Sofy Major

Noise / Post Hardcore

France

Split avec Membrane

2011
Type : Split
Tracklist
Sofy Major
01. Ruin It All
02. Doomsayer&Friends
03. Some more Pills
04. Once Was A Warrior (Fan My Flame And I'll Still Be One)

Membrane :
01. Gruesome Tale
02. Small Fires
03. Lifeless Down On The Floor

Chronique

par Senti

"Ruin It All". Nous voilà prévenus dès l'entame. Sofy Major a encore haussé le ton depuis Permission To Engage. Ce premier morceau m'a immédiatement fait penser à la rencontre du rythme d'early Unsane et de la densité glaireuse de Coalesce, avant que Sofy Major vienne définitivement poser sa griffe sur tout cela. Une griffe toujours à mi chemin entre le noise hardcore et le metal, ici enfumé façon stoner grâce à ce chant clair et spatial qui vient couvrir de brouillard humide tout le reste du morceau. Les deux uppercuts suivants confirment ce nouveau schéma avec toujours ce côté brumeux en filigrane qui peut faire penser au sludgecore de Kylesa avec (encore) moins de compromis. Comme une immense sonde avide qui progresse à travers la roche, tout travaille ici dans la même direction pour atteindre une efficacité maximale. Sans se mettre dans le rouge, les gaziers ont décidé de pousser le volume jusqu'à plus soif. De quoi être littéralement lessivé pour eux à la fin de "Once was a warrior", un dernier titre titanesque et gueulard qui fait intervenir Xavier Theret, la voix du Born Again d'Overmars.  

Il faudra un jour ou l'autre combler ce cruel manque, car mis à part une pauvre review d'un concert de 2008, vous ne trouverez ici aucune ligne sur les 3 excellents disques de Membrane. Pourtant, ces discrets et irascibles vésuliens comptent parmi les calibres les plus affutés lorsqu'on met sur le tapis la noise carnassière et vicelarde.  Depuis leur premier - et superbe - album jusqu'à ce split 12", leur musique n'a cessé un seul instant de chercher la faille, celle où planter un canif en douce revient à casser les molaires sur le bitume brûlant de celui qui s'est englué dans la toile.  Faussement aguicheur de part ses tirants mélodiques, le propos de Membrane est en réalité un condensé de vice distillé au goutte à goutte. De quoi faire imploser les veines à chaque instant. Leur filiation à Unsane est légitime mais Membrane est un chasseur solitaire et nomade, un rôdeur à qui on ne la fait pas et qui possède son propre terrain de jeu, immense et piégeur. Les 3 longs morceaux composés pour l'occasion sont une fois de plus la preuve de leur singulière dévotion au bruit qui terrasse et soumet. Sans en faire des tonnes, Membrane éclabousse les tympans de glaise et de graviers comme personne. Il y a toutefois autre chose que du gros son qui tâche au fond de tout cela car Membrane c'est aussi une amplitude toute particulière dans le son, qui à un instant donné catapulte le tout vers le haut pour couvrir un périmètre d'action bien plus vaste. Les dépressions expulsent de leurs thorax des ralentissements bercées d'une tension permanente - et inversement - avec une classe absolue. Les chants, bruts comme un roc de granit tout juste fendu, flairent tous les bons moments pour accentuer une chute faussement amortie par les réminiscences aériennes de riffs acerbes, finalement complices des coups de butoirs d'une basse rasante et prédatrice. 

15

Le vinyl 12" (doublé d'un CD pour la voiture) accueillant ce split est sorti de la collaboration de 6 labels : Solar Flare, Bigoût, Basement Apes, Prototype, Impure et Ocinatas.

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