Plutôt surprenant d'introduire un album par une reprise de feu-Refused, ces politesses se font traditionnellement en bout de course. Ah !? On me souffle que "Transcending Reality" n'est pas une redite mais une véritable composition de Sna-Fu. Certes, il y a surement pire comme influence mais Tonnerre Binaire semble s'appuyer de tout son long sur une partie des jalons posés par les suédois ; de l'esprit résolument rock'n roll, aux plans de guitare en passant par l'intonation des vocaux et le "Whoooooooo !" du "New Noise" de The Shape Of Punk To Come. Rien que ça.
Ce cruel manque de personnalité est heureusement à demi compensé (et pardonné) par une interprétation énergique. Ca file droit, ça ne dépasse pas un poil du cadre établi, c'est carré et sans entorse aucune au règlement. Un aspect qui devrait, sur les planches, contenter les moins difficiles d'entre nous à la recherche d’un simple éclair fulgurant et éphémère. Pour les autres, en vaine quête d'au moins un mobil légitime justifiant le mouillage de maillot de Sna-Fu, se tourner vers les "originaux" sera sans doute l'attitude adoptée. Car même en grattant un peu pour dénicher les quelques traces emo hardcore ("Dilligence", "Route '66", "Lights") et les relents Post Rock ("Cinnamon", "And"), on ne trouvera pas grand chose de véritablement identitaire chez Sna-Fu.
Servi par une impulsion électrique et une production aussi rigide que l'interprétation, Tonnerre Binaire fait office d'album efficace et bien propret, vecteur de moments véritablement entrainants (pour peu que l'on supporte les riffs aigus un tantinet kitch et les frasques démonstratives du chanteur). Pour ce qui est d'un intérêt purement musical et de l'originalité de la chose, on patientera jusqu'aux prochaines cartouches du "Grand Désordre Orchestre" comme ils disent.
A écouter : Lights - Dorian - Dilligence