve, la femme n'a pas vu l'ours ; parce que l'ours a eu les jetons en la voyant arriver. Alors il s'est mis debout, a rentré son ventre et s'est planqué derrière un tronc d'arbre (un chêne ou un platane... enfin un tronc balèze) mais la femme est passée tellement vite qu'une touffe de poils du plantigrade est venue se coller à son haut de survêtement. Qui sait ? C'est vraiment une expression débile...
Et puis c'est quoi cette manie de toujours considérer l'histoire du point de vue des « vainqueurs » ? Si ça se trouve, l'expression la plus proche de la réalité devrait être : « l'ours qui a vu l'ours qui a vu la femme. » Hé hé... On n'est pas sorti de l'auberge. Parce que, finalement, l'ours, il a bien vu quelque chose. Si ça se trouve, il était là, tranquille, en train de préparer le barbecue du dimanche pendant que son petit lui cassait les burnes pour avoir encore un peu de miel. Alors le père lui aurait répondu de demander à sa mère parce qu'il était occupé. « Mais papa, tu sais bien que maman est partie faire son running, on est dimanche matin ! » Si ça se trouve, papa ours aurait décidé de partir à la recherche de maman ours et son petit lui aurait dit : « Attention papa, il y a beaucoup d'humains le dimanche matin dans les montagnes ! » Mais le père était un malin : « Pas grave, je vais me déguiser en Jean Lassalle ! » « Mais enfin, papa, ça ne sert à rien de te déguiser en Jean Lassalle, tu es déjà un ours... » « Ah oui, c'est vrai, tu as raison mon enfant. » Et le père serait parti, aurait croisé la femme en train de faire son running, aurait oublié de la bouffer et serait revenu sans avoir trouvé maman ours mais avec une belle histoire à raconter au coin du barbecue : « tu ne sais pas ce que j'ai vu tout à l'heure ? » « Non » « Une humaine qui courait... » Le petit lui aurait répondu qu'il ne le croyait pas mais aurait narré la truculente anecdote à ses amis du cours d’œnologie du lundi soir. Ou pas.
Bref, si ça se trouve, il y a vraiment des expressions que l'on ferait mieux de ne pas utiliser.

Ah oui, es taut, le dernier né de Soldat Hans, est une merveille. Trois titres d'une beauté grave, qui confinent au sublime. Les suisses tentent une réinterprétation post-rock de Pink Floyd à travers les grilles de lecture de Kayo Dot, Godspeed You ! Black Emperor ou Oathbreaker ? Qu'importe, cela fait bien longtemps qu'ils en ont transcendé la magie. Il faudra désormais compter avec Soldat Hans. Et ça, vous pouvez le dire à vos amis. C'est un fait.

Colossal

Soldat Hans

Style : Down tempo, doom, post-rock
Origine : Suisse
Site Officiel : https://soldathans.org
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