Californie, été ’97, le soleil tape, la troisième vague ska bat son plein, No Doubt est encore dans le triomphe de Tragic Kingdom… un moment opportun pour sortir un album de rock / punk / ska. Ca fait déjà trois ans que Smash Mouth existe, mais le timing est parfait : Interscope dévoile Fush Yu Mang début juillet. Les retombées sont correctes au début, mais la machine s’emballe vertigineusement quand les sonorités pop/surf du single "Walkin’ on the Sun" viennent à la fin de la saison rappeler les bons moments passés pendant les deux mois les plus chauds de l’année. La reprise de War "Why Can’t We Be Friends?" façon ska enjoué enfonce le clou et établit l’opus comme un bestseller de 1997.
Mais au-delà de ces tubes, qu’ont pu trouver les nombreux acheteurs de Fush Yu Mang? De la déception, certainement. Car beaucoup comptaient retrouver l’ambiance relax et chaleureuse, l’esprit ‘feel good’ des deux hits pouvant potentiellement attirer les ados comme les quarantenaires. Or à part le coulant "The Fonz", c’est de la musique moins grand public qu’ils entendront. Toujours aussi entraînante certes, mais bien plus punk et rock. Le grain de Steve Harvell se fait plus graveleux, les rythmes plus tranchés et rapides, les paroles plus grossières et les histoires narrées moins… conformistes.
Un groupe à l’humour omniprésent mais pas toujours adulte, qui tient un refrain (x4) sur la seule phrase 'Fuck it let’s rock, let’s rock, let’s rock…', qui tourne en dérision la mafia sur le succulent "Padrino", qui se targue d’exaspérer la mégère d’à côté sur "Heave-Ho", etc.
Et quand bien même leurs paroles ne seraient que très peu politisées, ils possèdent l’attirante pétulance de ceux qu’on imagine profiter de leur vie au maximum, en allant toujours de l’avant ; ceux qu’on admire curieusement pour leur détachement plutôt que leur engagement. D’un point de vue strictement musical en revanche, derrière son apparente simplicité candide, Smash Mouth cache des influences variées qui ressortent sporadiquement, par petites touches : ska (la plus patente et régulière), surf, jazzy, voire des touches psycho et une paire de couplets rappisants.
Bref, un disque frais, au final assez personnel et bigarré, qu’on ressort volontiers pendant les beaux jours, histoire de se mettre pleinement dans l’ambiance.
A écouter : "Padrino" ; "Heave-ho" ; "Push" ; "Let's Rock"